dimanche 30 septembre 2007

Ukraine : pro-russes et pro-occidentaux au coude-à-coude

L’incertitude règne à Kiev au soir de législatives décisives. Les scores des deux camps adverses, celui du premier ministre pro-russe Viktor Ianoukovitch et le «Bloc Timochenko» loyal au président pro-occidental Viktor Iouchtchenko semblent très serrés, selon les premiers sondages.

Qui a remporté les législatives ukrainiennes ? Dimanche soir, c’est encore impossible à déterminer. Un sondage sorti des urnes donne le parti pro-russe de Viktor Ianoukovitch, l’actuel premier ministre, légèrement en tête. Mais deux autres estiment à l’inverse que les «forces orange» loyales au président pro-occidental Viktor Iouchtchenko sont arrivées légèrement en tête avec 45,7% contre 44,9% pour leurs adversaires.
Cette élection est pourtant considérée comme décisive. Le président Iouchtchenko l’a répété dimanche : elle «doit mettre un point final au conflit» qui paralyse l’Ukraine depuis des mois. Le chef de l'Etat a ordonné la dissolution du Parlement et convoqué de nouvelles élections après des conflits incessants avec son rival, le Premier ministre pro-russe Viktor Ianoukovitch, à la tête du gouvernement depuis août 2006.
La mobilisation des ukrainiens a été relativement faible : 43% à 15h00 locales, selon des chiffres partiels de la Commission électorale centrale, soit un niveau comparable à celui des dernières législatives en mars 2006. Un minimum de 50% est nécessaire pour que le scrutin soit valide
Quelle coalition pour l’Ukraine ?
"Confiant", Ianoukovitch se fiait aux derniers sondages parus avant l’élection, qui plaçaient son parti des Régions entre 33 et 37% d’intentions de vote, loin devant les forces "orange", le bloc Ioulia Timochenko (17-23%) et la formation présidentielle Notre Ukraine-Autodéfense populaire (13%). Au vu des premiers sondages sortis des urnes, cet écart s’est resserré.
On s’achemine donc vraisemblablement vers une coalition gouvernementale, qui était attendue, aucune force ne semblant ten mesure d'obtenir seule la majorité des voix.
Ioulia Timochenko, égérie de la Révolution orange, et le président Iouchtchenko, qui avait été porté au pouvoir par ce mouvement pacifique et démocratique fin 2004, se sont déjà engagés à s'associer en cas de victoire de leurs forces.
Reste à savoir si les deux alliés de la «révolution orange», que des conflits et des rivalités personnelles ont séparés, honoreront ce pacte. Plusieurs observateurs n’excluent en effet pas que Iouchtchenko préfère en fin de compte s’allier avec son adversaire pro-russe Ianoukovitch pour barrer la route à Ioulia Timochenko.
Dans tous les cas, un consensus existe entre les trois dirigeants, qui sont d'accord pour intégrer l'Union européenne et ménager les relations avec la Russie, dont l'Ukraine dépend fortement pour son approvisionnement en énergie. Le principal point de discorde est l'adhésion à l'Otan prônée par Viktor Iouchtchenko, et à laquelle s'oppose M. Ianoukovitch.

Kasparov incarnera l’opposition russe dans les urnes

L’ancien champion d’échec sera le candidat du parti d’opposition «L’autre Russie» à la présidentielle.

Avec 379 des 494 voix des délégués de L'Autre Russie, Gary Kasparov s’est largement imposé comme candidat du parti d’opposition à la présidentielle russe de l’année prochaine face aux autre candidats, parmi lesquels l'ex-Premier ministre Mikhaïl Kassianov, l'ancien président de la Banque centrale de Russie Viktor Guerachtchenko, le député indépendant Vladimir Ryjkov, ainsi que Boris Vinogradov, présenté comme un libéral patriote, et Sergueï Gouliaev, ancien élu local de Saint-Pétersbourg qui a créé le mouvement «Peuple».
A peine élu, Gary Kasparov a promis de faire «tout son possible pour que les idées de L'Autre Russie gagnent. Cela marchera si nous restons unis», assure l’ancien champion d’échec, qui plaide pour un pour «une Russie démocratique et juste».
«Je sais que le chemin sera difficile reconnaît Gary Kasparov, qui évoque déjà les «marches du désaccord» à venir - régulièrement réprimées par la police - et des «négociations» avec d'autres responsables de l'opposition. Parmi eux, l'ex-Premier ministre du président Vladimir Poutine Mikhaïl Kassianov, passé depuis dans l'opposition, et qui a fait état à plusieurs reprises de son intention de se présenter à la présidentielle, quel que soit le candidat choisi par les militants de L'Autre Russie.
L'Autre Russie prévoit sa prochaine marche contre le pouvoir, intitulée marche du désaccord, le 7 octobre à Moscou, jour anniversaire de l'assassinat de la journaliste d'opposition Anna Politkovskaïa.
Gary Kasparov a toutefois peu de chances d’arriver à la tête du Kremlin. Selon le dernier sondage du centre d'opinion indépendant Levada, seuls 3% des électeurs se disent prêts à voter pour un candidat de l'opposition libérale.

Le Figaro

Alimentaire, mon cher

On devient ce qu'on mange. Cette maxime populaire vous trotte à l'esprit depuis que vous avez débarqué à Moscou et vous appréhendez de plus en plus votre prochaine transformation en chaourma ou en pirojok, bref en cette nourriture rapide que trouvez dans les kiosques. Vite ! Il est temps de revenir à une alimentation équilibrée, avec les moyens du bord. C'est possible. En tout cas c'est ce que ce message va s'appliquer à vous démontrer.

Premier élément : les glucides. Les Russes, comme la plupart des habitants de la planète, mangent du pain, mais ils ont leur manière à eux de le faire. Je peux vous dire que j'ai déjà flashé sur le pain de Borodino, un pain noir délicieusement parfumé dont le nom efface celui de la bataille de 1812, souvenir cuisant pour nous autres Français. Mentionnons cependant les autres pains, qui pourraient tout aussi bien convenir à vos envies : Danilovski, Rjanski (seigle)...

Mais avec quoi manger ce pain ? S'il y a bien une chose que nous voulons vous épargner, c'est de ressembler les premiers jours à ces expatriés qui errent dans les rayons de supermarchés pourtant richement pourvus, s'arrêtent constamment pour déchiffrer l'étiquette des produits, avant de se rabattre sur un standard international (le nutella), malgré qu'il soit plus cher ici. Ca peut être bon, certes, pour tenir l'hiver, mais nous n'en sommes pas encore là, et rappelez-vous que vous voulez manger local et équilibré. Aussi n'y a-t-il pas de meilleure solution que le caviar de légumes (икра из овоща). Vous le trouverez fait à partir d'aubergines seules ou d'un mélange subtil de tomates, carottes et autres. Ce produit tombe à pic, vraiment, et il représente la seconde clé de notre alimentation bien équilibrée, j'ai nommé les légumes bien sûr. Bien sûr, puisqu'il est question de caviar, on peut aussi prendre une des nombreuses boîte d'oeufs de saumon ou, plus chères, d'esturgeon, mais comme certaines des espèces sont menacées, on s'en abstiendra facilement. En guise de poisson, on peut donc se tourner vers les diverses sortes de hareng marinés présentes au rayon frais, excellentes à l'apéritif.

C'est presque gagné : nous avons des céréales, des légumes, des lipides (oui, il y a de l'huile dans le caviar de légumes), des protéines. Reste à trouver des produits laitiers. Là encore, la tradition crémière de la Russie n'a pas grand chose à envier à celle de la France : kéfir, fromage blanc (творог), yaourts, voire même friandises à base de fromage blanc (сырок). Reste que le choix d'un fromage se révèle risqué, dans la mesure où la majorité paraissent franchement fades au palais d'un Français habitué aux produits de caractère, voire sont de purs produits de l'industrie agro-alimentaire (beaucoup de clones du kiri). Ici, plus que l'appellation, c'est la marque qui détermine la qualité du produit et on se tournera donc vers les trois vaches (три корова), suivant les conseils d'un connaisseur. Si vous pensez que votre organisme nécessite un régime encore plus équilibré, vous trouverez sans peine des produits Aktivia (avec un k) de notre entreprise nationale Danone, mais tout aussi bien locale, puisque les usines se trouvent en Russie. Apprêtez-vous toutefois à une cure de 15 jours pour bénéficier de ses effets positifs (c'est la pub qui le dit).

L'installation à Moscou

Voici un article qui ne fait que rassembler des renseignements pour faciliter votre installation. On espère qu'il ne vous ôtera pas les joies de la découverte...

L'avion s'est posé sur la piste. Ce n'est pas à Rotterdam, ni à Rio mais bien à Domodedovo (ou Chérémétievo selon les cas). Où suis-je ? C'est la première question qui vous traverse l'esprit, avant de vous rappeler qu'il s'agit d'un des aéroports de Moscou. Vous suivez le mouvement de la foule, et vous retrouvez dans la salle de contrôle des visas, où vous remplissez le formulaire de migration (deux feuilles dont une que vous devrez garder sur vous jusqu'au retour). Et puis, une fois muni de vos bagages, commence votre nouvelle vie en Russie. Peut-être un étudiant de la RUDN sera-t-il venu vous accueillir, auquel cas vous n'aurez plus qu'à le suivre jusqu'au véhicule affrété par l'université. Sinon, ça reste simple : à partir de Chérémétiévo, vous prenez le bus n° jusqu'au métro Rechnoï Vokzal. Depuis Domodedovo, c'est le bus n°. Compter 15R si vous payez depuis un kiosque, 25R si vous achetez votre billet au chauffeur. Pour atteindre l'université, il faut s'arrêter à Iougo-Zapadnaya (ligne 1, rouge) ou à Bilayévo (ligne 7, orange). On peut alors se rendre au campus à pied, tout en sachant qu'il est desservi par les bus 752, 266, 2C (arrêt oulitsa Miklukho-Maklaya - RUDN).

Démarches administratives

Si vous vous êtes munis de photos en nombre suffisant (une quinzaine, que vous pouvez faire au RDC du bâtiment principal de la RUDN) et armés de patience, tout devrait bien se passer. Votre premier “check-up” sera le bureau d'accueil des étudiants étrangers (bâtiment principal, 5e étage, bureau 504). C'est là que Svetlana Grigorievna établira votre carte temporaire d'étudiant, ainsi que votre fiche de renseignements, dont vous aurez besoin pour l'inscription à l'obchejitie. Dirigez-vous ensuite vers le centre médical, où, après vous être acquittés au bureau 504 des droits de protection santé (6000R) vous remettrez pour votre inscription au bureau 117 une feuille établie par Svetlana G. En échange de quoi vous serez invités à accomplir votre premier test médical : l'analyse des selles. Il faudra revenir régulièrement au centre médical pour les autres examens. Enfin, vous pouvez terminer votre tour du campus par une visite à votre faculté (Гум. и Соц.) : rendez-vous au deuxième étage, à la chaire de politologie comparée : peut-être y trouverez-vous votre responsable, Natalia Zaderei.

L'obchejitie

Les habitations étudiantes se répartissent en plusieurs blocs, entre lesquels le niveau de confort varie beaucoup. Mais selon toute vraisemblance, vous serez logés au bloc 12, qui offre un des meilleurs standings : il s'agit d'appartements de 2 ou 3 chambres (de 3/4 lits) avec toilettes, salle de bain et cuisine. Normalement, cette dernière dispose d'un four et d'un frigo. A votre arrivée, vous devez vous enregistrer auprès de la direction de l'obchejitie (prévoir 3 photos et votre justificatif d'étudiant) où vous vous acquitterez de droits correspondants aux charges (eau + électricité), qui se montent à 400R environ pour l'année. Le changement de la literie se fait tous les 15 jours et est signalée au RDC. Attention ! l'obchejitie ferme pendant la nuit entre 1h et 6h. Vous pouvez y accueillir des invités sous certaines conditions (à négocier avec la direction : certains auraient payé 800 roubles la nuit). Pour le courrier, vous pouvez le faire libeller à l'adresse suivante (en caractères latins) :

Moscou 117198
oul. Miklukho-Maklaya, dom 7/1
obchejitie bloc 12, n°appartement
“votre nom”

L'"Homo ukrainus", espèce en voie d'apparition

Anastasia Kounsevskaïa avait 16 ans lorsqu'un professeur lui demanda si elle était patriote. Interloquée, la jeune fille réfléchit quelques instants, puis répondit qu'elle l'était pour trois raisons : elle aimait la bière brune ukrainienne, le chanteur Olexandr Ponomariov et l'équipe nationale de football. Trois raisons pragmatiques qui ont ravi tout le monde, à commencer par son grand-père, autrefois poursuivi par le régime soviétique en raison de son engagement nationaliste. "Il m'a toujours dit que si je voulais soutenir la langue ukrainienne, la meilleure façon était d'accomplir de bonnes actions, comme de tenir la porte dans le métro, puis dire "je vous en prie" ou "de rien" en ukrainien."
Dix ans ont passé. L'indépendance ukrainienne s'est affermie, notamment vis-à-vis du voisin russe à l'étreinte paternaliste. Anastasia Kounsevskaïa, 26 ans, enseigne la psychologie sociale à l'université Chevtchenko de Kiev. Elle a appris le russe dès l'école, à la différence de son frère, de cinq ans son cadet, qui a subi les conséquences de l'ukrainisation de l'enseignement. Au début de l'année universitaire, elle a demandé aux élèves de ses deux groupes de travail en quelle langue ils souhaitaient qu'elle s'exprime. Le premier a opté pour le russe, le second pour l'ukrainien, à son grand plaisir. "Ils ont fait ce choix sous l'impulsion de deux étudiantes brillantes, originaires de l'ouest du pays, s'amuse-t-elle. Elles ont entraîné tout le monde !"
Cette histoire illustre la séparation classique entre deux Ukraines : celle de l'Ouest, anciennes terres polonaises et autrichiennes, tournées vers l'Europe ; celle de l'Est, industrielle, fortement russifiée depuis l'époque de l'impératrice Catherine II. La réalité est encore plus complexe, puisqu'on peut y ajouter une Ukraine centrale, où les influences se mélangent, sans parler du cas particulier de la Crimée, qui a intégré la République socialiste d'Ukraine en 1954.
En politique - on l'a encore vu dans la dernière ligne droite des élections législatives du dimanche 30 septembre -, l'identité nationale est un outil de propagande et de mobilisation. Le président Viktor Iouchtchenko a promis que chaque famille recevrait un drapeau national dans les trois ans. En 2006, il a signé une loi stipulant que 75 % des émissions à la télévision et à la radio devraient être en ukrainien. La réponse n'a pas tardé. Le Parti des régions, enraciné dans l'Est, a promis qu'il conduirait un référendum sur la promotion du russe au rang de langue d'Etat, comme l'ukrainien. "C'est de la communication électorale. Il n'y a aucun problème avec la langue russe en Ukraine !, s'emporte le politologue Vadim Karassov, directeur de l'Institut des stratégies globales. Il y a des journaux, des livres, des enseignements, des chaînes de télévision en russe."
Parler d'un "Homo ukrainus", d'une identité nationale solide, ne va absolument pas de soi, dans un pays de 47 millions d'habitants soumis tour à tour aux influences lituanienne, polonaise, cosaque, autrichienne, aux tsars puis au régime soviétique dont il était un sujet. Certains disent que cet Homo ukrainus est ressuscité, d'autres, qu'il vient de naître et grandit peu à peu depuis l'indépendance, proclamée en 1991. D'autres encore, les nostalgiques, très rares, de l'époque soviétique parmi les 17 % de Russes de souche vivant dans le pays, estiment qu'il n'a pas existé, que le pays sera à jamais un petit frère de la Russie, voire un cousin de province étourdi par l'air de l'émancipation. Eux aussi évoquent l'histoire : il y a dix siècles, l'Ukraine était le foyer de la Rous kiévienne, le premier grand Etat slave.
L'affirmation de la souveraineté nationale et de l'attachement à la démocratie, au travers de la "révolution orange", c'était hier, en 2004. Trop peu de temps s'est écoulé pour que l'Etat, soumis aux soubresauts politiques, parvienne à définir une ligne pédagogique sur la littérature, l'histoire, les langues. Comprendre l'histoire ukrainienne sur la base des manuels en circulation est une gageure tant les imprécisions ou la pure propagande pullulent. Le passé a été nationalisé. "Ces manuels sont très mauvais, grimace Miroslav Popovich, directeur de l'Institut de philosophie de Kiev. On y trouve les mêmes inepties que dans les manuels soviétiques, mais dans l'excès inverse. Cela me rappelle une anecdote. Après 1991, certains ont proposé à l'Institut de transformer la chaire de communisme scientifique en chaire de nationalisme scientifique !"
Miroslav Popovich est l'archétype de l'intellectuel ukrainien de haut rang : il parle ukrainien, polonais et russe. Une espèce rare. Un de ses collègues, spécialiste de la logique à l'Institut, n'enseigne qu'en russe. De père tatar, de mère russe, il a étudié à Moscou et parle mal l'ukrainien, bien que les deux langues utilisent l'alphabet cyrillique et aient de nombreux mots en commun.
Natacha Yermakova, elle, a un problème avec le "nous". Historienne du théâtre ukrainien, enseignante, elle est née à Kiev de parents russes. Richesse et/ou schizophrénie. Double culture, certainement. Elle convoque avec enthousiasme les grandes figures ukrainiennes, s'émeut des répressions dont elles ont été victimes. Parfois, son "nous" affirme une identité ukrainienne, une culture en soi. Parfois, il ramène aux origines familiales. "J'ai reçu la culture russe par le sang, puis j'ai choisi inévitablement la culture ukrainienne en grandissant", résume-t-elle, assise dans un café à la mode du centre de Kiev, où le flux musical anglo-saxon relie la ville à toutes les métropoles du monde occidental.
L'écrivain Maxime Gorki refusa un jour la traduction d'un de ses livres en ukrainien, ce simple "dialecte régional", raconte Natacha Yermakova. "Pensez qu'à la fin du XIXe siècle, lorsqu'on avait l'idée folle de faire un spectacle théâtral en ukrainien, mission quasi impossible, il fallait être enregistré, obtenir une autorisation de la police. Les thèmes aussi étaient limités, il fallait que l'action se passe dans un village et qu'il y ait des intrigues amoureuses. On voulait rendre cette culture primitive, la transformer en carte postale, quitte à éliminer ses plus brillantes figures."
Au début des années 1920, les autorités soviétiques ont laissé se développer les cultures nationales. On a appelé cette période unique la "korienisatsia" (l'enracinement). Mais, à partir de 1929, les interdits culturels et religieux ont été réintroduits par le régime stalinien. "L'homme nouveau" serait formé aux komsomols, foulard rouge autour du cou, chants socialistes sur sa partition.
L'affirmation, aujourd'hui, d'une identité ukrainienne constitue donc un processus chaotique. L'histoire divise plutôt qu'elle n'unifie. L'ouverture, cette année à Kiev, d'un "musée de l'occupation soviétique" provoqua la colère des activistes prorusses dans le pays. Les intellectuels se déchirent autour du terme d'"occupation". Débattent de l'Holodomor, la grande famine de 1932-1933, au cours de laquelle plusieurs millions de personnes ont péri : faut-il parler de "génocide" par la faim planifié par le régime stalinien ?
Les conflits de mémoire ont pris une tournure assez vive ces derniers mois autour des monuments historiques. A Lviv, berceau de l'Ukraine occidentale, le conseil municipal a décidé, le 11 mai, de créer une commission chargée de "décider quels symboles du règne impérial-bolchévique devaient être démolis". Lénine et Félix Dzerjinski, le fondateur de la Tchéka, ancêtre du KGB, sont particulièrement menacés. Et puis, il y a Catherine II. Son évocation suscite beaucoup d'émotions, notamment chez les Tatars de Crimée, région rattachée à l'Empire russe en 1794 après avoir été prise aux Turcs.
En juillet, la pose d'une statue de l'impératrice à Odessa incita les Cosaques à manifester. Le maire de la ville, Edouard Gourvits, en a été fort irrité. Mauvaise cible, à ses yeux. Lui qui n'a jamais été membre du Parti communiste s'est attaqué à d'autres symboles, hérités des temps soviétiques. "En 1994, j'ai signé un décret pour l'enlèvement de 148 monuments, dont 104 étaient des Lénine", énumère-t-il, satisfait. "J'ai aussi fait changer le nom de 179 rues."
Dans les universités de l'ouest du pays, les professeurs parlent ukrainien ; à l'est, surtout le russe. A Kiev et dans d'autres grandes villes, les deux. A l'école, l'enseignement en russe est de plus en plus rare, sauf en Crimée, où une poignée d'écoles seulement ont choisi l'ukrainien. Le puzzle est complexe, mais, peu à peu, l'ukrainien s'impose à une majorité de la population comme la langue première, en particulier dans les nouvelles générations, où un effet de mode se fait sentir. "D'après nos études, explique Andreï Bychenko, de la Fondation Rozumkov, 97 % des citoyens connaissent le russe et l'ukrainien, ou au moins le comprennent. Mais je suis moi-même l'exemple vivant des réflexes hérités de l'époque soviétique. A la maison, je parle l'ukrainien mais dans la rue le russe."
Il est un écrivain fort populaire en Ukraine, du nom d'Oksana Zaboujko. Elle intervient souvent sur la question de l'identité nationale en des termes crus. Pour elle, l'opposition des deux langues est vaine. "L'Ukraine contemporaine n'a pas de culture", constatait-elle en avril dans le journal Ukraïnska Pravda, en soulignant l'ignorance dans laquelle se complaisent ses compatriotes quant à leur passé. Pour preuve, selon elle : l'Ukraine ne s'est toujours pas dotée d'un prix littéraire. Dans les librairies, le livre le plus exposé en ukrainien est le dernier Harry Potter.

Piotr Smolar, envoyé spécial
Le Monde
Article paru dans l'édition du 29.09.07.

Un monument aux pilotes du légendaire régiment Normandie-Niemen sera inauguré samedi à Moscou

MOSCOU, 29 septembre - RIA Novosti. Le commandent en chef de l'Armée de l'air russe Alexandre Zeline inaugurera dans une ambiance solennelle samedi dans l'arrondissement Lefortovo de Moscou un monument aux pilotes du régiment Normandie-Niemen, a annoncé le service de presse de l'Armée.

Le monument est érigé à l'occasion du 65e anniversaire de la création du 18e régiment d'aviation franco-soviétique Normandie-Niemen, décoré de deux ordres du Drapeau rouge, de l'ordre Souvorov et de la Légion d'honneur.

"Le quartier de Lefortovo n'a pas été choisi au hasard: il abrite le cimetière de l'Introduction au Temple où furent inhumés les aviateurs français morts sur les fronts soviétiques de la Seconde Guerre mondiale. Même si leurs dépouilles ont été transférées en France dans les années 1950-1960, les pierres tombales demeurent toujours à la même place", a rappelé l'Armée de l'air russe dans un communiqué.

Le 25 novembre 1942, l'URSS et la France ont signé un accord portant sur la formation d'une escadrille d'aviation française sur le territoire soviétique, transformée le 5 juillet 1943 en régiment de chasse. Le régiment a pris part à la gigantesque bataille de Koursk en 1943, à la libération de la Biélorussie en 1944 et à la victoire contre les troupes nazies en Prusse orientale en 1945. Lors des hostilités sur les fronts germano-soviétiques, les pilotes de Normandie-Niemen ont effectué plus de 5.000 vols de combat, mené près de 900 combats aériens et abattu plus de 270 avions allemands.

"Un monument dédié à l'unité d'aviation légendaire signé Viktor Sourovtsev a été inauguré le 22 septembre 2006 au Bourget. Le président russe Vladimir Poutine et son homologue français Jacques Chirac ont participé à la cérémonie. C'est à présent le tour de la capitale russe d'immortaliser dans la pierre notre gratitude envers les héros", souligne le communiqué de l'Armée de l'air.

Par ailleurs, une école moscovite, numéro 1209, aménagera dans une de ses pièces un musée en hommage à l'escadrille franco-soviétique et l'autre, numéro 776, abritera un centre de culture française.

Les diplomates étrangers satisfaits du travail de la police de Moscou

MOSCOU, 29 septembre - RIA Novosti. Une délégation de chefs des missions diplomatiques de pays de l'Union européenne et des Etats-Unis s'est rendue samedi à l'unité de service de la Direction principale de l'Intérieur pour la ville de Moscou, a annoncé son chef-adjoint, Alexandre Melnikov.

"De nombreux éléments techniques et l'organisation elle-même du service leur ont plu: les diplomates ont vu les choses qui soi n'existent pas dans leurs pays, soi sont organisées autrement", a expliqué le responsable.

Selon lui, les diplomates ont eux-mêmes souhaité voir comment fonctionnait l'unité de service, et ont demandé l'autorisation du ministère de l'Intérieur.

"Ils ont notamment voulu voir comment fonctionnent des services et des groupes policiers, l'unité de service de la ville, le Service 02 (reçoit des appels urgents), la police du métro, un département de l'Intérieur et des unités à vocation spéciale", a expliqué Alexandre Melnikov.

"Ils ont vu tout ce qu'ils nous ont proposé de leur montrer", a-t-il ajouté.

Selon lui, les représentants de trois organisations de défenseurs des droits de l'Homme étaient présents dans la délégation de diplomates étrangers.

"A en juger d'après leurs réactions, les diplomates étaient satisfaits du travail de la police de Moscou", a noté le responsable policier.

"Ils ont vu comment la police réagit aux signaux sur des crimes, comment passent ces signaux, comment les patrouilles motorisées se rendent sur place et comment ces signaux sont enregistrés. Ils ont vu tout cela et ils en étaient très satisfaits", a conclu le chef adjoint de la Direction de l'Intérieur pour Moscou.

samedi 29 septembre 2007

DECOUVERTE : La carte de métro est aussi une carte bancaire

Salut à tous.
Pour une fois, pas de dépêche de RIA Novosti mais un message perso : comme vous l'avez sûrement remarqué, (enfin du moins ceux qui en sont en sa possession) la carte de métro arbore un logo "Visa". Comme me l'a fait judicieusement remarqué Andreï, ce n'est pas que pour faire joli ;). Manifestement, la bourse du gouvernement russe (50$ / mois d'après Elie) est directement transférée dessus. Le papier fournit avec la carte de "Bank Moskvi" recelle un code dans la partie droite (il faut détacher délicatement les bords).

Joie!

Grégoire

LE TEST ADN – ARME NOUVELLE DE L’UE DANS LA LUTTE CONTRE L’IMMIGRATION ILLEGALE

A la fin de la semaine dernière l’Assemblée Nationale ( chambre basse du parlement français) a approuvé à la majorité des voix 17 amendements , durcissant la législation française d’immigration, déjà une des moins libérales de l’UE. Un de ces amendements a soulevé une avalanche de critiques et l’indignation en France , mais aussi -dans une plus grande mesure-en Afrique, continent qui reste une source d’immigration clandestine en Europe. Il s’agit du test obligatoire d’ADN comme preuve de parenté lors de la réunification des familles d’immigrés, établies en France. Mais les autorités françaises ne sont pas les premières en Europe à imposer ce test. Cette pratique est depuis longtemps appliquée en Belgique, qui oblige les ressortissants de la République Démocratique du Congo à en faire de même. Le test est aussi employé dans 11 autres pays de l’Union. Mais la tentative de légaliser cette pratique en France a échoué, écrit notre observateur Alexei Grigoriev. La Commission des lois du Sénat a rejeté mercredi l’amendement par 24 voix contre 13. Le président des socialistes au Sénat Jean-Pierre Bell l’a commenté en ces termes : « La France doit correspondre au statut du pays respectueux des valeurs républicaines et défendant les droits de l’homme ». La rejet de l’amendement concernant le test d’ADN fut une surprise désagréable pour le parti gouvernement UMP, qui l’a proposé, et aussi pour le gouvernement et le chef de l’Etat, soucieux de durcir la lois sur l’immigration. D’autre part, cela montre que les projets du président Sarkozy en matière de politique sociale de l’emploi sont loin d’être partagés par tout le monde en France. Ayant rejeté l’amendement sur le test, le Sénat en a accepté 16 autres, dont la connaissance suffisante de la langue française, obligatoire pour les candidats à la réunification des familles. Il leur appartient également de démontrer leur loyauté envers les valeurs de la société française. Mais la condition principale est d’avoir suffisamment de moyens – 1.279 euros par mois et par candidat. Pour une famille de 6 personnes et plus, cette somme augmente davantage, ce qui n’est pas à la portée de tous les immigrants , notamment ceux de l’Afrique, dont la plupart – même s’ils ont du travail – exercent des emplois peu rémunérés. Les organisations des droits de l’homme ont également été indignées par une autre mesure, approuvée par l’Assemblée Nationale – l’introduction des quotas annuels sur l’immigration. Il est significatif que l’ancien ministre de l’Intérieur et actuel président de la République Nicolas Sarkozy insiste depuis longtemps sur les quotas et d’autres mesures drastiques limitant l’immigration. C’est à son initiative qu’a vu le jour un ministère nouveau — celui de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du co- développement, appelé à restreindre l’immigration illégale et à contrôler avec la police les diasporas d’émigrés en France. Chaque pays est certainement souverain en ce qui concerne les méthodes du règlement des problèmes de l’immigration. Mais la France, ancienne métropole d’un immense empire colonial, dont la grande partie se trouvait en Afrique, assume une responsabilité particulière vis-à-vis de ses anciennes colonies, y compris dans la sphère humanitaire. Rappelons que soucieuse de faire renaître son économie après la Seconde guerre mondiale elle a ouvert toutes grandes les portes devant les immigrés, tout d’abord ceux du Maghreb, pour compenser la pénurie de main d’œuvre nationale. Des millions d’Africains de l’époque coloniale et post- coloniale ont été élevés sur les valeurs françaises, dont les symboles clé restent toujours les mots « Liberté, Egalité, Fraternité ». La mission assumée par le France sur le continent africain est si variée que Paris a mérité sous Jacques Chirac le titre honorifique de « capitale de l’Afrique ». Aujourd’hui, tout cela est dans le passé. Lors de ses visites au Sénégal, au Gabon, en Tunisie et en Algérie, le nouveau président français a invité les Africains à renoncer aux vieux mythes du paternalisme et leur a proposé de bâtir les rapports de coopération avec l’ancienne métropole sur les principes de partenariat pragmatique. Il était également question de la nécessité de conjuguer les efforts de l’UE et des pays africains pour combattre l’immigration illégale. Exposant les principes de la nouvelle politique africaine de la France, qu’il avait lui même initiée, le président Sarkozy a mis l’accent sur l’ainsi dite « immigration choisie », que ses critiques ont définie d’emblée comme « le pillage des cerveaux ». « Seuls 7% de l’immigration d’aujourd’hui représentent une immigration de travail. Comment s’intégrer en France si l’on n’a pas de travail ? Je souhaite porter le chiffre de l’immigration du travail à au moins un sur deux » , a déclaré Nicolas Sarkozy dans une récente interview aux chaînes TF-I et France-2. Les immigrants, munis de cartes « compétence et talent », seront les premiers candidats au travail en France. Il est clair, que même aux immigrants légalisés d’Afrique il sera difficile de subir la concurrence des ressortissants des pays d’Europe de l’est, devenus membres de l’UE. En outre, le gouvernement français s’est fixé pour but de rapatrier annuellement jusqu’à 25 mille clandestins, dont les ressortissants de l’Afrique seront la majorité absolue. Les mesures de limitation de l’immigration, approuvées par l’Assemblée Nationale, ont soulevé un tollé en France et sur le grand continent. Le président de la Ligue française des droits de l’homme Jean-Pierre Dubois a jugé les quotas « pas acceptables , car c’est une manière de traiter les étrangers non comme des personnes, mais comme des marchandises ». Amina Bouayach, président de l’Organisation marocaine des droits humains, a déclaré à l’AFP à Rabat que « ces mesures sont liberticides et violent le droit fondamental des individus à être libres ». Bref, les nouveaux amendements rigides à la loi sur l’immigration rendent la France démocratique encore moins accessible aux immigrants, dans lesquels ses autorités verront un fardeau pour la société et le budget d’Etat.
La Voix de la Russie
28.09.2007

MOSCOU S’OPPOSE AU DURCISSEMENT DES SANCTIONS CONTRE L’IRAN AVANT LE RAPPORT DE L’AIEA


Moscou a invité ses partenaires occidentaux à ne pas miner les efforts de l’Agence internationale de l’énergie atomique en Iran en lui imposant des sanctions nouvelles du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette position a été exposée par le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov au cours de sa rencontre avec ses collègues du G-8. En voici quelques détails avec notre observateur Constantin Garibov. Le format du dîner à huis clos n’a pas empêché les membres du G 8 de défendre en termes assez abruptes leurs approches envers la mise au point de la réaction de la communauté internationale à la situation autour du dossier nucléaire iranien. Les participants au dîner ont remarqué la réaction négative assez dure de Sergueï Lavrov à la proposition de discuter d’un nouveau projet de résolution du Conseil de sécurité sur l’Iran, exposée, dit-on, au cours du dîner par la secrétaire d’Etat américain Condoleezza Rice. Les partenaires occidentaux ont proposé à la Russie d’accepter de durcir les sanctions envers l’Iran à la suite de son refus de suspendre l’enrichissement d’uranium. Au cours de sa rencontre, plus tard, avec les journalistes, le ministre russe a renouvelé sa volonté d’examiner les propositions des partenaires , en se basant sur un critère, à savoir – toute action du Conseil de sécurité de l’ONU doit avoir uniquement pour but d’appuyer les efforts de l’AIEA de rendre le programme nucléaire de l’Iran entièrement transparent. Le directeur général de l’Agence Mohammed el Baradei s’est voulu rassurant en disant que 3 à 4 mois suffiront pour ôter progressivement toutes les questions, suscitées par le dossier nucléaire iranien. Cette position de l’Agence, tout comme la volonté déclarée par Téhéran de coopérer avec elle ont permis à Sergueï Lavrov de dire que la situation évolue dans la bonne direction, et que les nouvelles sanctions internationales contre l’Iran risquent de compromettre les efforts de l’AIEA. Avant la publication du rapport de l’Agence sur l’Iran ( prévue pour la fin de l’année) la Russie et la Chine se refusent de discuter des sanctions nouvelles. Le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner ne croit pas que les Occidentaux parviennent à faire Moscou et Pékin changer d’avis avant ce délai. Selon le politologue russe Alexei Arbatov, le président iranien croit à tort que la Russie et la Chine vont le couvrir indéfiniment, sans conditions et quelles que soient les circonstances. ( ) Si l’Iran continue à enfreindre de façon démonstrative les résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU, la Russie et la Chine renonceront à un moment donné à leur droit de veto. Ils pourront s’abstenir lors du vote de la résolution, qui envisage des sanctions économiques dures, voire l’usage de la force, s’il devient clair que l’Iran cherche réellement à créer des armes nucléaires, estime Alexei Arbatov. A la différence de ses partenaires occidentaux, Moscou s’en tient à une position souple, supposant un champ de manœuvres pour trouver des solutions de compromis autour du dossier nucléaire iranien. Son objectif final est de renforcer le régime de non-prolifération nucléaire, ce à quoi les sanctions n’ont jamais contribué.


La Voix de la Russie
28.09.2007

Cinéma: "12" de Nikita Mikhalkov décroche 2 millions de dollars en un week-end


MOSCOU, 25 septembre - RIA Novosti. Le film de Nikita Mikhalkov, intitulé "12", qui était en compétition pour le Lion d'or à la Mostra de Venise 2007 a recueilli près de 2 millions de dollars de recettes au cours du premier week-end de projection en Russie.
"Selon des données non vérifiées dont nous disposons, puisque toutes les salles ne nous ont pas encore fourni tous les chiffres, nous pouvons évoquer la somme d'environ 2 millions de dollars", a indiqué le producteur du film, Leonid Verechtchaguine, interrogé mardi par RIA Novosti.
"12", remake du film classique de Sydney Lumet "Douze hommes en colère" (1957), relate l'histoire de douze jurés. Réunis dans le gymnase d'une école qui fait office de salle d'audience, ils doivent prononcer le verdict dans l'affaire d'un adolescent tchétchène accusé d'avoir assassiné un officier russe, son père adoptif.

Espace: changement d'arrimage sur l'ISS pour le vaisseau Soyouz TMA-10

CENTRE DE CONTRÔLE DES VOLS (Korolev), 28 septembre - RIA Novosti. Le vaisseau spatial russe Soyouz TMA-10 piloté par le cosmonaute russe Oleg Kotov s'est séparé jeudi soir du module Zaria de la Station spatiale internationale (ISS) pour s'arrimer au module de service Zvezda à 23h47 heure de Moscou (19h47 GMT).
La manoeuvre, durant laquelle l'ISS est restée inhabitée, puisque les deux autres membres d'équipage - Fiodor Iourtchikhine et Clayton Anderson - se trouvaient aussi à bord du Soyouz TMA-10, a débuté à 23h20 heure de Moscou (19h20 GMT).
Soyouz TMA-10 devait libérer le sas d'arrimage de Zaria pour le vaisseau Soyouz TMA-11 avec le 16e équipage permanent - le Russe Yuri Malentchenko et l'Américaine Peggy Whitson - et le premier astronaute malaisien cheikh Muszaphar Shukor. Le Soyouz TMA-11 sera lancé le 10 octobre prochain depuis le cosmodrome de Baïkonour.
Les membres du 16e équipage permanent resteront à bord de l'ISS pendant environ six mois alors que l'astronaute malaisien y passera 10 jours avant de rentrer sur Terre fin octobre avec le 15e équipage - Fiodor Iourtchikhine et Oleg Kotov.

Elections à la Douma: les communistes déposent leur liste électorale

MOSCOU, 28 septembre - RIA Novosti. Le Parti communiste russe (KPRF) a déposé vendredi à la Commission électorale centrale (CEC) les documents nécessaires à l'enregistrement de la liste de ses candidats aux élections à la Douma (chambre basse du parlement russe), a annoncé le service de presse du CEC.
"Les représentants du KPRF ont été les premiers aujourd'hui à déposer leurs documents à la Commission électorale centrale", a déclaré l'interlocuteur de l'agence.
Selon lui, la commission attend vendredi le dépôt des documents d'autres partis désireux de participer aux élections.
Le CEC a déjà lancé la procédure d'enregistrement des listes de candidats. La liste fédérale du Parti démocratique de Russie a reçu la première l'approbation de la commission mercredi. Celles des Verts et du Parti libéral-démocrate de Russie ont été enregistrées jeudi.
Les élections législatives à la Douma d'Etat de la cinquième législature auront lieu le 2 décembre.

Le Parquet général refuse de réhabiliter le dernier tsar russe (Troud)


MOSCOU, 28 septembre - RIA Novosti. Le Parquet général de Russie a refusé de réhabiliter le dernier tsar de Russie Nicolas II et sa famille, exécutés par les bolcheviks en 1918, rappelle vendredi le quotidien Troud.
La conclusion officielle du parquet dans l'affaire dite Romanov a été transmise à la Cour suprême. Le parquet estime que l'empereur, canonisé par l'Eglise orthodoxe russe en 2000, de même que les membres de sa famille ne peuvent être considérés comme victimes de représailles politiques.
Les vérifications effectuées par le parquet n'ont pas permis de trouver de preuves fiables de l'existence de décisions officielles d'organes dotés de compétences judiciaires. Il ne peut donc pas être question de représailles contre la famille impériale, il ne s'agit là que d'un crime de droit commun.
Une autre chose est importante: si la réhabilitation avait lieu, est-ce que les héritiers de Nicolas II auraient le droit de réclamer la restitution des biens de la famille impériale? Le journal a interrogé des spécialistes dans le domaine du droit héréditaire, dont les avis sont partagés.
Oksana Toumanova, avocate du bureau Kniazev et associés au barreau de Moscou:
"Je pense que les descendants de la famille du tsar pourraient réclamer les biens des Romanov, mais uniquement dans le cas où la saisie des biens de Nicolas II et de ses proches serait reconnue comme illégale. Cependant, seuls les biens ayant appartenu personnellement à l'empereur et à sa famille peuvent être hérités. La liste de ces biens est établie le jour du décès. Or, il sera assez difficile de déterminer ce qui appartenait personnellement à Nicolas II et ce qui était la propriété de l'Etat à l'époque".
Elena Kotitsyna, juriste du cabinet d'experts Pravozachtchita ("Défense des droits de l'homme"):
"En tous cas, les descendants de la famille tsariste n'ont pas le droit de prétendre à quelque héritage que ce soit. En premier lieu parce qu'il ne reste aucun héritier direct vivant. En outre, presque 90 ans se sont écoulés, tous les délais pour entrer en possession d'un héritage ont donc expiré. Les biens mêmes ont été nationalisés, et les résultats de ce processus ne seront pas révisés".
Selon Vadim Viner, professeur à l'Académie russe d'histoire et de politologie de Ekaterinbourg, "Nicolas II ne tombe pas du tout sous le coup de la loi sur la réhabilitation des victimes de représailles politiques, cette loi ne concernant que les personnes persécutées à partir des années 1920".
"Du point de vue de l'Eglise, a ajouté l'historien, toute attestation du bureau de l'état civil, du tribunal ou bien du parquet n'a aucune valeur. Car l'empereur et sa famille sont déjà des saints, ils sont canonisés et de ce point de vue, ils sont réhabilités pour nous. Les saints n'on pas besoin d'être réhabilités".

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti ni avec celle du blog IEDG.

Vladimir Poutine est le meilleur premier ministre russe de ces 15 dernières années (sondage)


MOSCOU, 28 septembre - RIA Novosti. Le président russe en exercice Vladimir Poutine a été le meilleur premier ministre russe en quinze ans pour la plupart des Russes, selon un sondage réalisé par le Centre russe d'étude de l'opinion publique (VTsIOM) en septembre.
34% des Russes ont considéré Vladimir Poutine, qui a occupé le poste de chef du gouvernement d'août 1999 à mai 2000, comme le meilleur premier ministre russe. Evgueni Primakov et Mikhaïl Fradkov se partagent la deuxième place du classement des premiers ministres avec 10% des voix chacun. Mikhaïl Kassianov a recueilli 2% des voix et Sergueï Stepachine, Victor Tchernomyrdine et Sergueï Kirienko comptent chacun 1% des voix.
16% des personnes interrogées estiment que la Russie n'a pas eu de bon premier ministre ces quinze dernières années.
Commentant la prochaine élection présidentielle de mars 2008, 44% des sondés ont indiqué qu'ils ne voyaient pas de bonne candidature à la magistrature suprême. Entre 28 et 30% des Russes soutiennent les premiers vice-premiers ministres Sergueï Ivanov et Dmitri Medvedev. Le ministre russe des Situations d'urgence Sergueï Choïgou se retrouve à la 3e place avec 10% des voix.
Victor Zoubkov est un bon candidat à la présidence pour seulement 6% des personnes interrogées. Les leaders des quatre partis politiques les plus influents - Vladimir Jirinovski, Guennadi Ziouganov, Sergueï Mironov et Boris Gryzlov - ont recueilli entre 3% et 4% des voix.
Le sondage a été réalisé du 22 au 23 septembre auprès de 1.600 personnes dans 153 localités de 46 régions, territoires et républiques russes. La marge d'erreur statistique ne dépasse pas 3,4%.

Les Russes favorables à une interdiction de fumer dans les lieux publics (sondage)


MOSCOU, 28 septembre - RIA Novosti. La majorité des Russes (62%), se prononcent en faveur de l'introduction d'une loi sur l'interdiction de fumer dans les lieux publics, indique un sondage réalisé par le Centre Levada.
Selon cette étude, ce sont les femmes qui soutiennent le plus fortement cette mesure, avec 72% d'avis favorables.
77% des employées des structures de force et 79% des retraités pensent également qu'il s'agit d'une bonne mesure.
L'interdiction de fumer dans les lieux publics satisferait 75% des non-fumeurs et plus d'un tiers des fumeurs (38%).
Selon ce sondage, environ 36% des personnes adultes fument en Russie. Les sociologues ont noté que le nombre de fumeurs était le même que celui observé il y a sept ans, en avril 2000.
Qui plus est, la mode de la cigarette chez les jeunes générations commence à disparaître, ont-ils ajouté. Auparavant, les fumeurs se rencontraient surtout chez les jeunes. Ils ne fument pas plus que les autres catégories de la population aujourd'hui, la catégorie des 30-39 ans étant celle où les fumeurs sont le plus représentés.
Ce sondage a été mené du 10 au 13 août sur un échantillon de 1.600 personnes. La marge d'erreur ne dépasse pas 3%.

Hydrocarbures: la Sibérie occidentale restera longtemps encore le principal "puits" de la Russie


NOVOSSIBIRSK (Russie), 28 septembre - RIA Novosti. La Sibérie occidentale restera jusqu'au milieu du XXIe siècle la principale base de production pétrogazière en Russie, estime Alexeï Kontorovitch, président du Conseil scientifique de l'Académie russe des sciences pour la géologie et l'exploitation des gisements pétrogaziers.
"Jusqu'au milieu du siècle, la Sibérie occidentale restera la principale base de production de pétrole et de gaz dans le pays. La Sibérie orientale ne sera pas encore en mesure de la remplacer sur ce plan. De nos jours, l'Etat accorde son attention surtout à la Sibérie orientale, étant donné que la Sibérie occidentale dispose d'un secteur pétrogazier développé, et y encourage les travaux de prospection géologique", a indiqué l'académicien dans un entretien avec les journalistes vendredi.
D'après lui, il est bien plus difficile d'attirer les professionnels à prospecter en Sibérie orientale, c'est pourquoi l'Etat concentre ses principales ressources sur l'Est.
Anatoli Ledovskikh, directeur de l'Agence fédérale pour l'utilisation du sous-sol, a annoncé que l'Etat investissait annuellement environ 80 millions de dollars dans la prospection géologique en Sibérie occidentale et projetait d'augmenter encore ces sommes.
"Les ressources de la Sibérie occidentale sont loin d'être épuisées. Les géologues affirment que de nouveaux gisements d'importance y seront encore découverts", a-t-il indiqué.

Moscou fidèle à ses accords énergétiques avec la Chine (vice-premier ministre russe)


HANGZHOU (Chine), 28 septembre - RIA Novosti. La Russie exécute dans les délais prévus les accords conclus avec la Chine dans le domaine énergétique, y compris les ententes prévoyant la construction d'oléoducs, a déclaré vendredi le vice-premier ministre russe Alexandre Joukov.
"Nous sommes très contents que les délais fixés dans les ententes que nous avons conclues dans le domaine énergétique soient respectés. Cela concerne, entre autres, la construction d'un oléoduc depuis Skovorodino jusqu'à la frontière chinoise", a constaté M. Joukov, intervenant lors d'une réunion de la commission bilatérale chargée de préparer les rencontres régulières entre les chefs des gouvernements russe et chinois.
Il a souligné que la Russie et la Chine disposaient des possibilités nécessaires pour élargir leur coopération dans la transformation du pétrole et du gaz, ainsi que dans la gazochimie.
Selon les ententes russo-chinoises, les deux pays envisagent de porter à 15 millions de tonnes par an la quantité de pétrole brut russe acheminé par voie ferrée.
En 2006, la Russie a fourni à la Chine 10,3 millions de tonnes de pétrole. Pendant la période de janvier à août 2007, elle en a livré 7 millions de tonnes, dont 6 millions par voie ferrée.
M. Joukov a également confirmé l'intérêt de la partie russe pour le projet prévoyant l'exportation, par la Russie, d'une grande quantité d'énergie électrique vers la Chine.
Ce projet sera réalisé dans le cadre de l'accord de coopération à long terme signé en juillet 2006 entre UES (Electricité de Russie) et la Compagnie nationale du réseau électrique de Chine.

Les chaînes de TV Russia Today et Rusiya al-Yaum présentées à New York


NEW YORK, 28 septembre - RIA Novosti. Les chaînes de télévision russes Russia Today et Rusiya al-Yaum, diffusant respectivement en anglais et en arabe, ont été présentées dans un hôtel en vogue de New York, le Millénium UN Plaza.
Cette présentation a eu lieu en présence de 350 invités, parmi lesquels le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, le chef de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, ainsi que les ministres des Affaires étrangères d'une dizaine de pays.
"La chaîne s'efforce d'être intéressante et différente, car la concurrence est rude dans ce domaine, et il faut se battre pour l'audience", a déclaré aux journalistes M. Lavrov, ajoutant que le canal occupait "une niche non négligeable sur le marché".
Selon lui, il y a énormément d'informations sur la vie en Russie qui ne touchent qu'un public limité dans le monde, et il est primordial de combler cette lacune.
Margarita Simonian, rédactrice en chef de Russia Today, a présenté les deux chaînes et montré à des extraits d'émissions en anglais et en arabe devant des représentants de 125 médias de différents pays du monde.
La diffusion de Russia Today a débuté en 2005 et celle de Rusiya al-Yaum en mai dernier.

Une loi anticorruption prochainement adoptée en Russie (Zoubkov)


ELEKTROSTAL (Région de Moscou), 28 septembre - RIA Novosti. Une loi fédérale anticorruption sera adoptée très prochainement en Russie, a annoncé aux journalistes vendredi le premier ministre russe Viktor Zoubkov.
"J'ai placé le Service fédéral de suivi financier (Rosfinmonitoring) sous la tutelle du gouvernement, et plus concrètement sous mon contrôle personnel. Ce puissant organe nous aidera à adopter prochainement une loi anticorruption", a déclaré le premier ministre.
Selon lui, une telle loi fédérale est nécessaire à la Russie.
"Cette loi fédérale est indispensable. Grâce à l'ajustement des mécanismes de fonctionnement du Rosfinmonitoring, une loi fédérale ainsi que d'autres mesures d'organisation et administratives seront adoptées, ce qui permettra de diminuer significativement le niveau de corruption", a déclaré le premier ministre.
Lors d'une allocution le 14 septembre à la Douma (chambre basse du parlement russe), Viktor Zoubkov a annoncé la nécessité d'adopter des mesures de lutte contre la corruption, et a notamment évoqué la création d'un organe spécial anticorruption au sein du gouvernement.

L'impossible réforme de la CEI (RBC Daily)


MOSCOU, 28 septembre - RIA Novosti. La semaine prochaine, Douchanbé accueillera un nouveau sommet de la Communauté des Etats indépendants (CEI), consacré à la réforme de cette organisation. Toutefois, le format de la CEI a peu de chances de changer: la tension intérieure est telle que toute démarche imprudente peut le briser.
On sait que le sommet doit entériner la rotation annuelle des pays présidant la CEI. Le coordinateur chargé de veiller à l'application des décisions changera tous les ans, mais il n'y aura pas de sanctions, comme toujours. La seule décision contraignante pour les participants au sommet concerne l'ajustement des législations nationales sur les règles de l'OMC. Seize ans après la disparition de l'URSS, les pays de la CEI continuent de s'éloigner de la Russie et tendent vers des centres d'influence extérieurs.
Selon des experts, Alexandre Loukachenko et Mikhaïl Saakachvili ne manqueront pas de le rappeler à Vladimir Poutine. Ces derniers temps, une alliance bizarre s'est formée entre les présidents biélorusse et russe. M. Loukachenko a annoncé l'ouverture à Minsk de l'ambassade de Géorgie et l'échange de missions diplomatiques entre la Biélorussie et les pays du GUAM (Géorgie, Ukraine, Azerbaïdjan et Moldavie). L'appartenance de la Biélorussie à l'Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC: Biélorussie, Russie, Kazakhstan, Kirghizie, Tadjikistan et Arménie) ne constitue pas un obstacle car elle ne lui donne pas de rabais pour le pétrole russe.
Au Tadjikistan on craint que les sous-traitants russes engagés dans la construction de la centrale de Rogoun ne modifient le bilan hydraulique du pays au profit de l'Ouzbékistan riche en gaz naturel. Avec Noursoultan Nazarbaïev, les choses ne sont pas simples non plus: le projet de gazoduc longeant le littoral caspien piétine sur fond d'intensification des travaux de construction du gazoduc transcaspien orienté vers l'Occident. La présence des leaders azerbaïdjanais et arménien est remise en question: ceux-ci préfèrent discuter du problème du Haut-Karabakh dans le cadre de l'OSCE. La Russie a, elle aussi, abandonné la CEI: début octobre, Douchanbé doit accueillir un forum de la Communauté économique eurasiatique (CEEA), dans lequel Moscou place beaucoup d'espoirs.
"La CEI revient à l'état où elle doit se trouver. Au lieu de pousser à l'intégration, elle se transforme en pôle de débat régional dont les résultats ne sont pas contraignants", a indiqué à RBC Daily le vice-directeur de l'Institut des pays de la CEI, Vladimir Jarikhine.
"La CEI s'est affirmée comme un club de présidents, et ne peut plus prétendre à grand-chose, ajoute Alexandre Skakov, chercheur à l'Institut russe des études stratégiques. Objectivement, les pays de la CEI sont trop différents."

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti ni avec celle du blog IEDG.

Législatives: Jirinovski contre la présence d'observateurs étrangers

MOSCOU, 28 septembre - RIA Novosti. Le vice-président de la Douma (chambre basse du parlement russe), Vladimir Jirinovski, a proposé vendredi de renoncer à inviter des observateurs étrangers pour contrôler les élections législatives de décembre prochain.
"Il n'y a aucune raison d'inviter des observateurs étrangers pour surveiller nos élections... Leur arrivée en Russie est inutile et même nuisible", a-t-il déclaré à la presse.
Le Parti libéral-démocrate (LDPR), dirigé par Vladimir Jirinovski, avait plus d'une fois contesté la participation d'observateurs étrangers à la surveillance des élections en Russie.
"Nous avons l'intention de nous opposer à l'invitation d'observateurs étrangers, et nous espérons que la Commission centrale électorale décidera d'y renoncer", a affirmé le vice-président de la Douma.
Pour le leader du LDPR, la Russie est un pays démocratique où le parlementarisme a une histoire séculaire et qui peut offrir lui-même son expérience à d'autres pays. Et de citer les Etats-Unis, l'Allemagne, la France, la Grande-Bretagne et le Japon qui n'ont pas l'habitude d'inviter des observateurs étrangers.

Les élites russes sur la Côte d'Azur et ailleurs...


Par Mila Kouzina, du journal "Moskovski Komsomolets"

Les voies de la migration vacancière conduisent les fonctionnaires et les oligarques russes sur le littoral méditerranéen de la France, de l'Italie, de la Croatie et du Monténégro... Cet été, par exemple, Vladimir Potanine a chanté en karaoké à Monaco, et Viktor Zoubkov au Monténégro...
Par contre, à Cannes et à Nice, la vie mondaine a quelque peu perdu de son intensité, faisant place au repos en famille. Nombre d'hommes d'affaires russes y sont venus avec leur clan, enfants et nounous compris, et sont restés un mois entier, confortablement installés dans leurs villas.
Les touristes natifs des différentes régions de la Russie, reconnaissables à leur voix forte et leur accent caractéristique, ont littéralement envahi les rues de Cannes. Sans doute ces provinciaux aisés voulaient-t-ils se familiariser avec les endroits fréquentés jadis par la famille impériale. Ses membres se rendirent en leur temps sur la Côte d'Azur par une voie ferrée construite spécialement pour eux.
En août dernier, les Français se sont longtemps demandé ce que faisait, sur un quai cannois, un ensemble de musiciens ingouches. Le mystère a fini par se dissiper: les artistes étaient venus prendre part au Festival de l'art russe. Cette explication n'a pas manqué d'étonner davantage les habitants locaux: qui sont les Ingouches et pourquoi sont-ils venus à la place des Russes? "L'Ingouchie fait partie de la Russie", a répondu à ceux qui l'ignoraient le président de cette petite république, Mourat Ziazikov. Il s'est promené, lui aussi, sur la Croisette non loin de ses musiciens. Un soir, il a assisté à une réception solennelle à l'occasion de l'anniversaire de la Libération de la ville. L'Ingouchie, il est vrai, n'a rien à voir avec cette date mémorable. La Russie non plus. Mais cela n'a pas empêché M. Ziazikov de remettre une médaille d'honneur au maire de Cannes Bernard Brochand.
Les Russes sont allés jusqu'à faire venir le croiseur "César Kounikov", rattaché à la Flotte de la mer Noire. Mouillant en rade de Cannes, ce géant d'acier offrait un contraste frappant avec le yacht blanc d'Elton John. Pendant qu'une fanfare de la Marine russe amusait le public massé devant le Palais des Festivals.
En revanche, à Monaco la vie était plus gaie et plus glamour. Vladimir Potanine y vient régulièrement avec sa femme et ses enfants. Cet été, après avoir disputé pour la dernière fois le championnat du monde de jet-ski, sa fille Anastassia a célébré la fin de sa carrière sportive. A cette occasion, son père à invité tout le monde à chanter en karaoké et a bousculé la sobriété de rigueur. Pour la première fois, l'alcool a fait son apparition au cours d'une de ces fameuses soirées "after" que les sportifs organisent habituellement après les compétitions. On dit qu'Anastassia s'occupera désormais de la construction des pistes de ski alpin pour les jeux olympiques de 2014 à Sotchi.
"Sans yacht, il n'y a rien à faire en Sardaigne. Je n'irai pas avec vous", a répondu une "lionne mondaine" à un homme d'affaires moscovite qui l'a invitée à passer les vacances ensemble. En effet, une multitude de yachts croisent autour de l'île. L'un d'entre eux appartient au banquier Alexandre Mamout. Cet été, on l'a vu à Nice et à Cannes. C'est la lionne qui avait raison: avec un yacht, on est partout. Sans yacht, on doit rester dans sa villa à mener une vie de retraité.
Cette année, la traditionnelle surprise-partie organisée par le roi de l'alcool Roustam Tariko a été un échec. Et lequel! L'année dernière, les invités VIP étaient légion. Même Silvio Berlusconi s'était déplacé pour serrer la main à M. Tariko. Cette fois-ci, il n'y avait que des cadres d'échelon moyen et un paire d'imprésarios. Déçu, l'oligarque a décidé de ne plus organiser de soirées au club "Billionaire".
Certes, tous les hommes d'affaires et les fonctionnaires ne peuvent se permettre d'aller dans une station balnéaire fréquentée. Soit parce qu'ils occupent des postes qui les empêchent de se montrer en compagnie d'oligarques, soit parce qu'ils sont retenus par les devoirs de leur charge. Par contre, leurs conjointes - actuelles ou "ex" - s'empressent de converger vers l'épicentre de la vie mondaine. Ainsi, à la surprise générale, l'ex-épouse du "détenu de Ioukos" Platon Lebedev a fait son apparition à Nice. De son côté, la femme du ministre des Finances, Irina Koudrina, est venue faire un séjour sur le littoral italien, à Forte dei Marmi.
Quant à ceux qui sont attachés à leurs proches et amis, ils ont préféré ne pas changer d'habitudes. Ainsi, l'éditrice Paulina Deripaska (Ioumacheva), épouse d'un des hommes d'affaires les plus riches du pays, a caboté, en Méditerranée, sur un yacht en compagnie de ses amies et de son demi-frère Boris Eltsine (petit-fils de l'ex-président russe, ndlr.). Cet été, de même que l'hiver passé, son mari Oleg Deripaska a passé ses vacances loin d'elle.
La Croatie et le Monténégro jouissent depuis peu d'une popularité sans précédent parmi les élites russes. Ce n'est pas sans raison qu'un des multiples yachts de Roman Abramovitch a été remarqué au large de la côte monténégrine.
C'est toujours le Monténégro que le futur premier ministre Viktor Zoubkov a choisi pour se détendre au début du mois de septembre. Non, il n'y est pas venu en vacancier, mais en tant que directeur du Service fédéral de suivi financier (Rosfinmonitoring), pour prendre par au 1er Festival national bancaire de Russie. Chaque jour, un vaste choix de distractions était offert aux festivaliers. Tout le monde s'amusait, se faisait des amis, sauf M. Zoubkov qui préférait se tenir à l'écart. Il faut dire d'ailleurs que les banquiers russes ne cherchaient pas non plus à trop attirer l'attention du principal contrôleur financier du pays sur leur activité. Or, le désir de se distraire a triomphé de la modestie de M. Zoubkov, et il s'est décidé à prendre part à un concours de karaoké. Ayant choisi la chanson "Et Lénine, alors tout jeune...", il l'a chantée avec une maestria digne d'un véritable professionnel. Cette prestation lui a valu le premier prix. Une semaine après son retour à Moscou, M. Zoubkov a été nommé premier ministre. Les banquiers doivent à présent se mordre les doigts d'avoir prêté si peu d'attention au directeur du Rosfinmonitoring.
Donc, la règle principale à suivre au cours des vacances (si on les passe en compagnie d'oligarques), c'est d'être constamment sur ses gardes, de distribuer des sourires à droite et à gauche, et de se faire des amis çà et là: on ne sait jamais lequel des jeunes hommes d'affaires deviendra un jour un deuxième Abramovitch, ni lequel des fonctionnaires aujourd'hui inconnus occupera demain le poste de premier ministre, voire de président...

(Publié dans journal "Moskovski komsomolets" le 28 septembre 2007. Version abrégée)
Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

Moscou: une nouvelle Marche du désaccord autorisée mais limitée



MOSCOU, 28 septembre - RIA Novosti. Les autorités de la capitale russe ont autorisé la Marche du désaccord prévue le 7 novembre prochain dans le centre de Moscou.
Les organisateurs de la manifestation avaient déposé une demande pour la tenue d'une marche, mais les autorités n'ont autorisé que la tenue d'un meeting dans le square Novopouchkinski au centre de Moscou, a indiqué à RIA Novosti l'un des membres du comité d'organisation de la Marche du désaccord, Alexandre Averine.
"Seul un meeting limité à 500 personnes a été autorisé", a-t-il fait savoir.
Cette information a été confirmée à RIA Novosti par les autorités de la ville.
"Un groupe de citoyens a déposé une demande pour la tenue d'un cortège et d'un meeting dans le square Novopouchkinski (près de la place Pouchkine). Nous avons étudié cette demande et il a été décidé de refuser le cortège mais d'autoriser un meeting réunissant 500 personnes au maximum", a-t-on précisé à l'agence.

La Russie a toutes les chances de se positionner sur le marché international du nucléaire (Zoubkov)

MOSCOU, 28 septembre - RIA Novosti. La Russie a de fortes chances de se trouver un créneau sur le marché international du nucléaire, a déclaré vendredi le premier ministre russe, Viktor Zoukov, en visitant l'usine Elemach, dans la banlieue de Moscou, spécialisée dans la fabrication de combustible nucléaire.
"Ce que j'ai vu aujourd'hui est une entreprise unique en son genre. Aujourd'hui, elle est hors concurrence, et les perspectives d'entrée de la Russie sur les marchés internationaux sont très grandes", a-t-il estimé.
"Je pense que le secteur du nucléaire civil connaît aujourd'hui un boom et est assez compétitif sur le marché mondial", a indiqué le chef du gouvernement, en ajoutant que beaucoup de pays, y compris des pays d'Europe occidentale, étaient prêts à coopérer avec la Russie en matière de fabrication de combustible pour les centrales nucléaires.
Sise à Elektrostal, à l'est de Moscou, l'usine Elemach fait partie du groupe TVEL et est l'une des plus vieilles entreprises du secteur en Russie.

Protection du marché énergétique de l'UE: la Russie répondra à d'éventuelles restrictions (Medvedev)



MOSCOU, 28 septembre - RIA Novosti. La Russie répondra à une éventuelle décision de l'Union européenne de limiter la possibilité d'acquérir des actifs énergétiques en Europe, a déclaré vendredi le premier vice-premier ministre russe Dmitri Medvedev.
"Il est à la mode dans certains Etats de prendre des décisions limitant les investissements étrangers (...). Malheureusement, de tels processus ont lieu dans l'Europe unie. Nous estimons que cela contredit l'esprit de la mondialisation et le principe de l'ouverture du marché", a déclaré le responsable gouvernemental russe dans un entretien avec les journalistes, avant une réunion du conseil des directeurs de Gazprom.
Si ces décisions sont finalement prises, la Russie "devra y réagir", a-t-il prévenu.
Interrogé par un journaliste sur une éventuelle mise en place en Russie de restrictions sur les investissements étrangers, M. Medvedev a répondu: "On peut réagir de manière différente, et de manière asymétrique".
De son côté, le président de Gazprom, Alexeï Miller, a fait savoir que le projet de l'Union européenne était attentivement étudié par le holding.
"Le projet a vu le jour il y a une semaine. Ces documents sont actuellement à Gazprom, nous les analysons pour pouvoir prochainement exposer notre point de vue à ce sujet", a indiqué M. Miller.

La Russie favorable au lancement le plus rapide possible d'un dialogue direct Pristina-Belgrade (Poutine)



BOTCHAROV ROUTCHEI (Sotchi), 28 septembre - RIA Novosti. La Russie se prononce en faveur du lancement le plus rapide possible d'un dialogue direct entre Pristina et Belgrade, mais contre toute limitation temporelle de ces discussions, a déclaré vendredi à Sotchi le président russe Vladimir Poutine.
Le chef de l'Etat a fait cette déclaration devant les journalistes à l'issue d'un entretien avec le premier ministre espagnol José Luis Rodriguez Zapatero.
"Nous sommes favorables à ce qu'un dialogue direct s'engage le plus vite possible entre Pristina et Belgrade, mais nous ne croyons pas utile de limiter ces négociations, les insérant dans le lit de Procruste d'un quelconque calendrier", a indiqué M. Poutine.
Il a de nouveau qualifié d'irresponsable le fait de négliger le principe de l'intégrité territoriale des Etats.
"Le principe de l'intégrité territoriale des Etats que la Russie défend, notamment dans le cas du Kosovo, préoccupe bien des pays européens, et nous estimons qu'il est extrêmement irresponsable de négliger ce principe aujourd'hui", a souligné le président russe.

Affaire Lougovoï: Londres n'a toujours pas présenté de preuves à la Russie (Poutine)

BOTCHAROV-ROUTCHEI (Sotchi), 28 septembre - RIA Novosti. La Grande-Bretagne n'a toujours pas présenté les preuves des actes illicites reprochés à l'homme d'affaires russe Andreï Lougovoï, accusé par la justice britannique d'être impliqué dans le meurtre de l'ex-officier du FSB Alexandre Litvinenko, a rappelé le président russe Vladimir Poutine.
"M. Lougovoï est un citoyen russe. Si le système judiciaire russe se voit présenter des preuves d'actes illicites, il prendra sans aucun doute toutes les mesures qui s'imposent pour traduire en justice la personne concernée, quelle qu'elle soit", a indiqué le président russe lors d'une conférence de presse à l'issue de ses entretiens avec le chef du gouvernement espagnol.
La justice britannique réclame l'extradition d'Andreï Lougovoï, mais le Parquet général russe, se référant notamment à une disposition constitutionnelle empêchant l'extradition de citoyens russes vers les Etats étrangers, la lui refuse.
"Malheureusement, nos partenaires britanniques, en exigeant l'extradition de M. Lougovoï, ne présentent aucun document attestant le caractère illicite de ses actes", a relevé le président russe.
L'homme d'affaires Andreï Lougovoï est soupçonné en Grande-Bretagne d'implication dans le meurtre d'Alexandre Litvinenko. Poursuivi au pénal en Russie, ce dernier s'est réfugié à Londres en 2000 et y est décédé en novembre dernier. D'après les données des spécialistes de l'Agence britannique de protection de la santé, l'autopsie a révélé la présence de polonium-210, matière hautement radioactive, dans sa dépouille. Cependant, la conclusion officielle sur les causes de sa mort et les résultats de l'autopsie n'ont jamais été publiés par les autorités britanniques.

vendredi 28 septembre 2007

L'ambassadeur russe en Belgique appelle à ne pas politiser la coopération énergétique Russie-UE

BRUXELLES, 26 septembre - RIA Novosti. L'ambassadeur russe en Belgique Vadim Loukov a invité les experts occidentaux à abandonner l'approche "hyperpolitisée" des problèmes de la coopération entre l'Europe et la Russie dans le domaine énergétique.

"Cette approche est contre-productive, car elle privilégie non pas les facteurs économiques, mais les considérations géopolitiques qui ne sont, en réalité, que les stéréotypes légèrement déguisés de la guerre froide. Cela fait que les possibilités, dont nous disposons pour renforcer en commun la sécurité énergétique de l'Europe, se trouvent artificiellement diminuées", a déclaré le diplomate russe au cours de la conférence internationale sur les problèmes énergétiques qui vient de prendre fin à Bruxelles.

La conférence a réuni le secrétaire général du Secrétariat de la Charte de l'énergie André Mernier, des représentants de la Commission européenne et de l'OTAN, des experts gouvernementaux canadiens et norvégiens, des universitaires d'Oxford et d'Harvard, des spécialistes de centres de recherche russes, belges, finlandais, néerlandais et autrichiens.

"Utiliser les ressources énergétiques pour exercer des pressions politiques ne fait pas partie des objectifs poursuivis par la Russie dans le domaine de la coopération énergétique internationale", a rappelé M. Loukov.

Afin de démontrer que la Russie n'utilise pas les livraisons de gaz vers les pays de la CEI à des fins politiques, l'ambassadeur a cité le fait que ces dernières années, la part de cette région dans les exportations de Gazprom s'est réduite de près de deux fois.

Evoquant le prétendu "chantage énergétique" exercé par la Russie à l'encontre des membres de l'UE ("chantage" qui fait couler tant d'encre en Occident), M. Loukov a rappelé que la dépendance des pays d'Europe centrale et d'Europe de l'Est vis-à-vis des livraisons de gaz russe ne les avait pas empêché d'adhérer à l'OTAN, ni de négocier le déploiement d'un bouclier antimissile américain sur leur territoire.

"Si l'on suit la logique du "chantage énergétique", ce sont les pays baltes (dépendant à plus de 80% des livraisons de gaz russe), la Pologne (65%) et la Finlande (100%) qui doivent dépendre le plus de Moscou sur le plan politique. Mais voyons, en est-il ainsi?", a demandé l'ambassadeur aux participants à la conférence.

Quant aux affirmations de la presse occidentale selon lesquelles la Russie n'est pas suffisamment fiable comme partenaire de l'UE dans le cadre de la coopération à long terme, elles sont sans doute utilisées par les concurrents de Gazprom qui souhaitent affaiblir le commerce de gaz entre la Russie et l'Europe, estime l'ambassadeur.

"Le problème, c'est que ces concurrents n'ont pas grand-chose à offrir sur le marché gazier européen: la production de gaz dans la mer du Nord ne cesse de baisser et les livraisons de gaz liquéfié coûtent cher et proviennent des régions politiquement instables du Proche-Orient ou de l'Australie", a constaté M. Loukov.

"Il faut bien comprendre que toute diminution des importations de pétrole et de gaz russes par l'Union européenne entraînera une augmentation du prix de ces hydrocarbures pour les consommateurs européens", a souligné le diplomate.

A son avis, la réputation de fiabilité est très importante non seulement pour le fournisseur, mais aussi pour l'acheteur, surtout à notre époque de la pénurie grandissante de ressources énergétiques.

Strauss-Kahn sacré aujourd'hui patron du FMI

Malgré quelques solides rancoeurs, l'ancien ministre des Finances de Lionel Jospin récolte les fruits d'une campagne triomphante.

À L'UNANIMITÉ. Les 24 administrateurs du Fonds monétaire international, qui se réunissent aujourd'hui à Washington pour élire leur nouveau directeur général, voteront tous pour lui. Y compris Alexeï Mozhin, le représentant de la Russie dont le gouvernement était pourtant allé chercher un concurrent, le Tchèque Josef Tosovsky. Au FMI, on pratique le consensus : dans un premier temps, le conseil d'administration « vote à blanc », et tout le monde se rallie ensuite au choix de la majorité.
« Il n'y a aucun suspense », affirme-t-on dans l'entourage de Dominique Strauss-Kahn. L'ancien ministre des Finances de Lionel Jospin récolte le bouquet final d'une campagne mondiale dans laquelle il a, presque toujours, bien mené sa barque. Mis sur orbite par Jean-Claude Juncker, le président de l'Eurogroupe, adoubé par Nicolas Sarkozy, officiellement proposé par l'administrateur allemand au FMI, Klaus Stein, le « wunderkind » de Sarcelles est de nouveau fondé à croire en son bon génie.
Passant la semaine dernière son grand oral devant le conseil d'administration du Fonds, il a habilement dénoncé la loi tacite qui voudrait que le job revienne à un Européen : « Cet accord est probablement de moins en moins défendable ; le directeur général doit être choisi pour sa valeur, sans aucune référence à sa nationalité. » C'est pourquoi il s'est lancé dans un voyage de « 60 000 miles », se rendant dans une trentaine de pays - les deux tiers de la population mondiale - pour « les écouter » et « apprendre d'eux ». Avec méthode, l'impétrant a, l'été durant, consigné sur son blog - dsk-imf.net - ses soutiens, du président de l'Afrique du Sud, Thabo Mbeki, au secrétaire américain au Trésor, Henry Paulson. L'Asie, qui conserve du FMI un goût d'amertume depuis la crise financière de 1997, et plus encore l'Amérique latine, en dissidence ouverte, ont été l'objet de toutes ses sollicitudes. « Heureusement que le patron du Fonds va être un progressiste », s'est exclamé Lula, le président du Brésil, avant d'accorder son nihil obstat.
Ce tour de la planète, que Pascal Lamy et Robert Zoelick avaient entrepris en leur temps pour conquérir l'OMC et la Banque mondiale, a pourtant connu son point noir. Le 9 août, DSK est à Moscou ; il y voit le ministre des Finances Alexeï Koudrine, mais n'a pas cherché à rencontrer Vladimir Poutine. « La Russie examinera toutes les candidatures », note, glacial, le communiqué et, dix jours plus tard, les Russes proposent leur candidat, l'ancien gouverneur de la banque centrale tchèque Josef Tosovsky. La manoeuvre n'inquiète pas outre mesure le camp français, autrement dit Pierre Duquesne, l'actuel administrateur français au FMI, Ambroise Fayolle, qui le remplacera demain à ce poste, et Stéphane Richard, ex-collaborateur de DSK au ministère de l'Industrie en 1991, aujourd'hui directeur de cabinet de Christine Lagarde.
Les Allemands ronchonnent en silence
Mais les mines s'allongent lorsque le Financial Times rebondit sur le mécontentement russe. « Le mauvais candidat, choisi de la mauvaise façon », dit de lui le journal britannique, lequel avait fait, quelques mois plus tôt, une campagne virulente et victorieuse pour expulser Paul Wolfowitz de la présidence de la Banque mondiale. « Le FT se prend pour le faiseur de rois des organisations internationales !, ironise-t-on aujourd'hui à Paris, tout en reconnaissant avoir vécu plusieurs jours d'« angoisse ». Pour sa part, le gouvernement britannique attend le 31 août et la clôture des candidatures pour soutenir DSK. Gordon Brown n'a pas oublié l'humiliation subie le 4 juin 1998, au château de Senningen, Luxembourg, lorsque ses pairs de l'Union européenne lui avaient refusé de figurer sur la photo des ministres des Finances célébrant la création de « l'Eurogroupe ». De leur côté, les Allemands ronchonnent en silence : ils se souviennent qu'en 1998-1999, DSK, dans son enthousiasme pour l'Union monétaire et l'euro, avait proposé que la France et l'Allemagne fusionnent leurs postes d'administrateurs au FMI. C'est en réalité l'ensemble des pays européens qui s'inquiète des promesses faites, tout au long de sa campagne, par le Français aux pays émergents d'accroître leurs droits de vote au Fonds, car ce ne peut être qu'à leurs dépens (voir encadré).
« Mon Dieu, garde-moi de mes amis. Quant à mes ennemis, je m'en charge », pourra se dire ce soir DSK, qui succédera effectivement à Rodrigo Rato le 1er novembre. Comme tous ses prédécesseurs, il lui faudra batailler avec le premier actionnaire du Fonds, les États-Unis, qui bénéficient d'un droit de veto. « Le directeur général du FMI est en réalité moins puissant que son numéro deux, actuellement John Lipsky, nommé par les Américains et qui fait tourner la boutique. Le directeur général ayant avant tout un rôle de représentation », note, sarcastique, un directeur de la maison.

JEAN-PIERRE ROBIN.
Le Figaro
Publié le 28 septembre 2007
Actualisé le 28 septembre 2007 : 07h37

LA FRANCE ET L’OTAN


Analysant les réactions, suscitées par les déclarations du président français Nicolas Sarkozy au sujet du retour éventuel de la France dans les structures militaires de l’OTAN, notre observateur Valentin Dvinine écrit :
L’interview, accordée par le président français au journal « New York Times » à la veille de son voyage aux Etats-Unis, a suscité un vif intérêt des médias internationaux, surtout dans la partie concernant les conditions, auxquelles la France pourrait réintégrer dans l’Alliance Atlantique la place qu’elle abandonnait il y a plus de 4O ans.
Je tiens à vous rappeler, poursuit notre observateur, que Charles de Gaulle, alors président de France, a déclaré en février 1966 que son pays « quitte le commandement intégré du Traité de l’Atlantique Nord » et « donne congé aux troupes étrangères, basées sur son territoire ». Il a argumenté cette démarche par la nécessité de « rétablir une situation normale de souveraineté, pour que la France décide seule l’intervention de son armée et l’usage de sa force de frappe nucléaire ».
En pleine guerre froide, cette déclaration a fait sensation, mais elle a contribué sans aucun doute à la détente internationale, obtenue grâce notamment à Paris et à Moscou.
Des changements radicaux se sont produits dernièrement en Europe et dans le monde. La guerre froide a pris fin. Les membres de l’OTAN et la Russie discutent aujourd’hui des actions conjointes, concernant, par exemple, la lutte contre le terrorisme, et organisent des manœuvres conjointes. Et pourtant, les déclarations faites par le président français dans le « New York Times » ont été perçues comme une sensation. D’aucuns y ont même vu l’abandon par Nicolas Sarkozy de la politique étrangère de son prédécesseur Jacques Chirac, une sorte de manifestation des comportements pro-atlantiques et pro-américains, dirigés contre Moscou.
A mon avis, écrit Valentin Dvinine, ces conclusions sont pour le moins hâtives et témoignent de la connaissance insuffisante de l’historique du problème.
A mesure de l’évolution de la situation internationale et de l’Alliance elle-même, Paris avait déjà fait des démarches pour se rapprocher davantage de l’OTAN. Mais pas dans le sens de son alignement sur Washington. Ainsi, au début de son premier mandat présidentiel, en novembre 1995, Jacques Chirac a parlé « d’ouvrir une réflexion sur sa participation à une Alliance Atlantique rénovée » et au début de l’année suivante il « avait plaidé pour une Alliance rééquilibrée avec un meilleur partage de responsabilités entre les Etats Unis et l’Europe ».
En septembre de la même année, la France a menacé « d’arrêter son rapprochement vers l’OTAN si ses demandes sur l’européanisation du commandement sud de l’Alliance ne sont pas satisfaites ».
Précisons que dans son interview à « New York Times » Nicolas Sarkozy n’a pas mentionné pour la première fois la réintégration de la France dans les structures militaires de l’OTAN. En août dernier, parlant à l’Elysée à la conférence annuelle des ambassadeurs français à l’étranger, il « avait annoncé des initiatives très fortes de la France en faveur de l’Europe de défense, tout en souhaitant qu’elle prenne toute sa place au sein de l’OTAN ».
De ce fait, dans son interview à « New York Times » le président français a révélé le contenu des initiatives déjà déclarées, en invoquant deux préalables fermes pour le retour de son pays dans les structures de commandement de l’Alliance. Premièrement, c’est « une avancée sur l’Europe de la défense » qui permettrait à l’Europe unie d’être indépendante dans l’application de sa défense. Deuxièmement, c’est l’octroi aux représentants de France de postes dans « les instances de direction au plus haut niveau ». « Sans avancées sur ces deux préalables, il n’y aura pas de réintégration », a précisé Nicolas Sarkozy.
Convenez qu’on ne saurait qualifier ces conditions de pro-atlantiques ni de pro-américaines. Il serait sans doute plus juste de les qualifier de pro-européennes et pro-françaises, ce qui témoigne non pas de la rupture avec la politique étrangère de Jacques Chirac, mais plutôt de sa continuation., estime notre observateur.
En I997, la volonté de Jacques Chirac de faire revenir la France dans les structures militaires de l’OTAN, à condition de la rénovation de l’Alliance et d’une répartition plus juste des responsabilités entre les Etats-Unis et l’Europe, s’est heurtée au refus de l’administration de Bill Clinton de céder à Paris le commandement sud de l’Alliance. L’administration actuelle de George Bush, acceptera-t-elle les initiatives du nouveau président français , visant à assurer un équilibre entre la réforme de l’OTAN et la création d’une véritable défense européenne ?
L’examen de ces initiatives est déjà en cours dans l’OTAN. Selon une déclaration faite cette semaine par l’Agence France Presse, citant des sources françaises, proches du dossier, « rien ne serait encore arrêté ». Selon l’AFP, il appartient de mener des discussions sérieuses avec les alliés, surtout avec les Américains et les Britanniques. Les résultats ne seront pas connus avant début mars prochain.
Donc, il serait prématuré de faire des conclusions aujourd’hui.

La Voix de la Russie
27.09.2007

jeudi 27 septembre 2007

LA POLITISATION DE LA COOPERATION ENERGETIQUE AVEC LA RUSSIE NUIT AUX INTERETS DE L’EUROPE


La politisation de la coopération énergétique avec la Russie fait un tort aux intérêts de l’UE — c’est de cette façon retenue et correcte que Moscou a réagi aux initiatives de la Commission européenne de limiter l’accès des compagnies russes au marché européen de l’énergie. En voici quelques détails avec notre observateur Constantin Garibov.
L’Europe ne doit pas craindre le consortium GAZPROM, qui se soucie invariablement du maintien de la sécurité énergétique de l’Europe, a déclaré le deuxième personnage dans la direction de cette compagnie Alexandre Medvédev dans les colonnes du « Financial Times » londonien. GAZPROM se propose de discuter de façon constructive des propositions de la Commission européenne qui portent sur les problèmes de la propriété, des investissements, de la politique des prix et de la sécurité des livraisons. L’attention des partenaires européens est appelée une nouvelle fois sur la prise en compte des intérêts réciproques. D’autant plus que de l’avis du top manager russe, GAZPROM souhaite sécuriser les livraisons du gaz en Europe dans la même mesure que l’Union elle-même.
Il ressort de la déclaration d’Alexandre Medvédev que la compagnie n’a pas l’intention de politiser la situation et n’envisage pas d’adopter des mesures de riposte si l’UE limite sa présence sur son marché. Cela se rapporte aussi à la révision des prix du gaz fournis à l’Europe, bien que cette éventualité ne soit pas exclue, estime l’expert Alexei Gromov :

En principe, les prix du gaz se forment indépendamment des désirs du fournisseur ou du consommateur. Ils sont régis par une formule spéciale et se basent sur le panier des prix des dérivés de pétrole. C’est pourquoi, à long terme le prix du gaz que nous vendons à l’Europe dépendra du prix du pétrole. Mais la Russie peut vendre son gaz selon le plafond du corridor des prix conformément à cette formule. C’est un côté du problème. Pourtant il est depuis longtemps question de la nécessité de renoncer aux prix du gaz rattaché au pétrole et d’adopter d’autres formules de formation des prix. Je pense que dans cette situation la Russie aura en principe intérêt à hâter le travail dans cette direction et à proposer dans le futur sa formule du prix, qui ne dépendra pas de celui du pétrole, estime Alexei Gromov.
La Russie n’a pas l’intention d’utiliser ses livraisons de ressources énergétiques pour exercer des pressions politiques. Sa priorité est de mettre à profit les possibilités réelles et croissantes de la coopération pour renforcer, conjointement avec l’UE, sa sécurité énergétique comme fournisseur et celle des pays européens comme consommateurs. Ceci a été confirmé mercredi par l’ambassadeur russe en Belgique Vadim Loukov à la conférence internationale sur la sécurité énergétique à Bruxelles, à laquelle ont pris part des représentants de l’UE et de l’OTAN.

La Voix de la Russie
27.09.2007

Russie-UE: la levée du veto polonais au lancement des négociations peu probable (ambassadeur russe)

BRUXELLES, 27 septembre - RIA Novosti. Il est peu probable que d'ici le sommet Russie-UE, le 26 octobre prochain, la direction de l'Union européenne arrive à obtenir de la Pologne qu'elle change d'attitude quant aux négociations sur un nouvel accord de partenariat et de coopération entre la Russie et l'UE, a déclaré jeudi à RIA Novosti Vladimir Tchijov.

Vladimir Tchijov est le représentant permanent de la Fédération de Russie auprès de l'Union européenne (UE).

A la veille du sommet Russie-UE en novembre 2006 à Helsinki, la Pologne a bloqué le lancement des négociations d'un nouvel accord élargi de partenariat et de coopération (APC) entre la Fédération de Russie et l'Union européenne, en exigeant que Moscou lève son embargo aux importations de la viande polonaise et ratifie la Charte de l'énergie.

L'actuel accord de partenariat et de coopération entre la Russie et l'UE est entré en vigueur en 1997 et expire le 30 novembre prochain.

"Le succès ou l'insuccès du futur sommet ne dépend pas d'une seule question, et l'avenir de l'APC élargi n'est que l'une des questions figurant à l'ordre du jour du sommet", a fait remarquer l'ambassadeur russe auprès de l'Union européenne.

"A part cette question, l'ordre du jour est suffisamment vaste et comprend, entre autres, la mise en application des feuilles de route de la formation des quatre espaces communs. Quoi qu'il en soit, on a lieu de dresser déjà un certain bilan positif de la progression en la matière", a dit le diplomate.

Vladimir Tchijov a particulièrement retenu le lancement réussi du dialogue Russie-UE en matière de coopération régionale.

Serbie: des négociations directes avec Pristina, ultime chance de compromis sur le Kosovo

NEW YORK, 27 septembre - RIA Novosti. La rencontre directe entre les représentants de Belgrade et de Pristina est l'ultime chance de compromis entre les parties sur le statut du Kosovo, a déclaré le premier ministre serbe Vojislav Kostunica.

"Nous entendons mener demain des négociations directes - pour la deuxième fois ces deux dernières années - d'une très courte durée, avec les Albanais du Kosovo et les représentants de la troïka (de médiateurs internationaux). Je le répète, il s'agit, peut-être, de l'ultime chance pour tous les participants aux négociations d'annoncer leur attachement à un compromis et non l'indépendance unilatérale du Kosovo", a noté le premier ministre serbe dans un entretien avec les journalistes russes à l'issue de négociations de 20 minutes avec le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

La Serbie est prête à accorder aux Albanais du Kosovo le statut de minorité nationale la plus privilégiée, a confirmé M. Kostunica.

Les négociations sur le futur statut de cette province de l'ancienne Yougoslavie peuplée essentiellement d'Albanais, en quête de son indépendance, avaient jusqu'à présent été menées avec la médiation de la Russie, des Etats-Unis et de l'Union européenne, une "troïka" d'Etats formée par le groupe de contact sur le Kosovo. Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Italie, l'Allemagne et la Russie font partie de ce groupe.

Depuis 1999, le Kosovo est placé sous protectorat de l'ONU, en vertu de la résolution 1244 du Conseil de sécurité.

Grippe aviaire: l'impuissance inavouée


Que sait-on réellement sur le virus? Entretien avec Evgueni Kouznetsov, du Centre pour la santé des animaux sauvages, par Tatiana Sinitsyna

Un nouveau foyer de grippe aviaire a été enregistré en Russie: un cygne mort a été trouvé dans le territoire de Krasnodar (sud de la Russie), l'alerte a été déclenchée dans un élevage local où des milliers de poules ont été abattues. L'automne, saison des migrations, renforce encore les inquiétudes: selon les services sanitaires russes, ce sont les oiseaux sauvages qui propageraient le virus. En est-il vraiment ainsi?

Q: On affirmait, il y a encore un an, qu'il suffirait que l'ADN du virus de la grippe aviaire fasse encore un pas dans sa mutation pour que 60 millions d'hommes en meurent...

R: Ce n'est toujours pas le cas malgré le fait que les mutations soient permanentes. Plus exactement, le virus a nettement "progressé", mais pas en direction de l'homme. Heureusement.

Q: Bien que les oiseaux n'aient pas de personnalité juridique, il serait bon de leur appliquer le principe de la présomption d'innocence. La responsabilité des oiseaux sauvages dans la propagation de la grippe aviaire est-elle vraiment prouvée?

R: Il est plus compréhensible et facile de penser pour un fonctionnaire que la cause est évidente et que la responsabilité incombe aux oiseaux sauvages. Mais examinons les faits concrets: le très pathogène virus H5N1 de la grippe aviaire a fait son retour en Russie au mois d'août. Un cygne a été retrouvé mort dans le territoire de Krasnodar, puis le virus a été repéré dans un élevage et des dizaines de milliers de poules ont été euthanasiées. Le chef des services sanitaires russes Guennadi Onichtchenko s'est alors empressé de publier une mise en garde affirmant que de nouveaux foyers apparaîtraient avec l'automne, au moment de la migration des oiseaux. Mais si, pour nos services vétérinaires, la responsabilité des oiseaux sauvages dans l'apparition et la propagation du virus ne fait aucun doute depuis le début, pour les chercheurs, la chose n'est pas aussi évidente. La question reste ouverte, y compris pour des organisations internationales faisant autorité telles que la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) ou l'OIE (Organisation mondiale de la santé animale). Qui peut expliquer, par exemple, comment la grippe aviaire a pu pénétrer dans l'enceinte de l'élevage du territoire de Krasnodar? De même que nul ne sait comment elle est apparue, au mois de juin, dans un élevage de dindes tchèque, avant de faire parler d'elle en Allemagne. La propagation du virus H5N1 sur de grandes distances est possible mais la version de la responsabilité des oiseaux sauvages soulève bien des questions. Les élevages fonctionnent en cycle fermé, ce qui exclut tout contact entre les animaux qu'ils renferment et leurs congénères à l'état sauvage.

Q: Le cygne retrouvé mort est-il victime ou fautif?

R: Il a peu de chances d'être fautif. Un cygne sauvage n'a que faire d'un élevage de poules. Le cygne est probablement une victime mais une coïncidence est également possible. Les espèces telles que corneilles, freux, moineaux et étourneaux, qui se nourrissent de charognes, donc aussi de cygnes morts, ont pu servir d'intermédiaire. Des données similaires ont été recueillies lors des épidémies de janvier 2006 au Daghestan. C'est une version qui semble plausible mais qui n'a pas été prouvée à ce jour.

Q: Pourquoi les cygnes meurent-ils plus souvent que les oiseaux d'autres espèces?

R: Les raisons sont nombreuses. Premièrement, c'est une espèce qui ne migre pas loin, qui passe l'hiver dans ce qu'il est convenu d'appeler les "aires d'hivernage froides" situées près de la Caspienne et de la mer Noire, sur les contreforts du Caucase et même en Europe. Deuxièmement, le cygne ne craint pas d'être inquiété par l'homme si bien qu'il niche et hiberne fréquemment à proximité de celui-ci, où il peut plus facilement être infecté par des oiseaux domestiques. Troisièmement, les cygnes vivent en groupes, ce qui facilite la transmission de tous les agents viraux. Enfin, le cygne a une corpulence qui fait qu'il se remarque facilement, son cadavre est plus aisément découvert et plus lentement dépecé par les charognards. Les oiseaux plus petits (comme les canards ou les foulques) s'enfoncent généralement dans la végétation où ils meurent sans qu'on les remarque. De plus, en raison des conditions difficiles d'hivernage qui provoquent une baisse de leur immunité, les cygnes ont une plus grande sensibilité aux maladies et y résistent moins bien. C'est pourquoi le décès d'un cygne en période hivernale est un processus normal, un trait spécifique de l'écologie de cette espèce qui n'a aucun rapport avec les épidémies dans les fermes avicoles. Ce sont deux processus parallèles qui sont simplement reliés par un même agent.

Q: Tout récemment encore, on plaçait de grands espoirs dans la vaccination. A-t-elle eu les effets escomptés?

R: En 2005, tous les cas de grippe aviaire en Russie (à l'exception de celui qui a touché l'élevage industriel d'Outiatinsk et qui reste encore confus) ont été recensés dans des exploitations individuelles. Nos services vétérinaires ont été très fiers d'avoir pu éviter que des élevages industriels ne soient touchés. En 2006 et 2007, en revanche, on a régulièrement enregistré (tout particulièrement dans le Sud) des foyers de la maladie dans des élevages industriels alors que la situation restait normale dans les exploitations individuelles. Il faut sans doute y voir les effets de la vaccination, réalisée dans ces petites exploitations mais rejetée par les élevages industriels.

Q: Vous vous souvenez, je pense, des cas qui ont touché le Marché aux oiseaux de Moscou, en février 2007. Les oiseaux sauvages migrateurs ne pouvaient être mis en cause...

R: Oui, on est vite remonté à l'éleveur qui avait vendu les oiseaux contaminés. Mais le public n'a jamais su comment un oiseau infecté s'était retrouvé chez le vendeur. Bien sûr, les oiseaux sauvages peuvent jouer un certain rôle dans la transmission du virus. Mais les raisons essentielles sont à chercher dans les élevages et le commerce qui sont souvent mal contrôlés. C'est bien sur cette principale cause qu'insistent toutes les organisations mondiales de protection de l'environnement et les grandes organisations intergouvernementales (la FAO, l'OMS, l'OIE) qui sont chargées de régler ce problème.

Q: Mais d'où vient le virus dans ce cas? Quel est le schéma d'apparition des épizooties?

R: La communauté scientifique mondiale se perd toujours en conjectures sur l'origine du virus. On suppose que les souches hautement pathogènes se forment à partir de souches qui le sont moins et qui n'entraînent donc pas le décès des oiseaux et ne sont par conséquent pas identifiées. Par la suite, les animaux domestiques contaminent les oiseaux sauvages qui, du fait de leur mobilité, peuvent propager le virus sur une certaine distance. Quelle distance? Nul ne le sait, si bien que le schéma proposé reste hypothétique. Mais les experts étrangers l'admettent tout de même. La science rejette, pour l'instant, l'idée que le virus puisse survivre longtemps dans le milieu environnant: sol, eau, végétation, sur les oiseaux, etc. Peut-être est-il présent dans l'organisme des oiseaux sous une forme faiblement pathogène. Mais il devrait alors être facilement détectable par des analyses. En Europe, on a effectué des prélèvements sur 300.000 volatiles mais très peu d'entre eux étaient porteurs du H5N1. Il n'y a aucune migration l'été, sauf à l'intérieur même de l'Europe. Ces analyses ont été menées sur le territoire de 40 pays.

Q: De l'avis des chercheurs, on ne peut éradiquer la grippe aviaire du fait de la capacité du virus à muter sans cesse...

R: Le virus de la grippe aviaire a toujours été présent dans la nature et il ne peut pas disparaître. Au cours du processus d'évolution, la souche H5N1 s'est mise à se différencier fortement des modifications hautement pathogènes antérieures. C'est ainsi qu'elle est devenue capable, dans certains cas, d'infecter des mammifères, des félidés carnivores (chat et tigre), des mustélidés (vison, fouine) et même, en laboratoire, le putois. En outre, sa capacité de transmission par les voies respiratoires et non par les fientes d'oiseaux s'est considérablement accrue. Toutes ces modifications font aussi dire aux virologistes que le virus pourrait se transformer en virus humain, contaminant facilement l'homme et susceptible même d'engendrer une pandémie.

Q: Que nous apprennent encore les recherches actuelles, en dehors de la mutabilité du virus?

R: La science n'arrive pas à suivre la cadence des mutations et reste pour l'instant incapable d'émettre une seule hypothèse fiable concernant l'écologie du virus. Les experts ont déterminé que le virus au point A était à 99,2 % identique au virus au point B. Au-delà de ça, ils fantasment, avec les vétérinaires, sur la manière dont les oiseaux sauvages ont pu transporter ce virus du point A au point B, passant outre les quatre mille kilomètres qui séparent ces deux endroits et où l'on n'a pas trouvé un seul cadavre d'oiseau. La conclusion n'a pas de quoi nous rassurer: l'humanité ignore l'écologie de ce virus, comme celle de tous les autres. Ce n'est pas un hasard si l'Homme a longtemps ignoré ce qu'était réellement un virus: matière vivante ou minérale? C'est un microcosme sur lequel l'homme a encore tout à apprendre. En attendant, je vous conseille de bien vous laver les mains et de ne pas manger de volaille crue.

Q: Nul n'ignore que les biologistes et les ornithologues n'ont pas le même point de vue que les services vétérinaires sur la lutte contre la grippe aviaire...

R: On ne peut que mettre en garde contre l'ingérence des fonctionnaires dans la nature. En février dernier, au cours d'une conférence de presse à RIA Novosti, le chef des services vétérinaires russes Nikolaï Vlassov déclarait que les non-spécialistes, c'est-à-dire les ornithologues, ne devaient pas se mêler de la question de la grippe aviaire. Mais, avec la question des oiseaux sauvages, les vétérinaires eux-mêmes s'ingèrent grossièrement dans un domaine qui ne relève pas de leurs compétences. La Russie est le seul pays au monde à avoir accepté, au niveau de l'Etat, l'abattage d'oiseaux sauvages afin d'éviter qu'ils entrent en contact avec les oiseaux domestiques. C'est tout à la fois inhumain et insensé, voire même nuisible. Il ne faut pas non plus gaspiller l'argent de l'Etat en vaccinant les oiseaux sauvages dans la nature. Il vaut mieux remettre de l'ordre dans les élevages industriels et le commerce.