samedi 21 février 2009

Un juge demande la reprise de l'enquête Politkovskaïa

"L'affaire doit être renvoyée au Comité d'enquête du parquet russe" a demandé le magistrat au lendemain de l'acquittement des suspects de l'assassinat de la journaliste.

La journaliste russe Anna Politkovskaïa a été assassinée le le 7 octobre 2006 (Sipa)

La journaliste russe Anna Politkovskaïa a été assassinée le le 7 octobre 2006 (Sipa)

Un juge russe a demandé vendredi 20 février la reprise de l'enquête sur le meurtre de la journaliste d'opposition Anna Politkovskaïa, au lendemain de l'acquittement des suspects de l'assassinat, ont rapporté les agences russes.
"Etant donné que les jurés ont décidé que les frères (Djabraïl et Ibraguim) Makhmoudov et Sergueï Khadjikourbanov ne sont pas impliqués dans ce crime, l'affaire doit être renvoyée au Comité d'enquête du parquet russe, dans l'objectif de retrouver les personnes impliquées dans ce crime", a déclaré le juge Evgueni Zoubov chargé de l'affaire Politkovskaïa, cité par Interfax.

De nombreux appels à poursuivre l'enquête


Jeudi, les Etats-Unis ont demandé à la Russie de poursuivre l'enquête sur l'assassinat de la journaliste Anna Politkovskaïa, après l'acquittement des principaux accusés.
"Nous regrettons que son assassinat reste non résolu", a déclaré à la presse un porte-parole du département d'Etat, Gordon Duguid.
"Nous appelons les Russes à rechercher les responsables et à les présenter à la justice le plus rapidement possible", a-t-il ajouté.
Anna Politkovskaïa, journaliste d'opposition à Novaïa Gazeta et l'une des rares à avoir continué de couvrir la guerre en Tchétchénie et les violations des droits de l'homme, avait été tuée par balle le 7 octobre 2006 dans son immeuble à Moscou.
Les quatre complices présumés de cet assassinat ont été acquittés jeudi à Moscou par les jurés d'un procès qui n'a permis ni de faire la lumière sur les motifs du crime ni sur l'identité du commanditaire. Le Parquet a indiqué qu'il ferait appel de ce verdict.

"Le peuple russe a droit à la vérité"


La France a pour sa part jugé "essentiel" que les auteurs de l'assassinat de la journaliste russe "répondent de ce crime odieux devant la justice" et a estimé que "le peuple russe avait droit à la vérité".
"La famille d'Anna Politkovskaïa et ses confrères ont droit à la justice. Le peuple russe a droit à la vérité", a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
"La France rappelle qu'il est essentiel que les auteurs de cet assassinat répondent de ce crime odieux devant la justice", selon le ministère.
Paris "réitère son attachement indéfectible, en Russie comme partout dans le monde, à la liberté de la presse et à l'un de ses fondements, la protection du métier de journaliste", a-t-il ajouté.
L'organisation de défense des droits de l'Homme Amnesty International et le Comité de protection des journalistes (CPJ) ont eux aussi demandé la poursuite de l'enquête.

Une enquête incomplète", pour RSF


"Nous appelons les autorités russes à ne pas s'arrêter ici, mais poursuivre l'enquête sur le meurtre et traduire en justice tous ceux qui y sont impliqués, y compris l'exécutant et les commanditaires", a déclaré Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale d'Amnesty International.
"Nous respectons la décision des jurés (...), mais nous sommes découragés par l'absence permanente de justice dans cette affaire importante", a dit, pour sa part, Nina Ognianova, coordinatrice du programme Europe et Asie centrale du CPJ.
"Nous appelons les enquêteurs russes à étudier en détail toutes les versions possibles, recueillir des preuves solides et poursuivre en justice tous les coupables de ce meurtre", a-t-elle ajouté.
Pour Reporters sans frontières, la décision d'acquitter les principaux accusés est "la conséquence d'une enquête incomplète et transmise prématurément à la justice".
"Les irrégularités, les incohérences et l'opacité observées lors de ce procès, fermé à plusieurs reprises au public et marqué par un scandale dès son début, interdisent de considérer l'affaire comme résolue", ajoute l'organisation de défense la liberté de la presse.
"En l'absence du tireur présumé et faute de connaître l'identité des commanditaires, il est impossible de savoir qui a ordonné ce crime et pourquoi", ajoute RSF, selon qui "tout reste à faire".

NOUVELOBS.COM | 20.02.2009 | 10:30
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