jeudi 24 mai 2007

Nouvelle manifestation à Moscou

Reportage - Manifestation à Moscou contre la "télévision de Poutine"

LE MONDE du 21.05.07 - MOSCOU CORRESPONDANTE

Des centaines de manifestants ont protesté à Moscou, dimanche 20 mai, contre "les mensonges" et la censure politique dans les médias, à l'appel, entre autres, du parti libéral Iabloko. "A bas la télévision de Poutine", a scandé la foule. "Les mensonges, la vulgarité, l'absence de professionnalisme et, enfin, la censure politique à la télévision nous inquiètent beaucoup. Tout ceci est très dangereux pour notre pays", a déclaré le chef du parti Iabloko, Grigori Iavlinski.

Des médias indépendants ont récemment été rachetés par des proches du Kremlin, tels le quotidien Kommersant ou le site d'information en ligne analytique gazeta.ru, repris par une filiale du groupe énergétique public Gazprom.

Le 18 mai, sept journalistes qui travaillaient pour l'agence d'informations radiophonique Rousskaïa sloujba novosteï ont démissionné. La nomination d'un nouveau rédacteur en chef s'est assortie d'un changement de ligne éditoriale. L'un des démissionnaires, Artiom Khan, a raconté comment la radio avait refusé de diffuser son reportage sur la manifestation de l'opposition du 14 mai à Moscou. "Il n'y a pas eu de manifestation, il n'y aura pas de reportage", lui a-t-on dit.

Il a ensuite réalisé une enquête sur la façon dont un mémorial dédié à des pilotes russes abattus pendant la seconde guerre mondiale avait été enlevé à Khimki, non loin de Moscou, afin d'agrandir la route. Les ossements des pilotes ont été exhumés sans aucun ménagement, mais personne n'en a rien su. Les médias officiels étaient occupés à dénoncer le déplacement, par les autorités estoniennes, d'un monument à la gloire de l'armée soviétique, à Tallin.

"Le nouveau rédacteur en chef a présenté une politique qui me semblait rendre impossible, pour un journaliste, de travailler de manière indépendante", a expliqué M. Khan. Le nouveau responsable de ce service d'informations radiophonique, Alexandre Chkolnik, dément. Il travaillait auparavant pour la première chaîne de la télévision publique, étroitement contrôlée par le Kremlin.

Marie Jégo

Aucun commentaire: