jeudi 29 novembre 2007

Le Kosovo vers la sécession après l’échec des négociations

L’indépendance de la province serbe est au centre d’un bras de fer international entre les États-Unis, la Russie et l’Union européenne.
Huit ans après l’intervention de l’Otan contre les forces serbes au Kosovo, l’ancienne province de Serbie, administrée depuis 1999 par la communauté internationale, s’apprête à déclarer dans les mois qui viennent son indépendance de manière unilatérale. Les ultimes pourparlers serbo-kosovars se sont achevés hier à Baden, en Autriche, sur une impasse totale, ni les autorités de Belgrade, ni les responsables albanophones n’acceptant de faire le moindre geste.
Les États-Unis et la plupart des pays de l’Union européenne (22 sur 27) se sont déjà prononcés pour l’indépendance, mais ils imposeront sans doute au nouveau premier ministre du Kosovo la date à laquelle l’événement devra avoir lieu. «Ici, malheureusement, ce ne sont pas les Albanais qui décident, mais la communauté internationale. Le destin du Kosovo nous échappe», regrette Albin Kurti, jeune contestataire kosovar.
Car l’indépendance, pour laquelle tous les partis politiques kosovars luttent depuis des années, est au cœur d’une bataille politique entre les grandes puissances. États-Unis, Russie et Union européenne règlent leurs différends au Kosovo, objet de marchandages internationaux qui dépassent, et de loin, les problématiques balkaniques.
La Russie de Vladimir Poutine a choisi le Kosovo et la Serbie pour montrer ses nouveaux muscles sur la scène politique internationale. Elle a apporté son plein soutien à Belgrade, qui dit redouter qu’une sécession du Kosovo ne conduise à un «effet domino» dans une région encore fragilisée par les guerres d’indépendance des années 1990. Moscou a menacé d’opposer son veto à une éventuelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’indépendance de la province. Puis elle a poussé les autorités serbes de Belgrade à bloquer leur rapprochement avec l’Otan. Hier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a jugé la situation «très alarmante». «Nous ne pouvons accepter les incantations selon lesquelles il s’agirait d’une situation exceptionnelle et que l’indépendance serait inévitable», a ajouté Lavrov.
L’attitude russe est un peu la réponse du berger à la bergère. «L’utilisation de la Serbie pour tenter de bloquer l’extension de l’Otan à l’est de l’Europe est une réplique directe au projet de bouclier antimissile que les Américains ont l’intention d’installer dans la région, notamment en Pologne», explique Misa Brkic, directeur du magazine Economist à Belgrade.
Les États-Unis ont pour l’instant réagi avec modération. À Pristina, les Kosovars redoutent que le soutien américain à l’indépendance du Kosovo finisse par pâtir, si les choses venaient à traîner, d’éventuelles concessions que Moscou et Washington pourraient s’accorder sur les dossiers internationaux. «Il n’y aura pas de solution au Kosovo tant que les États-Unis et la Russie n’auront pas trouvé une entente et réduit leurs divergences sur les grands problèmes du moment», commente Moma Trajkovic, un leader serbe modéré de la province.
Sphère d’influence de Moscou
Quant à l’Union européenne, elle est bien trop dépendante du gaz russe pour pouvoir ignorer l’opposition moscovite à l’indépendance du Kosovo.
La querelle sur la province balkanique permet aussi à Moscou de préserver ses intérêts dans l’ancien espace soviétique. La Russie a en effet affirmé qu’elle considérerait l’indépendance du Kosovo comme un précédent qu’elle pourrait reproduire dans sa sphère d’influence, notamment en Abkhazie et en Transnistrie, deux républiques indépendantistes très proches de Moscou. «Le Kosovo, redoute l’analyste kosovar Lulzim Peci, risque de devenir le centre d’un nouveau clash des idéologies entre l’Occident et la Russie. Il faut nous préparer à une nouvelle guerre froide.»
Isabelle Lasserre
29/11/2007 Mise à jour : 08:13
Le Figaro

Vladimir Poutine fait jouer le sentiment anti-américain pour discréditer l'opposition

En accusant les Etats-Unis de chercher à discréditer les législatives du 2 décembre en Russie, le président russe Vladimir Poutine poursuit sa rhétorique habituelle sur les ennemis du pays. La stimulation du sentiment anti-américain, un exercice hérité de la période de la guerre froide, est une des cordes que le maître du Kremlin aime à faire vibrer pour rallier l'opinion publique.

Au moment où s'ouvre la campagne en vue de la présidentielle du 2 mars, le recours à l'image d'une Russie entourée de forces hostiles qui veulent sa perte revient sans cesse dans le discours officiel. Entouré, lundi 26 novembre à Saint-Pétersbourg, des jeunes espoirs du parti Russie unie, qu'il conduit aux législatives, M. Poutine a affirmé que le retrait des observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) était dû à des pressions américaines.
"Nous avons des renseignements, une fois de plus, selon lesquels ce retrait a été décidé sur la recommandation du département d'Etat américain", a-t-il déclaré. Il a ensuite expliqué que la Russie devait avoir une défense assez forte "pour décourager ceux qui sont tentés de fourrer leur nez plein de morve dans nos affaires".
La diatribe du chef de l'Etat russe intervient au lendemain des critiques formulées par Washington et Bruxelles au sujet de l'arrestation de l'opposant Garry Kasparov et de la brutalité avec laquelle le Kremlin a fait taire les manifestations organisées par l'opposition dans plusieurs villes russes (Moscou, Saint-Pétersbourg, Nijni-Novgorod, Nazran) en fin de semaine dernière.
Les autorités russes se sont justifiées, mardi, en accusant l'opposition d'être financée par étranger. Le numéro deux du ministère russe de l'intérieur, le général Alexandre Tchekaline, a assuré que les actions des policiers avaient été "délicates, légitimes et bienveillantes". Le général a dénoncé le financement de l'opposition "depuis l'étranger" et l'a accusée de payer ses manifestants.
LES "ENNEMIS INTÉRIEURS"
Le 21 novembre, lors d'un meeting au stade de Loujniki, Vladimir Poutine avait comparé les représentants de l'opposition à des "chacals" occupés à chercher des soutiens financiers auprès des "ambassades étrangères". Ces accusations sont, depuis, répétées en boucle par les médias officiels dans le cadre d'une campagne visant à décrédibiliser les adversaires du pouvoir.
Depuis peu, un livre, Les Ennemis de Poutine, a fait son apparition dans toutes les librairies moscovites. La maison d'édition qui le publie a beau s'appeler "Europe" (Evropa), elle est dirigée par un adepte du discours anti-occidental, Gleb Pavlovski, le principal communicant du Kremlin.
Estimant que "l'attitude hostile de l'étranger envers notre pays est compréhensible", les auteurs se concentrent sur les "ennemis intérieurs" de la Russie. Sept opposants sont évoqués (Garry Kasparov, Edouard Limonov, Boris Berezovski, Mikhaïl Kassianov, Vladimir Goussinski, Mikhaïl Khodorkovski, Andreï Illarionov), sous les traits des sept péchés capitaux. La Russie a-t-elle des amis ? La réponse est écrite dans la préface : "Son armée et sa flotte."
Marie Jégo
LE MONDE 28.11.07 14h58 • Mis à jour le 28.11.07 14h58 MOSCOU CORRESPONDANTE

Dans la toundra tchouktche, Poutine règne sans partage


Anadyr, Tchoukotka. Les façades ont été rénovées grâce aux subsides de son gouverneur, le milliardaire Abramovitch.
La province la plus orientale de Sibérie vit un miracle économique grâce à son gouverneur milliardaire, mécène loyal au Kremlin et patron du club de football londonien de Chelsea.
Loin, si loin de Moscou, dans leur blanche toundra balayée par la bise qui pique le visage, Vassili et Maïa, Volodia et Lera ont déjà glissé leur bulletin dans l’urne. Emmitouflés dans leurs vestes, bonnets et bottes traditionnels en fourrure de renne, ces éleveurs tchouk­tches, comme quelques dizaines de milliers de Russes isolés, étaient autorisés à voter avant le 2 décembre pour les législatives. Le bureau de vote s’est déplacé en véhicule à chenilles, la semaine dernière, jusqu’à leurs deux yarangas, les grandes tentes tchouktches en peau, plantées à une centaine de kilomètres de la métropole régionale, Anadyr.
Nous sommes en Tchoukotka, la région la plus orientale de Sibérie, face à l’Alaska, à 6 200 km à vol d’oiseau de Moscou. Et neuf heures de décalage. Une province au climat extrême, si isolée que ses habitants (russes à 66 %, autochtones à 20 %) appellent le reste du pays «le continent».
La Tchoukotka a littéralement ressuscité depuis que Vladimir Poutine a désigné un gouverneur hors du commun, élu en 2000 : le milliardaire Roman Abramovitch, surtout célèbre comme patron du club de foot londonien de Chelsea.
Dans la toundra, par – 25°C, Lera laisse ouvert le rabat de sa yaranga pour faire entrer les derniers rayons du soleil, à 14h30. À l’intérieur, envahi par la fumée du foyer, la jeune femme offre au visiteur une côte de renne bouillie. Lera a voté « pour Russie unie, bien sûr ».
«Tant qu’il y a de la viande»
Le parti du président n’a tout simplement pas de concurrence dans cette région de 52 000 âmes dispersées sur une étendue vaste comme 1,3 fois la France. La Tchoukotka n’envoie qu’un seul député à Moscou (sur 450). L’unique concurrent est un candidat du parti nationaliste LDPR de Vladimir Jirinovski.
Arkadi Makouchkine, responsable du «kolkhoze», ainsi que l’on désigne encore l’élevage de rennes, est venu de Kantchalan en hélicoptère, l’autobus régional. Il est un des neuf membres locaux de Russie unie. «Bien sûr, nous redoutons le jour où Roman Arkadievitch Abramovitch s’en ira, et le départ de Poutine. Mais tant qu’il y a de la viande…», relativise-t-il.
Imperceptible dans la toundra, le «miracle Abramovitch» est frappant à Anadyr. Vue d’hélicoptère, la ville de 11 000 habitants semble construite en Lego. Les barres d’immeubles soviétiques de cinq étages s’alignent comme des petites briques colorées en bleu, rouge, jaune ou mauve. «Avant, c’était gris, sale, boueux», se souvient un habitant.
Hormis les bateaux échoués sur les rives du fleuve Anadyr gelé, tout en ville semble neuf. La centrale thermique à gaz (2006), le magnifique palais de la culture au profil d’ours blanc, le cinéma et son cybercafé. À la maternelle «Conte de fée», ouverte cette année, le «milliardaire du président» a fait venir exprès un peintre décorateur de Moscou. Les gosses partent en vacances au bord de la mer Noire aux frais de l’administration. Le directeur de l’hôpital doté d’équipements modernes, Alexandre Maslov, est fier d’avoir divisé par quatre, en six ans, la mortalité infantile, la ramenant au meilleur niveau de Russie.
«Le climat est rude, concède une vendeuse gitane du marché, venue de Rostov-sur-le-Don, mais ici au moins, il n’y a pas de mafia !» Plusieurs résidants renchérissent : «Un gouverneur déjà milliardaire ne te vole pas.»
L’économie de la Tchoukotka, sinistrée il y a six ans, vit encore sous perfusion des subventions fédérales et de l’aide des deux fonds alimentés par Roman Abramovitch à hauteur de deux cents millions de dollars en 2007. Mais les projets visant à l’autosuffisance se multiplient. La production d’or augmente de nouveau, une raffinerie est prévue pour enfin exploiter le pétrole local. Natalia, dynamique professeur d’anglais du lycée, résume l’état d’esprit général : «Avant Abramovitch, il n’y avait pas d’espoir.»
Dans ce contexte paternaliste, la ville est presque totalement acquise à Russie unie. Les drapeaux du parti présidentiel ornent le hall de l’hôtel Tchoukotka, les caisses du supermarché, l’aéroport. Et personne n’y trouve à redire.
Bien sûr, derrière les façades colorées, tout n’est pas rose. À l’intérieur, des appartements sont encore délabrés. Même si les salaires sont élevés et attirent du monde, la vie est chère. Le prix du pain est deux fois plus élevé qu’à Moscou, celui du kilo d’orange, trois fois. L’alcoolisme, comme dans l’ensemble de la Russie, fait toujours des ravages dans les villages, constate la Croix-Rouge. Certains, comme cette mère fatiguée, ne rêvent que de quitter une région «où il n’y a pas d’avenir pour les enfants». Les hiérarques du Kremlin peuvent néanmoins dormir tranquilles. Ce n’est pas du bout de la Sibérie que soufflera une «révolution orange» .
Le Figaro
Fabrice Nodé-Langlois, envoyé spécial à Anadyr.
28/11/2007 Mise à jour : 20:59

mercredi 28 novembre 2007

L'Allemagne et la Russie sont au coeur de la nouvelle diplomatie de Varsovie

C'est un premier geste pour tenter de dégeler les relations difficiles entre Varsovie et Moscou : mardi 27 novembre, le nouveau premier ministre polonais, le libéral Donald Tusk, a levé l'opposition polonaise à des négociations d'adhésion de la Russie à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

"J'ai informé la partie russe de l'abandon par la Pologne de son blocage sur les négociations", a annoncé le premier ministre. M. Tusk a laissé entendre qu'il pourrait se rendre rapidement à Moscou. Son prédécesseur, le conservateur Jaroslaw Kaczynski, avait gelé les relations avec la Russie en raison de l'embargo russe sur la viande polonaise depuis novembre 2005.

Pour l'heure, l'agenda de M. Tusk ne prévoit que trois visites à l'étranger. Après une première visite à Vilnius, la capitale de la Lituanie, le 30 novembre, M. Tusk s'envolera le 4 décembre pour Bruxelles, puis le 7 décembre pour le Vatican, où il sera reçu par le pape Benoît XVI. Trois destinations et une grande absente, Berlin.

Selon certains commentateurs, le nouveau cabinet libéral, bien que favorable à un réchauffement des relations polono-allemandes, avance avec prudence, préférant notamment ne pas s'attirer les foudres du président conservateur Lech Kaczynski et de son frère jumeau, qui pourraient être tentés d'étiqueter Donald Tusk comme "pro-allemand".

En revanche, la nomination, le 21 novembre, de Wladyslaw Bartoszewski au poste de secrétaire d'Etat auprès du premier ministre, chargé des relations germano-polonaises, a été perçue très favorablement en Allemagne. Ancien prisonnier d'Auschwitz et artisan de la réconciliation polono-allemande, l'infatigable M. Bartoszewski, 85 ans, qui parle couramment allemand, est une figure hautement respectée de part et d'autre de l'Oder. Les Allemands se souviennent de son discours prononcé le 28 avril 1995, devant le Bundestag à Bonn pour le 50e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. M. Bartoszewski, alors ministre des affaires étrangères polonais, avait regretté les souffrances des Allemands expulsés en 1945.

Le monde anglophone sera le pré carré du ministre des affaires étrangères, l'impétueux Radoslaw Sikorski, 44 ans, marié à la journaliste américaine Anne Applebaum, et titulaire jusqu'au printemps 2006 de la double nationalité britannique et polonaise.

PAS DE SIGNAL CLAIR

Qu'en sera-t-il du monde francophone ? Alors que Nicolas Sarkozy a multiplié les efforts pour s'attirer la confiance des frères Kaczynski, en se rendant notamment le 14 juin à Varsovie, la France n'a pas encore reçu de signal clair que la nouvelle équipe attachera la même attention aux relations franco-polonaises. Le 23 novembre, dans son discours de politique générale, M. Tusk s'est bien engagé à "intensifier" la coopération avec Paris, mais en pratique, le nouveau cabinet n'a toujours pas nommé d'interlocuteur privilégié pour les relations Paris-Varsovie.

Quant au sommet franco-polonais qui s'est tenu pour la première fois en février 2005 à Arras, en présence de Jacques Chirac et de son homologue d'alors, Aleksander Kwasniewski, il ne devrait pas être renouvelé avant 2008.

En juin, M. Sarkozy avait accepté l'invitation lancée par le chef de l'Etat polonais à venir prochainement à Gdansk. Depuis, avec la tenue des élections législatives anticipées et la chute du gouvernement conservateur, le rendez-vous a été repoussé.

Célia Chauffour
LE MONDE | 28.11.07 | 15h04 • Mis à jour le 28.11.07 | 15h04
VARSOVIE CORRESPONDANTE

LE GAZODUC : TORRENT DU SUD : LA RUSSIE RENFORCE SES POSITIONS SUR LE MARCHE GAZIER EUROPEEN

La Russie et l’Italie abordent la réalisation d’un nouveau grand projet en matière d’énergie. Le consortium russe GAZPROM et la compagnie italienne ENI ont signé un accord sur la création d’une société conjointe qui aura à élaborer le projet du gazoduc « Torrent du Sud ».
La nouvelle canalisation devrait passer par le fond de la mer Noire de la Russie en Bulgarie et ensuite vers les Apennins. L’accord a été signé cette semaine au Kremlin en présence du président russe Vladimir Poutine et du premier-ministre italien Romano Prodi, ce qui rehausse la portée du projet.
Il s’agit d’un deuxième accord gazier européen important depuis un mois. Début novembre, le président Poutine et le premier-ministre néerlandais Jan Peter Balkenende sont tombés d’accord sur l’adhésion de la compagnie hollandaise GASUNIE à la construction du gazoduc russo-allemand d’Europe du Nord par le fond de la mer Baltique. A propos, l’accord russo-italien sur le gazoduc du sud envisage également la participation de compagnies de pays tiers, a déclaré le directeur de l’Institut moscovite de l’énergétique nationale Sergueï Pravossoudov.

La Russie et l’Europe deviennent encore plus inter-dépendantes. Les volumes des livraisons de gaz russes augmenteront. Il sera également possible de sécuriser le consommateur, le mettre à l’abri des problèmes de transit. On pourra redistribuer les livraisons sur différents axes qui seraient avantageux au fournisseur et au consommateur. Malgré les déclarations de certains représentants de la Commission européenne, prétendant que la Russie n’est pas un partenaire fiable et qu’il faut s’abstenir de conclure des accords nouveaux avec elle, lorsqu’il s’agit du business concret, les compagnies acheteuses signent volontiers des contrats, même à long terme. Quant aux projets alternatifs, il ne donnent pour le moment rien de concret. La Russie et l’Europe bâtissent une construction mutuellement avantageuse, que personne ne veut violer.
Le coût de la partie maritime du gazoduc est évalué à IO milliards d’euros, et la pose de la canalisation allant du littoral russe à Varna bulgare pourrait commencer l’année prochaine. Quant à sa partie terrestre, deux variantes sont à l’étude : soit par la Grèce, l’Albanie et encore un passage maritime vers le sud italien. Soit par la Serbie, la Croatie et la Slovénie vers le Nord italien. Il n’est pas exclu que les itinéraires du nord et du sud soient complémentaires. En outre, selon les données non officielles, l’Autriche pourrait aussi se joindre à ce projet. Dans ce cas, le tronçon terrestre de la canalisation nouvelle répètera presque entièrement l’itinéraire du gazoduc européen NABUCCO, projet d’acheminement des hydrocarbures de la Caspienne par la Turquie, la Bulgarie, la Roumanie et la Hongrie. Les spécialistes avaient déjà mis en doute les perspectives du remplissage et de rentabilité de NABUCCO. « Le torrent du Sud » le rendra encore moins opportun du point de vue économique.

La Voix de la Russie
26.11.2007

lundi 26 novembre 2007

La police ingouche enlève et brutalise le chef de l'ONG Mémorial

Oleg Orlov, le président de l'organisation non gouvernementale de défense des droits de l'homme Memorial, était arrivé, vendredi 23 novembre, à Nazran, avec trois journalistes de la chaîne de télévision russe, REN-TV. Ces derniers - Artem Vissotsky, Stanislav Goriatchev et Karen Sakhinov - s'apprêtaient à filmer une manifestation de protestation qui devait se tenir, samedi, au centre de cette grande ville ingouche.


Ils n'en ont pas eu le temps. Vendredi soir, ils ont été arrêtés dans leurs chambres d'hôtel par une quinzaine d'hommes masqués, armés et revêtus de tenues de camouflage. Ils les ont jetés dans un fourgon, attachés, et ont mis un sac sur leur tête. Lorsque Oleg Orlov leur a demandé qui ils étaient, il a été frappé.

Pendant le trajet en voiture, les hommes masqués leur ont fait croire qu'ils allaient les tuer. Au bout d'une heure, ils les ont débarqués dans un champ non loin du village de Nesterovskaïa (à la frontière avec la Tchétchénie), où ils les ont passés à tabac avant de quitter les lieux.

Après avoir trouvé du secours au village, les quatre victimes ont été emmenées à Nazran pour y être interrogées. Leur plainte a été enregistrée. Plus tard, ils ont été reçus par le ministre de l'intérieur et Mourat Ziazikov, le président de la République d'Ingouchie, membre de la Fédération de Russie.

Qui étaient les hommes masqués ? Selon des sources sur place, ils appartenaient à une unité antiterroriste placée sous l'autorité du ministère de l'intérieur. Apparemment, l'opération était bien préparée. Une heure avant l'arrivée des forces antiterroristes, les policiers qui assurent la sécurité de l'hôtel avaient été invités par leur hiérarchie à quitter leur poste. Mais de tout cela, officiellement, le président Ziazikov ne savait rien, son ministre de l'intérieur non plus.

Dimanche matin, les trois journalistes ont regagné Moscou sans avoir filmé la manifestation de samedi, d'ailleurs violemment réprimée. Oleg Orlov a fait le lien entre les enlèvements et la manifestation organisée pour dénoncer les abus des forces de l'ordre dans la région. Deux autres équipes de télévision russes (les chaînes 5 et Rossiia) venues à Nazran pour la même raison se sont, elles aussi, abstenues de filmer.

source : Le Monde.fr

samedi 24 novembre 2007

LES SOCIOLOGUES NOTENT UNE MONTEE D’INTERET COMMUN POUR LES FUTURES LEGISLATIVES EN RUSSIE


75% de Russes ayant atteint l’âge pour voter ont l’intention de se rendre aux urnes. Telles sont les données des derniers sondages d’opinion dans 46 régions de Russie. On peut constater une montée d’intérêt commun pour les futures législatives en Russie à mesure que la date des élections approche.
En même temps, les sociologues notent certaines corrections dans leurs préférences politiques. Voilà comment ils positionneraient les partis au sein du futur parlement si les législatives avaient lieu immédiatement. Le chef du Centre de l’étude de l’opinion publique Valéry Fedorov commente cette répartition :

Deux partis seulement ont une garantie d’être élus – la Russie Unie qui a plus de moitié de voix et les communistes qui ont à peine plus de 7%, juste assez pou franchir le seuil d’éligibilité. Deux autres partis qui sont représentés dans le parlement, y compris les démocrates libéraux, ont des chances d’y être à nouveau mais sans aucune garantie. Il y a un mois, avant la décision du président de Russie Vladimir poutine de diriger la liste électorale de Russie Unie, les sondages montraient que les électeurs garantiraient à tous les 4 partis des sièges à la Douma d’état.
Les sociologues estiment que la lutte principale se fera entre les 4 partis actuellement représentés dans le parlement, pour gagner les voix des électeurs et dont des mandats. Les autres sept partis ne sont pas concurrentiels, les sondages le montrent. Peuvent-ils compter sur les voix de ceux qui désirent se rendre aux urnes le 2 décembres mais qui n’ont pas choisi définitivement leurs préférences ?
( )
Au moins 15% d’électeurs sont pour le moment sans opinion sur leurs préférences politiques, dit Valéry Fedorov. Il y en a plus en Russie d’habitude – jusqu’au tiers de voix. Il existe deux variantes de leur choix. Si rien d’extraordinaire ne se passe, les voix seront reparties entre tous les candidats. Mais si un parti se révèle plus efficace que les autres pendant la période du débat, une bonne partie d’électeurs actuellement « sans opinion » lui accordera ses voix, trouve Valéry Fedorov.
Dix jours avant les élections, différents partis essaient d’élargir à leur façon le nombre de leurs électeurs. Le leader communiste Guennadi Ziouganov, lui, est allé honorer les lieux saints bouddhistes en Bouriatie. A Moscou, un meeting de l’aile junior de la Russie Unie auquel a participé Vladimir Poutine qui dirige sa liste électorale a rassemblé des milliers de ses partisans.

La Voix de la Russie
23.11.2007

Législatives russes: quatre partis seront représentés à la Douma (sondage)

MOSCOU, 22 novembre - RIA Novosti. Quatre partis politiques russes - Russie unie (pro-présidentiel), KPRF (communiste), LDPR (libéral-démocrate) et Russie juste (parti "d'opposition, mais pro-Poutine") - franchiront le seuil des 7% aux législatives du 2 décembre 2007, selon un sondage de la Fondation russe "Opinion publique".

62% des Russes interrogés ont l'intention de voter pour le parti Russie unie, 12% pour le parti communiste, 9% préfèrent le parti libéral-démocrate et quelque 7% choisissent le parti "Russie unie". Les autres partis figurant sur les bulletins de vote ne recueilleront pas les 7% de vois requises pour être représentés à la Douma (chambre basse du parlement russe). Le Parti agraire et Iabloko (démocratique) obtiendront entre 2% et 3% des voix, les partis "Union des forces de droite" et "Patriotes de Russie" entre 1% et 2%, la Force civile (libéral) récoltera 1% des voix et le Parti démocratique de Russie et le Parti de la justice sociale moins de 1%.

Le taux de participation aux législatives peut s'établir à environ 54%, selon le sondage.

Le sondage a été réalisé du 10 au 11 novembre dernier auprès de 1.500 personnes dans 100 localités de 44 régions, territoires et républiques de la Fédération de Russie. La marge d'erreur statistique ne dépasse pas 3,6%.

Les années 90, bouc émissaire de la campagne électorale du "parti du pouvoir" (Vedomosti)

MOSCOU, 23 novembre - RIA Novosti. Les critiques émises mercredi par Vladimir Poutine envers les années 90 dans son discours prononcé devant ses partisans en qualité de tête de liste de Russie unie sont le leitmotiv de la campagne électorale du "parti du pouvoir", lit-on vendredi dans le quotidien Vedomosti.

L'opposition estime qu'il s'agit d'une action "hystérique" du pouvoir qui est incertain des résultats des élections.

Le président Vladimir Poutine a parlé pour la première fois du haut de la tribune du stade et son discours brillant restera dans les mémoires. Il y a trois raisons d'appliquer les mots "pour la première fois" en parlant de ce discours: il n'a jamais pris la parole devant une telle assistance, il n'a jamais prononcé un long discours en qualité de candidat à la Douma (chambre basse du parlement russe) et il n'a jamais stigmatisé aussi fermement et d'une manière aussi directe l'ennemi intérieur.

Il se peut que ce soit une réaction à la rhétorique électorale molle du parti qu'il a pris le risque de représenter. Selon les sociologues, le rabâchage d'incantations telles que le "plan Poutine", la "victoire de la Russie ", le "pays uni" ne trouve presque aucune répercussion dans le coeur des citoyens. Tout le monde a entendu parler du "plan Poutine", mais peu de personnes connaissent son essence, y compris les membres du parti Russie unie.

Selon Ivan Melnikov, vice-président du comité central du KPRF (Parti communiste de la Fédération de Russie), le "parti du pouvoir" ayant décidé de gagner 70% des voix aux élections "n'a pas d'autre issue que de critiquer agressivement les années 90". "C'est une crise d'hystérie", a déclaré Boris Nemtsov, membre du conseil politique fédéral du SPS (Union des forces de droite), en rappelant que, "dans les années 90, Vladimir Poutine était en fait, complice des oligarques, il était lié d'amitié avec Berezovski et Goussinski". "Pourquoi luttes-tu contre eux, ils représentent le pouvoir", avait-t-il demandé à la fin des années 90, selon Boris Nemtsov, en faisant référence aux oligarques.

Boris Eltsine n'a prononcé aucun discours dans des stades, mais il avait de bons conseillers en communication. "Vote avec ton coeur!": rien de meilleur n'a été inventé depuis cette formule.

Les conseillers en communication de Vladimir Poutine ont rassemblé les acquis de ses prédécesseurs et l'expérience de leurs collègues américains qui prononcent des discours dans des stades. En stigmatisant les ennemis à plusieurs visages qui n'ont même pas laissé de savon ni d'allumettes aux Soviétiques et viennent aujourd'hui quémander auprès des ambassades étrangères en préparant une revanche oligarchique, Vladimir Poutine s'est adressé au coeur des électeurs, et non à leur raison, car si l'on réfléchit à ses paroles, des questions inadéquates peuvent surgir. Par exemple, n'est-ce pas au sein du parti qui avait provoqué la pénurie de savon dans le pays que le premier ministre Viktor Zoubkov, cajolé par Vladimir Poutine, avait fait sa carrière?

En revanche, le vote avec le coeur est efficace: faute de pouvoir remplir le coeur des électeurs de joie (le budget n'est pas fait de caoutchouc), il faut alors le remplir d'indignation. C'est ainsi qu'ils voteront contre tous les candidats, sauf un.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti ni avec celle du blog IEDG.

La Russie pourrait devenir le leader économique mondial uniquement grâce à l'air (Vedomosti)

MOSCOU, 22 novembre - RIA Novosti. La Russie pourrait devenir le leader économique sans même accroître l'extraction d'hydrocarbures ni créer de productions de haute technologie, et cela grâce à l'air, lit-on jeudi dans le quotidien Vedomisti.

Vladimir Gratchev, président du Comite écologique de la Douma (chambre basse du parlement russe), a soumis au parlement un projet de loi proposant d'introduire une institution sur la possession privée de l'air atmosphérique, de même pour d'autres "composantes de l'environnement: la terre, le sol, les eaux naturelles, le monde végétal et le monde animal".

S'octroyer la propriété de l'environnement coûtera cher: le député a l'intention d'évaluer un kilomètre carré de territoire non pollué à 1 milliard de roubles (près de 28 millions d'euros). L'auteur de cette initiative propose d'évaluer l'environnement chaque année et d'inclure son coût dans le PIB du pays.

La proposition est très séduisante. D'après les écologistes, 50% du territoire de la Russie, soit 8,5 millions de kilomètres carrés, ne sont pas pollués. Par conséquent, le capital naturel peut être évalué à 8.500 mille milliards de roubles (plus de 235 mille milliards d'euros), soit 300 fois plus que le PIB russe de l'année dernière et 26 fois plus que le PIB des Etats-Unis (13 mille milliards de dollars).

Comment tracer une frontière dans l'atmosphère, établir les taux d'impôt sur la possession de l'air et la responsabilité dans les cataclysmes atmosphériques? Dans ces conditions, il est facile d'imaginer que les tribunaux seront surchargés de contentieux entre les agents économiques pour la propriété de la pluie.

En règle générale, les richesses naturelles sont considérées comme une partie de la richesse nationale du pays, c'est pourquoi les introduire dans le PIB n'est pas correct, pour ne pas dire plus: ce sont des définitions tout à fait différentes. En évaluant les richesses naturelles, on tient compte ordinairement de la rentabilité. Quant à l'évaluation du préjudice causé à l'environnement - le principal but du projet de loi - des méthodes existent déjà pour cela et sont employées.

Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti ni avec celle du blog IEDG.

L'économie russe est ouverte aux partenaires européens (Poutine)

MOSCOU, 22 novembre - RIA Novosti. L'économie russe est ouverte aux partenaires européens et l'achat par les groupes énergétiques italiens ENEL et ENI d'actifs gaziers et électriques russes en est la preuve, a déclaré jeudi le président russe Vladimir Poutine au terme d'entretiens avec le premier ministre italien Romano Prodi.

"Nous réalisons des projets importants dans le secteur énergétique. Je viens de me rappeler que les grandes sociétés énergétiques italiennes ENEL et ENI ont achetés des actifs gaziers et électriques russes", a-t-il indiqué lors d'une conférence de presse.

"Cela prouve que l'économie russe est ouverte aux partenaires européens. Cela permet d'atteindre un niveau plus élevé de coopération dans ce domaine", a conclu M.Poutine.

Le South Stream a une importance stratégique pour la sécurité énergétique de l'Europe (Poutine)


MOSCOU, 22 novembre - RIA Novosti. Le projet de South Stream qui prévoit la construction d'un nouveau système de transport de gaz devant relier la Russie à l'Europe du Sud sous la mer Noire revêt une importance stratégique pour la sécurité énergétique de l'Europe, estime le président russe Vladimir Poutine.

"Le projet South Stream a une importance stratégique pour la sécurité énergétique de l'Europe fondée sur les principes de la transparence et de la prise en compte des intérêts des fournisseurs et des consommateurs d'énergie. Nous sommes reconnaissants à la Commission européenne pour son soutien à ce projet", a indiqué le président russe à l'issue de ses négociations à Moscou avec le premier ministre italien Romano Prodi.

De l'avis du président, le document signé jeudi entre le russe Gazprom et le consortium italien Eni est appelé à dynamiser la coopération dans cette sphère.

La mise en place conjointe du nouveau système qui reliera la Russie et le Sud européen permettra de fournir annuellement aux consommateurs européens jusqu'à 30 milliards de mètres cubes de gaz russe à titre supplémentaire, a rappelé le président Poutine.

Le numéro un russe a remercié le gouvernement italien et son président Romano Prodi pour leur soutien énergique à ce projet.

Création d'une joint-venture sur le gazoduc South Stream entre Gazprom et Eni (déclaration)

MOSCOU, 22 novembre - RIA Novosti. Le russe Gazprom et l'italien Eni créeront avant le 15 janvier 2008 une joint-venture afin de développer le projet de gazoduc South Stream, peut-on lire dans la déclaration conjointe des deux sociétés.

Au cours d'une rencontre de travail entre Alexeï Miller (président de Gazprom) et Paolo Scaroni (PDG d'Eni) jeudi, les deux hommes ont décidé de "créer une société de développement avant le 15 janvier prochain, d'achever les études mercatiques et l'élaboration du cahier des charges du projet de South Stream avant fin 2008 et de commencer les premières livraisons par cette conduite en 2013", précise le communiqué.

Jeudi, les deux géants énergétiques ont signé en présence du président Vladimir Poutine et du premier ministre italien Romano Prodi une annexe au mémorandum de compréhension sur la réalisation du projet South Stream. Ce document prévoit la création à titre paritaire d'une société spéciale chargée de mener des études mercatiques et d'élaborer le cahier des charges dans le cadre du projet.

"L'événement d'aujourd'hui est la preuve de la promotion de la coopération stratégique entre nos sociétés. Je suis certain que le nouveau système de transport de gaz qui répond aux normes écologiques et technologiques les plus modernes améliorera de manière substantielle la sécurité de l'approvisionnement en énergie de l'ensemble du continent européen", a déclaré Paolo Scaroni, cité par le communiqué.

De son côté, le président de Gazprom Alexeï Miller a ajouté que la signature de cette annexe représentait non seulement un apport notable à la coopération russo-ukrainienne mais aussi un bon exemple d'intégration pour le bien des consommateurs européens. "En intégrant nos efforts et nos expériences nous pourrons réaliser avec succès ce projet d'envergure tendant à garantir un approvisionnement stable et durable des consommateurs européens en gaz", a-t-il indiqué.

Jeudi, le PDG de la société italienne a annoncé qu'Eni et Gazprom détiendraient des parts paritaires dans cette société. Portant, à l'étape de l'élaboration du cahier des charges, une troisième société pourrait se joindre aux participants actuels. Il n'a pas précisé le montant d'un bloc d'actions minimal qui serait alors réservé à Eni, expliquant que ce sujet n'avait pas été encore débattu. Le montant global des investissements dans le projet de South Stream est estimé à plus de 10 milliards de dollars, a annoncé Paolo Scaroni.

Conformément au mémorandum de compréhension sur la réalisation du projet signé en juin dernier, le tronçon maritime qui passera sous la mer Noire, reliera le littoral russe au littoral bulgare. La longueur totale de ce tronçon sera de 900 km, la conduite sera posée à une profondeur maximale de plus de 2 km.

Sa capacité de transport sera de 30 milliards de mètres cubes de gaz par an.

Relations internationales: une époque de rude concurrence se profile. Partie III


Par Nikolaï Zlobine, membre du Conseil d'experts de RIA Novosti

Les intérêts américains en Eurasie ont, pour l'instant, un caractère indéfini, ils sont encore en train d'être formulés. Washington part du fait que cette région jouera dans les dix prochaines années un rôle important sur le marché énergétique mondial. C'est ce qui détermine, pour beaucoup, l'intérêt manifesté par les Etats-Unis pour les questions relatives à la sécurité des pays eurasiatiques, à la stabilité régionale et à la géographie politique qui s'y met en place.

Cependant, dans l'économie post-pétrolière, le rôle de l'Eurasie sur le marché énergétique mondial se réduira au minimum, ce qui entraînera des conséquences politiques déterminées, entre autres, une baisse de l'intérêt manifesté pour la région de la part de certains grands acteurs extérieurs, notamment de l'Amérique. La situation dans la région dépendra alors directement du développement économique et politique de la Chine, de la Russie et de toute l'Asie. L'Amérique y restera, comme elle l'a toujours été, un acteur extérieur, et sa participation aux affaires eurasiatiques dépendra de l'évolution de ses intérêts nationaux et de sa tactique politique.

A court terme, les Etats-Unis sont intéressés par un développement de l'Eurasie en tant que région énergétique et, bien entendu, par la possibilité de gérer la situation dans cette région. En ce qui concerne l'importance du développement de la démocratie dans les pays eurasiatiques, les Etats-Unis n'ont pas encore d'opinion bien nette. Ainsi, une question se pose: comment cela peut-t-il influer sur leur stabilité énergétique actuelle? Qui plus est, la politique américaine de démocratisation de la région consiste avant tout à y agir contre la Russie. Si les Etats-Unis tenaient tant à la propagation de la démocratie en Eurasie, ils appliqueraient également cette politique, par exemple, à l'égard de l'Afghanistan ou du Pakistan, au lieu de se concentrer sur les Etats postsoviétiques. Les Etats-Unis y poursuivent donc plutôt l'objectif d'essayer de créer une "alternative non russe" pour les élites locales.

Mais Washington se heurte, de même que Moscou, à la nécessité d'empêcher la désintégration des Etats en Eurasie et la formation de territoires incontrôlés qui pourraient devenir une source de déstabilisation de toute la région. Aux Etats-Unis, la majorité des experts jugent possible de régler ce problème en apportant un soutien maximal à l'intégration régionale, mais cette intégration se heurte aux processus centrifuges intenses dans la région, à l'opposition de plusieurs grands pays et aux ambitions des élites locales. En outre, Washington manque de volonté politique, ainsi que d'intérêt et d'unité de la part de l'establishment américain pour assurer l'intégration de l'Eurasie.

La Maison Blanche et le Département d'Etat considèrent la souveraineté réelle des Etats de l'Eurasie comme l'objectif prioritaire de la politique américaine. Mais l'Amérique ne peut pas proposer à cette région un modèle de développement est-asiatique, en accordant des garanties de sécurité et un parapluie régional, américain ou de l'OTAN.

La politique appliquée actuellement par les Etats-Unis dans la région suppose la lutte contre certains groupes des élites eurasiatiques locales, y compris russe, qui poursuivent leurs intérêts propres, au lieu de contribuer à la réalisation des intérêts nationaux et au développement de la démocratie et du marché libre. C'est ici qu'il faut chercher la cause des profondes divergences entre Washington et Moscou sur la nature et le caractère des révolutions de couleurs. Mais la décision de principe de Moscou de coopérer avec n'importe quel régime en vigueur dans les pays de la CEI (Communauté des Etats indépendants) est cependant saluée par Washington.

Les Etats-Unis tâcheront de continuer d'appliquer en Eurasie une politique de soutien à la démocratie, à la stabilité, à la liberté, aux droits de l'homme, à la transparence en matière d'adoption de décisions, à la lutte contre la corruption, etc. Selon Washington, Moscou doit reconnaître que les menaces qui planent sur les pays postsoviétiques, entre autres, le terrorisme, la prolifération des armes nucléaires et traditionnelles, l'extrémisme, la faiblesse des administrations publiques et l'incompréhension des intérêts nationaux par les élites, représentent également des menaces pour la sécurité de la Russie. Espérons que cela conduira à une meilleure concertation de la politique eurasiatique de Moscou avec les Etats-Unis, la Chine, l'Inde, l'UE, etc.

La nécessité d'une coopération des Etats-Unis avec la Russie, principal pays eurasiatique ayant d'éternels intérêts dans la région, ne fait aucun doute. Le problème est de savoir comment mettre en place ces rapports. Moscou estime, non sans fondements, que les pays postsoviétiques relèvent de la sphère de ses intérêts nationaux profonds, du moins, dans les domaines de la sécurité, des affaires sociales, du transport des ressources énergétiques, etc. Ni Moscou, ni Washington ne sont probablement en mesure de se proposer l'un à l'autre un modèle de coopération. Dans ces conditions, les Etats-Unis sont plutôt disposés à accepter un modèle de "coopération souple", en renonçant à fixer préalablement un ordre du jour et en abandonnant la répartition traditionnelle des sphères de coopération.

Cependant, premièrement, l'establishment américain n'acceptera probablement pas le monopole des intérêts nationaux russes dans l'espace postsoviétique, deuxièmement, les Etats-Unis feront tout leur possible en vue de conjurer les tentatives de la Russie de renforcer son rôle dans le règlement des problèmes relevant de la compétence des Etats eurasiatiques souverains.

Selon Washington, la Russie n'a pas de droit de veto sur la politique des Etats de la région. En outre, de l'avis des fonctionnaires américains, dans la politique russe, le pouvoir appartient aujourd'hui à un segment de l'élite intéressé à obtenir des recettes immenses provenant de la rente naturelle, et non pas à défendre les intérêts nationaux. Les Etats-Unis n'ont pas non plus de droit de veto en Eurasie, il est vrai, pour une autre raison.

Qui plus est, la position de la Russie sur le règlement des "conflits gelés" consistant à maintenir le statut quo ne convient pas à Washington. Il est vrai, aucune opinion sur ces conflits ne fait l'unanimité dans l'élite américaine, par conséquent, les Etats-Unis n'ont pas de volonté politique suffisante pour participer à leur règlement. L'establishment américain subit une forte pression de la part des élites nationales, surtout de celles d'Asie centrale et du Caucase du Sud, qui essaient de lui prouver que la Russie est incapable d'accepter de profonds compromis sur les problèmes relatifs au développement des Etats eurasiatiques. L'extension de l'OTAN à l'Eurasie et l'apparition potentielle d'ouvrages militaires des Etats-Unis et de l'Alliance dans les pays de la zone suscitent des appréhensions de Moscou quant à sa sécurité.

Le problème principal des Etats-Unis en Eurasie se réduit aujourd'hui à ceci: peut-on cumuler (et comment) la poursuite de la politique de démocratisation, de stabilisation politique et de développement des marchés dans les pays eurasiatiques avec une coopération efficace avec la Russie? Par exemple, la coopération avec Moscou sur le problème nucléaire iranien est aujourd'hui bien plus importante pour Washington que les intérêts politiques américains en Biélorussie. Quoi qu'il en soit, Washington préfère renoncer à une approche identique de tous les pays de l'Eurasie, alors que Moscou l'accuse d'employer des doubles standards.

La coopération avec Moscou apporte aux Etats-Unis de nombreux avantages. Bien plus, elle compense le manque de "soft power" américain dans la région et, par la même occasion, l'abondance de "soft power" russe. Cependant, la coopération avec Moscou n'est possible aujourd'hui que sur la base d'une dépendance (économique) de l'économie russe envers les livraisons de ressources énergétiques. Au fur et à mesure que l'économie russe va se diversifier et que la dépendance totale vis-à-vis des livraisons de ressources énergétiques sera surmontée, les Etats-Unis verront apparaître de nombreuses variantes de coopération avec la Russie qui sont aujourd'hui impossibles.

La coopération entre Moscou et Washington dans la région sera plus efficace si les deux cessent, premièrement, d'appliquer une politique d'évincement mutuel "au cas où", ce qui se manifeste éloquemment surtout dans la politique russe.

Deuxièmement, s'ils tentent de cesser d'appliquer une politique stérile d'égalisation de leurs possibilités dans la région, ce qui distingue surtout la politique américaine, et s'ils se concentrent sur leurs intérêts nationaux en Eurasie. Ils doivent déterminer leurs propres priorités stratégiques nationales dans la région et les formuler du point de vue de leur réalisation et, si possible, tenir compte des intérêts de l'autre partie, ainsi que des intérêts des pays de la région et de leurs élites. En cas de divergences sérieuses, ils doivent rechercher un compromis et renoncer aux tentatives de défendre de façon agressive leurs intérêts au préjudice de leurs partenaires. Il faut reconnaître le rôle positif et négatif aussi bien de sa propre politique que de celle de son partenaire en Eurasie. Enfin, il faut cesser de l'appliquer en poursuivant ses propres intérêts, et non ceux de la région.

Bien entendu, les intérêts américains en Eurasie et leur promotion dépendent, pour beaucoup, de l'évolution de la situation intérieure aux Etats-Unis. La lutte politique au sein de l'élite américaine sape la tactique de Washington en Eurasie, les cycles électoraux changent considérablement la hiérarchie des objectifs et des tâches du pays à l'étape donnée, ils permettent à la Russie et à d'autres pays non seulement d'appliquer avec succès, presque de façon monopoliste, leur politique dans la région, mais aussi de s'opposer à la politique américaine.

Compte tenu de l'approche des cycles électoraux en Russie et aux Etats-Unis, l'ordre du jour commun et la réputation des deux pays dans la région auront tout à gagner au cours des deux prochaines années, dans un contexte d'attentes réciproques réduites. En même temps, cela permettra aux élites d'essayer de préparer un nouvel agenda en vue d'empêcher la répétition de la situation des administrations précédentes, qui étaient reparties de zéro ou s'étaient retrouvées sous l'influence de groupes d'intérêts spéciaux.

FIN

Nikolaï Zlobine est directeur des programmes russes et asiatiques du Center for Defense Information de Washington.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

Traité FCE: la Russie et l'OTAN entre patience et indifférence


Par Alexeï Arbatov, membre du Conseil scientifique du Centre Carnegie de Moscou, pour RIA Novosti

Une question se pose en toute logique: quel était l'objectif poursuivi par Moscou en introduisant le 13 décembre un moratoire sur l'application du Traité sur les forces conventionnelles en Europe (FCE)? Si la Russie voulait que ce traité cesse d'exister, elle s'en serait retirée conformément à l'un des articles, après avoir informé préalablement les autres signataires. Le fait que Moscou ne le fasse pas et préfère un moratoire témoigne sans aucun doute que l'objectif de sa politique est de sauver le Traité en incitant l'OTAN à ratifier dans les plus brefs délais le Traité FCE adapté.

Dans ce cas, la Russie lèvera son moratoire et appliquera le Traité adapté qu'elle avait ratifié en 2004.

La réaction de nos partenaires signataires du Traité face à ce qui se produit ne satisfait pas Moscou. L'Occident continue d'invoquer les accords d'Istanbul de 1999. La Russie a retiré ces jours-ci, avant terme, ses bases militaires de Géorgie, mais ses soldats de la paix restent en Abkhazie, en Ossétie du Sud et en Transnistrie où un petit contingent russe séjourne également afin de protéger les stocks de munitions qui s'y trouvent. L'OTAN continue d'invoquer tout ceci en se référant perpétuellement aux accords d'Istanbul. En réponse, la Russie rappelle que les accords d'Istanbul ne prévoyaient pas de date précise pour le retrait des militaires, mais uniquement un accord à ce sujet, par exemple, avec la Géorgie où restent non pas les bases, mais un contingent de paix, ce qui change radicalement le tableau. Le retrait des soldats de la paix dépend non pas du Traité FCE, mais du règlement des conflits existants.

En fait, la Russie estime que l'OTAN n'a pas de raisons valables de ne pas ratifier le Traité FCE et que l'obstination de cette organisation atteste du fait qu'elle n'est pas intéressée par ce Traité et qu'elle tente d'appliquer une politique à partir des positions de force. D'autant plus que l'OTAN s'élargit à l'Est et que sa supériorité en forces conventionnelles continue d'augmenter aussi bien sur le plan qualitatif que géostratégique (son rapprochement des frontières de la Russie).

Il convient de signaler que le Traité FCE adapté, tel qu'il a été conclu en 1999, n'arrange pas tout à fait la Russie, Moscou n'y voit qu'une étape intermédiaire avant l'établissement d'un système plus stable et équitable de confiance et de sécurité en Europe. Néanmoins, la Russie a ratifié ce document en 2004, en espérant qu'il serait ensuite complété par une série de conditions qu'elle juge importantes et qu'elle a soumises à une session spéciale sur le Traité FCE en été 2007. Par ailleurs, si les pays de l'OTAN ratifiaient le Traité FCE actuel, l'examen de ces conditions supplémentaires pourrait être remis à plus tard.

Qu'arrivera-t-il si nos partenaires européens continuent de traiter avec mépris les signaux en provenance de Moscou? Evidemment, nous cesserons alors de transmettre des informations concernant le déploiement des forces conventionnelles et n'admettrons pas les inspections de l'OTAN. Nous cesserons également de respecter les restrictions imposées aux flancs et si nous jugeons nécessaire de déployer des contingents supplémentaires dans le Caucase ou, par exemple, en Arménie, nous le ferons. Mais nous ne dépasserons pas les plafonds de nos armements conventionnels imposés par le Traité FCE. Nous n'avons pas de plans de ce genre et, d'ailleurs, le calendrier des achats d'armements conventionnels effectués par nos forces armées ne nous permet pas de dépasser considérablement ces plafonds.

La principale cause de tout ce qui se produit réside dans l'élargissement de l'OTAN à l'Est. Certes, la Russie envoie parfois de mauvais signaux, ce qui aggrave la situation, mais le principal problème réside tout de même dans l'OTAN. En raison de sa politique, aussi bien le Traité FCE signé en 1990 que le Traité FCE adapté signé en 1999, cessent d'être conformes aux objectifs initiaux. Si l'OTAN déclarait, par exemple, qu'au fur et à mesure de l'élargissement de l'alliance elle ne dépasserait pas les plafonds des armements prévus initialement en 1990 pour les 16 membres de l'organisation, cela affaiblirait l'inquiétude de Moscou. Mais, pour l'instant, l'OTAN qui s'étend à l'Est s'approprie les quotas d'armements accordés initialement aux pays membres du Pacte de Varsovie et à l'URSS. C'est l'essence même de tous les problèmes qui concernent le Traité FCE. La Russie a bien plus de raisons de résilier ce Traité que les Etats-Unis qui avaient résilié le Traité ABM en 2002, mais pour le moment, Moscou ne se hâte pas de "brûler les ponts" et espère que le bon sens reprendra le dessus en Occident.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

L'irrésistible attraction martienne. Partie II


Par Youri Zaïtsev, conseiller de l'Académie russe d'ingénierie, pour RIA Novosti

A l'étape actuelle de développement de l'astronautique, le vol de l'homme vers Mars n'est pas plus compliqué du point de vue technique qu'une expédition vers la Lune. Les spécialistes estiment que la technologie est pratiquement prête pour organiser la première expédition interplanétaire. Mais, avant d'envoyer une mission habitée vers Mars, les scientifiques doivent régler de nombreux problèmes d'ordre médico-biologique. En outre, il est déjà évident que le facteur humain sera prioritaire lors de l'élaboration du projet de vol vers Mars et que l'homme sera le maillon le plus vulnérable de la mission, déterminant même la possibilité de sa réalisation.

Trouver une solution aux problèmes médico-biologiques liés à la mission habitée vers Mars est le nouvel objectif des scientifiques. Les nombreux principes, méthodes et moyens médico-biologiques assurant les vols orbitaux habités ne conviennent pas pour un vol vers Mars. Un vol interplanétaire comporte des particularités: entre autres, les conditions différentes de communication avec la Terre, l'alternance des effets de la gravitation et la période limitée d'adaptation à la gravitation avant le début de l'activité de l'homme à la surface de Mars, les radiations élevées et l'absence de champ magnétique.

Un vol orbital de 438 jours effectué à la fin du siècle dernier par le médecin-cosmonaute Valeri Poliakov a prouvé l'absence de restrictions médico-biologiques fondamentales pour des missions spatiales prolongées. Aucun changement substantiel capable d'empêcher le prolongement régulier des vols spatiaux et la mise en oeuvre d'une mission habitée vers Mars n'a été dépisté jusque-là dans l'organisme de l'homme, souligne l'académicien Anatoli Grigoriev, directeur de l'Institut des problèmes médico-biologiques.

Mais un problème se pose: les astronautes doivent être protégés contre les rayonnements galactiques et solaires dans l'espace qui s'accroissent considérablement en dehors de la magnétosphère de la Terre. En deux ans de vol, la dose de radiations reçue peut dépasser de deux fois la norme admissible. Par conséquent, il convient de concevoir une protection spéciale contre les radiations. Les spécialistes sont enclins à placer les réservoirs de combustible, d'eau et des autres provisions autour du compartiment habitable, ce qui permettrait d'assurer une protection d'environ 80 à 100 g/cm2.

Les astronautes sont susceptibles de s'exposer à une dose considérable de radiations en se retrouvant à la surface de Mars. Comme il ressort des explorations effectuées par l'appareil russe HEND installé sur la sonde américaine Mars Odyssey, au cours d'éruptions solaires, l'intensité du flux de neutrons réfléchi par la surface de la planète peut s'accroître de plusieurs centaines de fois et atteindre des doses mortelles pour les astronautes. C'est pourquoi ils ne peuvent débarquer à la surface de Mars que lors "d'accalmies" solaires.

La nourriture des astronautes est un autre problème. L'expérience a été acquise, semble-t-il, depuis des années. L'équipage du vaisseau spatial mangera, comme aujourd'hui, des produits lyophilisés (séchés) qui doivent être dilués dans de l'eau et réchauffés pour être consommables. Mais bien que ces produits soient bons, il est nécessaire de diversifier le menu en y ajoutant des produits plus familiers. L'idée d'emporter des poules à bord du vaisseau, pour que les astronautes mangent des oeufs, a été rejetée car, comme l'ont démontré les expériences, les oiseaux nouveau-nés n'ont pu s'adapter à l'apesanteur. On pourrait emporter des poissons et des mollusques, mais ils se développent très lentement, c'est pourquoi il est peu probable que les astronautes puissent manger du poisson frais au cours d'un vol vers Mars. En revanche, une petite serre sera installée à bord du vaisseau interplanétaire.

Les spécialistes de l'Institut des problèmes médico-biologiques ont conçu un prototype de "potager spatial". Il s'agit d'un cylindre contenant des rouleaux imprégnés d'engrais. La paroi intérieure est recouverte de centaines de diodes rouges et bleues jouant le rôle des rayons du soleil. Les rouleaux tournent au fur et à mesure de la croissance des plantes en les rapprochant de la source de lumière. Tant que les herbes germent sur certains rouleaux, on peut procéder à la récolte sur d'autres. Un échantillon de cette installation permet d'obtenir environ 200 grammes d'herbes tous les quatre jours. L'accroissement du nombre de rouleaux et de sources de lumière augmente le rendement de l'appareil. En plus de l'approvisionnement en produits alimentaires, "l'agriculture spatiale" permettra de régler également le problème de la régénération de l'atmosphère à bord du vaisseau interplanétaire.

En ce qui concerne le problème de l'eau, il est établi qu'un astronaute a besoin de 2,5 litres d'eau par jour, par conséquent, quelques tonnes d'eau doivent obligatoirement se trouver à bord du vaisseau. Une partie de l'eau peut être recyclée. La variante idéale est de créer à bord du vaisseau des systèmes physiques et chimiques assurant un cycle complet de vie des matières. Mais ce ne sera probablement possible que dans un avenir assez lointain.

Il y a aussi des problèmes d'ordre psychologique. Etant donné que Mars se trouve à une grande distance, un signal hertzien met entre 20 et 30 minutes pour atteindre sa cible. Le Centre de contrôle des vols n'aura pas le temps d'intervenir en cas de situation urgente. La Terre sera, au mieux, un conseiller, alors que les décisions principales devront être prises à bord du vaisseau.

Avant d'envoyer une mission habitée vers Mars, les scientifiques essaieront de régler nombre de ces problèmes au cours de l'expérience russe Mars-500. Ce sera une simulation très précise du vol: six membres d'équipage passeront 520 jours dans un vaisseau terrestre constitué de cinq modules étanches, l'un d'entre eux imitera la surface de Mars.

Les modules sont truffés d'appareils enregistrant toutes sortes d'indices à l'intérieur du vaisseau et contrôlant les indices médicaux des explorateurs. Pour les scientifiques, il est important de surveiller le comportement de l'équipage dans une situation proche des conditions du vol vers Mars. Tous les résultats - des rapports entre les membres de l'équipe à la ration alimentaire - seront analysés par des spécialistes. Cela permettra de tenir compte du maximum de situations possibles susceptibles de surgir au cours d'un vol réel et de contribuer à leur résolution.

Les candidats au "vol interplanétaire terrestre" sont déjà assez nombreux: pour l'essentiel, des hommes. Il s'avère que, compte tenu des particularités physiologiques et psychologiques inhérentes à la mission, les femmes ont beaucoup moins de chances de marcher sur Mars. Six hommes participeront à l'expérience, mais l'équipage du vol réel vers la Planète rouge ne comptera que quatre membres.

Il est à remarquer qu'aussitôt après l'annonce de l'expérience russe Mars-500, les Etats-Unis ont également commencé à sélectionner des volontaires pour un vol simulé. Il est vrai, il ne durera que quatre mois.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

Chemins de fer: le Moscou-Paris retrouve son train de vie


Par Nadejda Ouzounova, RIA Novosti.

"50 heures de voyage - et vous voilà à Paris!" Ce slogan publicitaire peut sembler étrange lorsque que tout le monde sait que le trajet en avion entre Moscou et la capitale de la France ne prend pas plus de trois heures. Où est donc le hic?

Tout d'abord, dans un XXIe siècle hyperdynamique, les gens n'ont pas toujours la possibilité d'atteindre tel ou tel endroit en "vieille Europe" par des voies terrestres. Mais à présent, ces endroits "inaccessibles" sont toujours moins nombreux. La liaison ferroviaire directe entre Moscou et Paris va reprendre treize ans après sa suspension. A partir du 11 décembre 2007, le "wagon parisien" sera attelé au train Moscou-Berlin, puis à Berlin, à un train allemand allant jusqu'à Paris, a expliqué Mikhaïl Akoulov, vice-président de la société des Chemins de fer de Russie (RZD), lors de la récente présentation de cet itinéraire renouvelé.

Ce n'est pas un hasard si Berlin a été choisi comme lieu où s'effectuera cet attelage. Des recherches spécifiques ont permis d'établir que l'infrastructure ferroviaire berlinoise convenait on ne peut mieux pour une telle manoeuvre. En outre, les voyageurs auront de quoi s'occuper dans la capitale allemande pendant les douze heures d'attente, avant de poursuivre leur trajet.

Le nouveau wagon de fabrication allemande, adapté aux voies ferrées européennes, peint en blanc, bleu et rouge (couleurs du drapeau national russe), est aussi agréable à l'intérieur qu'à l'extérieur. Un décor et des draps dans les tons pastel, un service à thé au logo de RZD au lieu des verres habituels des trains russes, brochures et journaux en deux langues et même un lecteur vidéo (sur commande), voilà un bel environnement pour un voyage dans un style rétro et une atmosphère détendue.

Effectivement, "rétro" est le terme caractéristique le plus approprié pour définir cet itinéraire. Convenez que cela reviendrait trop cher de perdre deux jours de route alors que le temps est une chose si précieuse dans le monde contemporain. Cependant, il existe tout de même des circonstances où deux jours représentent peu de temps, d'autant qu'il s'agit ici d'un voyage qui s'effectue dans l'attente d'une merveilleuse rencontre avec Paris (ou bien avec Moscou), avec comme bonus une journée entière de promenade dans Berlin. Ce genre de voyage est donc plutôt à conseiller aux touristes ou aux jeunes mariés.

Ceci a d'ailleurs été confirmé par des représentants de RZD. RZD Tour, filiale de la compagnie nationale, a élaboré plusieurs programmes touristiques dans Berlin, Paris et Moscou (pour les voyageurs européens). La reprise de l'itinéraire légendaire est donc une action plus culturelle qu'économique. Les cheminots eux-mêmes (tant russes que français) y attachent une importance particulière, considérant leur activité comme étant une partie du processus général (et positif) de rapprochement entre les deux pays. Car les employés des chemins de fer s'occupent à nouer des contacts directs, au sens propre.

A notre époque mercantile, il semble peu probable que quelqu'un s'engage à utiliser de nouveau le train entre Moscou et Paris s'il n'y voit aucun avantage commercial. Or, les responsables de RZD insistent sur le fait que la volonté d'établir un lien supplémentaire entre les deux pays était l'un des principaux motifs de cette réalisation. Selon toute vraisemblance, les partenaires européens ont apprécié cette initiative et le grand travail de préparation sur le plan international a été mis en oeuvre deux fois plus rapidement que d'habitude, selon les responsables de RZD. Ceci a été assez difficile à réaliser, étant donné qu'outre Paris et Moscou, l'opération a concerné les cheminots allemands, polonais et biélorusses.

Il s'est alors avéré que même l'ajout d'un seul wagon supplémentaire, un changement apparemment insignifiant, était susceptible de perturber le fonctionnement du mécanisme exemplaire du trafic ferroviaire européen. D'habitude, le train de voyageurs en Europe se compose de douze wagons. Le wagon russe devrait donc être le treizième, ce qui faisait involontairement penser à un mauvais présage. Et pour cause, car la longueur des quais de la gare du Nord de Paris est équivalente à celle de douze wagons. Les spécialistes ont même évoqué la possibilité d'une reconstruction totale et d'un rallongement du quai, mais dans ce cas-là, on aurait du attendre l'inauguration de l'itinéraire encore dix ans. Ce sont les cheminots allemands qui sont alors venus au secours de leurs collègues russes et français, en sacrifiant leur douzième wagon dans le train Berlin-Paris, pour laisser la place au wagon moscovite. La gare du Nord a ainsi été préservée d'une reconstruction imprévue et par conséquent, le premier trajet sans correspondance Moscou-Paris aura lieu comme prévu.

Il est à noter que l'atmosphère de la reprise de la liaison ferroviaire directe entre les capitales russe et française a été dès le début imprégnée d'un certain romantisme. Il serait injuste de passer sous silence la participation aux négociations appropriées de l'actrice française Consuelo de Haviland, ou Doussia Kostolevskaïa, comme elle se nomme elle-même, étant l'épouse du célèbre acteur russe Igor Kostolevski. C'est elle qui a eu l'idée de reprendre cette liaison ferroviaire, interrompue en 1994 en raison de la situation financière difficile dans laquelle se trouvaient à l'époque les cheminots russes.

A ce propos, Paris n'est pas la seule ville avec laquelle la Russie reprend des liaisons ferroviaires directes. En Allemagne, c'est Munich qui vient allonger la liste des villes où l'on peut se rendre directement en train depuis Moscou (à partir du 7 décembre). S'y ajoutent également Amsterdam aux Pays-Bas et Bâle en Suisse. Parmi les pays d'Europe, seules la Grande-Bretagne, la Suède et la Norvège ne possèdent pas encore de liaison ferroviaire directe avec la Russie.

Les opinions exprimées dans cet article sont laissées à la stricte responsabilité de l'auteur.

La "Marche du désaccord" à Moscou prend fin


MOSCOU, 24 novembre - RIA Novosti. La "Marche du désaccord" à Moscou a pris fin, un millier de personnes y ont pris part au total, selon les autorités de la ville.

Après le meeting, un groupe de "limonovistes" (du parti national-bolchévik dirigé par Edouard Limonov, interdit en vertu d'une décision de justice), a rompu des barrages pour sortir sur le Sadovoïé-Koltso, l'artère circulaire dans le centre-ville.

Le comité d'organisation projetait de réunir jusqu'à 3.000 personnes.

"Le meeting de l'opposition dans la capitale qui a commencé à 13h 00 a pris fin. Selon les données non définitives, y ont participé un millier de personnes. Le meeting a été couvert par près de 300 journalistes", a annoncé aux journalistes un porte-parole de la mairie de Moscou, Mikhaïl Solomentsev.

A l'étape finale du meeting, un groupe de "limonovistes" - près de 20 personnes - a rompu des barrages pour sortir sur le Sadovoïé-Koltso, a-t-il précisé.

La police a coupé court à leurs tentatives d'engager une bagarre, faisant quelques interpellations.

Campagne GREENPEACE


vendredi 23 novembre 2007

Suspect numéro un à Londres, héros à Moscou

L’élection d’Andreï Lougovoï au parlement russe lui donnerait une immunité supplémentaire. L’ancien agent du KGB cherche-t-il à se protéger de l’extradition réclamée par la justice britannique ? Crédits photo : ASSOCIATED PRESS

Andreï Lougovoï, un ancien du KGB, accusé d’avoir empoisonné Alexandre Litvinenko à Londresil y a un an, est candidat aux élections législatives de son pays le 2 décembre.

Pour Scotland Yard, il est le suspect numéro un du meurtre le plus retentissant de ces dernières années. En Russie, il est au pire une victime, au mieux un héros. La justice britannique réclame en vain son extradition pour l’assassinat au polonium 210 d’Alexandre Litvinenko, à Londres, il y a un an jour pour jour. Andreï Lougovoï ne se cache pas. Au contraire, il est même l’un des candidats les plus en vue aux élections législatives du 2 décembre en Russie.

Ce père de quatre enfants, blond au regard bleu, est-il vraiment un tueur froid ? Il y a un an, la vie de cet ancien du KGB reconverti avec succès dans les affaires a basculé, de l’ombre vers les projecteurs des médias du monde entier. Lougovoï le tueur présumé reçoit dans ses nouveaux bureaux installés au premier étage de l’hôtel Radisson de Moscou. Deux pièces modestes protégées par un petit digicode. Pas de gorilles en nombre. Et pourtant, il dit craindre pour sa vie. Assis dans son bureau, chemise à fins carreaux, élégante cravate bleu ciel et costume bleu gris, tour à tour crispé et souriant, il raconte : «Dans la rue, on me reconnaît. Je signe des autographes avec plaisir.» L’homme a le goût de la provocation. Dans le bureau est accrochée une vieille photo de Vladimir Poutine serrant la main de son désormais ennemi public numéro un, le milliardaire exilé à Londres, Boris Berezovski, ami de feu Litvinenko.

C’est justement dans l’orbite de Berezovski que Lougovoï a connu Litvinenko il y a dix ans. Une connaissance, «pas un ami», précise Lougovoï. Fils d’un colonel de l’armée soviétique, issu de la neuvième direction du KGB chargée de la protection des personnalités, Lougovoï, passe dans le privé, dans les années Eltsine. En 1996, il est chef de la sécurité de la chaîne de télévision ORT de Boris Berezovski. C’est là qu’il croise l’officier du FSB Alexandre Litvinenko qui, fin 1998, dénoncera les turpitudes de son service alors dirigé par Vladimir Poutine, avant de fuir à Londres.

Vient l’épisode trouble de la prison. En 2001, Lougovoï tente de faire évader un associé de Berezovski, détenu dans le cadre d’un scandale financier lié à Aeroflot. L’évasion échoue. Il est condamné à 14 mois de prison qu’il a purgée en préventive. Ce «gars ordinaire», comme le qualifie une connaissance d’alors, fait une fulgurante ascension dans les affaires. Lougovoï fait dans le conseil en sécurité ; il est aussi copropriétaire d’une usine de boissons et a des investissements diversifiés.

Traces de polonium

Un an avant le drame, Litvinenko le contacte depuis Londres pour lui faire rencontrer des clients potentiels. Andreï Lougovoï fera alors une douzaine de visites en Angleterre en un an. Le 1er novembre 2006, c’est accompagné de sa femme, de ses trois enfants et de son ami et associé Dmitri Kovtoun qu’il vient à Londres pour assister au match de foot Arsenal-CSK Moscou. Avant le match, il rencontre de nouveau Litvinenko. C’est le fameux rendez-vous au bar de l’hôtel Millenium, vers 16 heures. Le 23 novembre, Litvinenko expire après une agonie médiatisée dans le monde entier. Dès le lendemain, Lougovoï s’exprime dans les médias russes pour jurer de son innocence.

Le père de famille dit avoir été ébranlé par tant d’exposition médiatique. Mais, à mesure que les mois passent, il prend de plus en plus d’assurance, d’arrogance. Après son inculpation pour meurtre par empoisonnement, le 22 mai, par la justice britannique, Andreï Lougovoï convoque une véritable conférence de star au siège de l’agence Interfax. Le suspect n° 1 accuse pèle-mêle les services secrets britanniques d’avoir empoisonné leur propre agent Litvinenko et d’avoir tenté de le recruter. Accusé aussi, Berezovski qu’il qualifie de « criminel » alors qu’il le rencontrait lors de ses séjours à Londres, jusqu’à quelques jours avant le meurtre. Quant aux preuves de ses accusations, il est contraint de les garder secrètes.

Lougovoï et son ami Kovtoun ont semé des traces de polonium 210 dans tous les endroits qu’ils ont fréquentés à Londres, dès un précédent séjour du 16 au 18 octobre 2006. Preuve de leur innocence, avance Lougovoï, aucune trace radioactive n’a été détectée dans l’avion qui les amenés de Moscou à Londres le 16. Ils n’ont donc pas apporté le poison. CQFD. Il omet d’évoquer une hypothèse : si lui ou Kovtoun sont les tueurs, ils ont très bien pu transporter le poison le 16 – ou avant – dans un conteneur hermétique. Le polonium émet des rayons alpha très peu pénétrants. C’est une fois libérée de son flacon que la substance laisse ses traces détectables, même infimes. D’après la dose radioactive absorbée par Alexandre Litvinenko et d’autres indices, c’est le 1er novembre et pas avant qu’il aurait été empoisonné. «Où sont les vidéo-cassettes du bar du Millenium ? plaide encore Lougovoï pour sa défense. Notre alibi est sur la cassette. On y verrait bien que nous n’avons rien versé.»

Dernier acte, forcément interprété à Londres comme une provocation : sa candidature annoncée en septembre par le trublion Vladimir Jirinovski, député nationaliste. L’inculpé recherche-t-il l’immunité parlementaire ? «La principale immunité pour moi, c’est la Constitution» qui le protège de l’extradition. Pourquoi le LDPR de Jirinovski ? «C’est un choix émotionnel et idéologique». Le parti national populiste l’a discrètement soutenu dès décembre. Et puis, «je suis un militaire», dit-il sous une photo de lui en treillis. Je pense que Russie unie (le parti du président Poutine) défend moins les militaires.» Le soldat Lougovoï est en guerre. «Je veux faire tout mon possible pour affaiblir la position britannique dans le monde entier avec la tribune que le LDPR me donnera à la Douma si je suis élu.»

Le Figaro
De notre correspondant à Moscou Fabrice Nodé-Langlois
22/11/2007 | Mise à jour : 21:31 |

jeudi 22 novembre 2007

Vladimir Poutine rassemble ses admirateurs à Moscou


Une mer de drapeaux, des filles en mini-shorts chantant "j'en veux un comme Poutine", des vedettes du sport et de la télévision et 5 000 militants étaient rassemblés, mercredi 21 novembre, au stade Loujniki de Moscou pour supplier le président russe de continuer à diriger le pays après la fin de son second mandat en 2008.
Le rassemblement avait été convoqué par Russie unie (le parti du pouvoir) et par le mouvement "Za Poutina" (Pour Poutine) qui vient tout juste d'être créé. "Russie ! Russie ! Russie ! Nous croyons en nous-mêmes, nous croyons en la Russie !", scandaient les militants en agitant des drapeaux russes. Vladimir Poutine, empêché par la Constitution de se présenter pour un troisième mandat présidentiel lors de l'élection de mars 2008, dirige la liste du parti Russie unie (dont il n'est pas membre) pour les législatives du 2 décembre.

Le chef de l'Etat russe, costume sombre et col roulé noir, est resté mystérieux sur ses intentions, annonçant "un remaniement complet" après les élections. Qualifiant ses opposants de "chacals", il a agité le spectre de l'ingérence étrangère : "Malheureusement, il y a toujours dans notre pays des personnes qui s'infiltrent par le biais des ambassades étrangères, qui comptent sur le soutien de fonds et de gouvernements étrangers, mais pas sur leurs propres concitoyens." Ces opposants "veulent que la Russie soit faible et impuissante (...) pour pouvoir jouer de mauvais tours dans notre dos".

Avant lui, artistes, sportifs, vedettes du petit écran étaient venus dire leur admiration pour le président. "Tous les succès cinématographiques sont liés à Vladimir Poutine", a assuré le réalisateur Fiodor Bondartchouk, fils d'un cinéaste soviétique connu. "Quand il doit prendre une décision, il ne va pas à Washington, il vient à nous", a renchéri le présentateur de la télévision, Vladimir Soloviov. L'ancienne institutrice du chef de l'Etat, Vera Gourevitch, est intervenue, filmée en vidéo depuis Saint-Pétersbourg : "Avant tout, il est honnête, s'il l'a dit, il ne sera pas président !".

Son intervention a quelque peu désorienté l'assistance galvanisée par l'idée que Vladimir Poutine restera à la tête du pays. Ainsi le mouvement "Za Poutina", sorti du néant il y a une semaine, assure avoir rassemblé 30 millions de signatures pour que M. Poutine reste au pouvoir en tant que "père de la nation". Le projet d'un super-statut pour le président sortant fait son chemin.

Récemment, un des idéologues de Russie unie, Aboul Khalim Soultygov, a proposé la convocation, après les élections, d'une assemblée des représentants de la société civile qui prêteraient serment au nouveau guide, comme leurs ancêtres l'avaient fait en 1613 autour du premier tsar de la dynastie Romanov.

M. Poutine se dit hostile à toute modification de la Constitution mais l'idée que "la Constitution n'est pas un texte sacré", comme l'a affirmé récemment le président du Sénat, Sergueï Mironov, est de plus en plus évoquée. Que va faire le chef de l'Etat ? Va-t-il aller au troisième mandat, se muer en guide suprême ou prendre la tête de Russie unie ? Selon l'opposant Grigori Iavlinski, chef du parti libéral Iabloko, "lui-même ne sait pas encore ce qu'il va faire".

Dans une de ses récentes tournées électorale à Krasnoïarsk (Sibérie), Vladimir Poutine a levé un coin du voile. A un ouvrier du bâtiment qui lui confiait son désarroi de le voir partir, il a laissé entendre qu'il resterait. "Sous quelle forme ? Je ne veux pas répondre directement mais il y a plusieurs possibilités", l'a-t-il rassuré. Si la liste de Russie unie obtient un bon score aux législatives, le président estime qu'il aura "le droit moral" de garder une influence forte sur le pays.

Des voix dissidentes se font entendre. Pour Alexandre Skobov, un historien de Saint-Pétersbourg, la Russie est en train de basculer vers un régime totalitaire : "Le modèle où le président prête serment au peuple est en train d'être écarté. Nous revenons au modèle où c'est le peuple qui prête serment à son dirigeant."

Marie Jégo
Le Monde
Article paru dans l'édition du 23.11.07.


Sondages

Seuls deux partis passeraient la barre des 7 % des voix nécessaires pour entrer à la Douma d'Etat, selon deux sondages du Centre Levada et du Centre d'étude de l'opinion publique.

Russie unie, du président Vladimir Poutine, est créditée de 64 % à 67 % des intentions de vote.

Le Parti communiste, de Guennadi Ziouganov, de 7,3 % à 14 % des voix.

Russie juste, du président du Sénat Sergueï Mironov, et le

LDPR, de Vladimir Jirinovski, n'atteindraient pas 7 %.


Garry Kasparov déçu par l'attitude de Nicolas Sarkozy
Garry Kasparov déçu par l'attitude de Nicolas Sarkozy

L'ancien champion d'échecs Garry Kasparov, devenu l'un des leaders de l'opposition russe, "attendait plus" de Nicolas Sarkozy, "mais en voyant sa rencontre courtoise (en octobre à Moscou) avec le président Poutine, j'ai vu qu'il suivait les pas de Berlusconi, Chirac ou Schröder", a-t-il déclaré, mercredi 21 novembre, à Paris. Il a également appelé les dirigeants occidentaux à "cesser de soutenir" le régime "dictatorial" de Vladimir Poutine, sous peine d'en devenir les complices. "Ce que nous attendons (...), c'est qu'ils critiquent publiquement le régime pour ses violations de la démocratie et des droits de l'homme", a-t-il ajouté.


mercredi 21 novembre 2007

Poutine rencontre ses partisans au centre omnisports de Loujniki


MOSCOU, 21 novembre - RIA Novosti. Vladimir Poutine participe mercredi au Palais des sports "Loujniki" à un meeting des partisans de la politique du président russe, rapporte le correspondant de RIA Novosti sur place.

Les militants du mouvement "Pour Poutine" exhortent les citoyens de la Russie à soutenir la ligne pratiquée par le leader russe même après les futures élections législatives et présidentielles quand Vladimir Poutine ne sera plus chef de l'Etat.

Au moins cinq milliers de personnes participent au forum.

La salle est décorée aux couleurs bleu-blanc-rouge de la Russie. On voit derrière la tribune une immense affiche portant l'inscription: "Croyons en la Russie! Croyons en nous-mêmes!". De l'autre côté de la salle, une affiche encore plus grande dit: "Victoire de Poutine - victoire de la Russie" et porte dans l'angle supérieur droit l'emblème du parti Russie unie.

Les tribunes latérales sont pleines à craquer de personnes tenant des drapeaux des régions de la Russie et de différents mouvements. Beaucoup portent des affiches avec le nom de la région et le mot d'ordre "Pour Poutine". La plupart des affiches sont identiques, mais il y a des exceptions, par exemple, "La terre des trésors fait confiance à Poutine" et "Sakhaline et les Kouriles: nous sommes persuadés que tout ira bien".

On voit dans la salle beaucoup de jeunes ayant revêtu des maillots de Russie unie, de la Jeune garde et du mouvement "Nachi", ainsi que des tee-shirts à l'effigie du président.

Bien des participants au forum ont des écharpes rouges autour du cou sur lesquelles on lit: "Je réserve ma voix pour Poutine".

La manifestation est couverte par des journalistes qui ont débarqué à Loujniki à bord d'une dizaine de cars.

Le forum a été inauguré par Ivan Demidov, l'un des leaders de la Jeune garde.

Les groupes d'initiative de tout le pays, soutenant la politique de Vladimir Poutine, s'étaient réunis pour la première fois dans la ville de Tver le 15 novembre dernier. Ce premier congrès national avait été précédé par une multitude de manifestations et de rassemblements en faveur du président sortant.

Quelque 750 représentants d'organisations non gouvernementales, tant de vétérans que de jeunes, étaient venus de 80 régions du pays.

Les partisans du président avaient alors déclaré avoir déjà collecté 30 millions de signatures en faveur de Poutine.

Lors de ce congrès, ses participants avaient adopté un message, appelant les citoyens de la Russie à soutenir la politique du président après les futures élections parlementaires et présidentielles. Selon eux, Vladimir Poutine doit continuer de rester leader national, déterminer par son poids

politique la stratégie de développement du pays et garantir ainsi la continuité de la ligne politique de l'Etat. A part cela, les participants au mouvement "Pour Poutine" se proposent de procéder à un contrôle civique du pouvoir après les élections.

A Tver, le conseil de coordination du mouvement "Pour Poutine" avait été formé. Il est constitué de sept représentants des Régions fédérales et de trois coprésidents - Pavel Astakhov (avocat), Rinat Aktchourine (cardiochirurgien) et Natalie Agapova (présidente du syndicat des travailleurs de l'agroalimentaire).

Le pouvoir d'Etat en Russie subira une rénovation totale (Poutine)

MOSCOU, 21 novembre - RIA Novosti. Dans les mois à venir, le pouvoir d'Etat en Russie sera complètement rénové, a déclaré le président Vladimir Poutine devant ses partisans rassemblés au palais omnisports de Loujniki à Moscou mercredi.

"Le pouvoir d'Etat en Russie sera complètement rénové au cours des prochains mois. Afin que cette rénovation se déroule correctement et soit un succès, pour que le futur parlement et le président puissent coopérer efficacement, agir pour le bien de tous les citoyens du pays, nous n'avons besoin que de la victoire", a indiqué Vladimir Poutine.

Selon Vladimir Poutine, le principal objectif consiste à "préserver la continuité de la politique de développement stable et soutenu du pays" et à "prémunir contre des risques politiques la montée du bien-être populaire et de la sécurité de la Patrie".

Parmi les candidats à la Douma et les opposants à Russie unie, d'aucuns souhaitent restaurer le régime oligarchique, a-t-il noté.

Les gens qui ont conduit la Russie à la pauvreté et à la concussion n'ont pas quitté la scène politique, a poursuivi Vladimir Poutine devant ses partisans.

"Vous trouverez leurs noms parmi les candidats et les sponsors de certains partis. Ils veulent prendre leur revanche, revenir au pouvoir, rétablir des sphères d'influence, restaurer graduellement le régime oligarchique fondé sur la corruption et le mensonge", a indiqué le chef de l'Etat.

La Russie poursuivra sa politique de réformes (Lavrov)


MOSCOU, 21 novembre - RIA Novosti. La Russie n'abandonnera pas sa politique de réformes et de renforcement de la démocratie, mais décidera elle-même en toute indépendance des actions concrètes dans le cadre de cette ligne politique, a déclaré mercredi à Moscou le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov.

"Nous poursuivrons la ligne que nous avons choisie, celle des réformes de marché et du renforcement de la démocratie, mais nous définirons nous-mêmes nos actions concrètes dans le cadre de cette politique générale, en nous conformant à nos lois, à notre Constitution et à nos engagements internationaux", a dit le chef de la diplomatie russe à l'issue des négociations avec le ministre norvégien des Affaires étrangères Jonas Gahr Stoere. Lors des entretiens, il a été question du respect des droits de l'homme en Russie. L'Occident a plus d'une fois accusé la Russie de faire des entorses à la ligne démocratique.