l n'y aura pas de deuxième tour à l'élection présidentielle russe : selon des résultats portant sur 99 % des bulletins, le premier vice-premier ministre, Dmitri Medvedev, soutenu par le Kremlin, s'est imposé dès le premier tour avec 70,22 % des suffrages en sa faveur. Une victoire sans surprise, dans la mesure où Dmitri Medvedev était quasiment assuré de l'emporter depuis qu'il avait annoncé que le très populaire président Poutine, empêché par la Constitution de briguer un troisième mandat, deviendrait son premier ministre s'il était élu. MM. Medvedev et Poutine ont fait une brève apparition dans la soirée, dimanche 2 mars, sur la scène d'un concert de rock sur la place Rouge. "Nous pouvons maintenir le cap fixé par Vladimir Poutine et nous avons toutes les chances de le faire", a déclaré le futur chef de l'Etat, en jean et veste de cuir, sous les acclamations de ses partisans. "L'élection a eu lieu. Notre candidat Dmitri Anatolievitch Medvedev a une solide avance (...) l'élection s'est déroulée en stricte conformité avec la Constitution", a assuré le président sortant.
Le communiste Guennadi Ziouganov totaliserait 17,77 % des voix, selon ces résultats partiels, devant l'ultranationaliste proche du Kremlin Vladimir Jirinovski (PLDR), qui obtiendrait 9,37 % des suffrages, et l'énigmatique Andreï Bogdanov qui prône l'adhésion de la Russie à l'Union européenne (1,29 %). M. Ziouganov a annoncé qu'il allait porter plainte devant les tribunaux avec des "preuves" de violations de la loi électorale, a rapporté l'agence de presse russe Itar-Tass. M. Jirinovski a lui aussi rejeté les résultats. "Nous ferons obligatoirement appel devant la justice, mais cela ne donnera rien", a-t-il déclaré, selon l'agence russe.
L'opposition libérale, qui avait renoncé à présenter des candidats, avait appelé à boycotter l'élection. L'ancien champion du monde d'échecs Garry Kasparov, qui défilait dimanche avec des sympathisants pour dénoncer la "farce" de la présidentielle, a été empêché d'accéder à la place Rouge. Quatre jeunes militants de gauche ont été arrêtés.
"TABLEAU TRÈS SOMBRE", SELON UNE ONG
La principale inconnue du vote résidait finalement dans le taux de participation, même si plus aucun seuil minimal n'est requis pour valider ce scrutin. Vladimir Poutine avait appelé les électeurs à voter massivement, et le Kremlin avait affiché un objectif de participation d'au moins 70 %. Selon la presse, les gouverneurs de régions se sont vu enjoindre de garantir que 65 % des électeurs se déplacent. Objectif apparemment atteint : après dépouillement de 90 % des bulletins, la participation atteignait 67,7 %. Mais certains ont fait état de pressions sur des millions de fonctionnaires, menacés de licenciement s'ils ne votaient pas. Selon une pratique éprouvée à l'occasion des dernières législatives, les électeurs pouvaient voter dans n'importe quel bureau de vote, de préférence à proximité de leur lieu de travail, sous l'œil vigilant de leurs supérieurs hiérarchiques.
Avant même la fin des opérations de vote, le Parti communiste et une ONG russe ont dénoncé des irrégularités, avec des observateurs refoulés des bureaux de vote ou des ouvriers forcés de se rendre aux urnes sous la menace de sanctions. L'organisation indépendante russe Golos, qui compte deux mille observateurs, a dit avoir déjoué, avant l'ouverture du scrutin, des tentatives de bourrages d'urnes dans des bureaux de vote de la région de Moscou et avoir mis à jour d'autres exemples de fraudes dans tout le pays. "Le tableau est très sombre, a déclaré Lilia Chibanova, directrice générale de l'ONG. Il est clair que dans les régions où la participation est incroyablement élevée, au-dessus de 90 %, la proportion de votes pro-Medvedev atteint aussi des sommets impossibles."
Quel partage des pouvoirs entre Medvedev et Poutine ?
Interrogé sur la répartition des pouvoirs avec son puissant premier ministre, le nouveau président russe à rappelé qu'il incombait au chef de l'Etat de "déterminer la politique extérieure en vertu de la Constitution". "Le président a ses pouvoirs et le premier ministre en a les siens. Ces pouvoirs ont été établis depuis longtemps et personne ne veut les changer", a-t-il ajouté. "Nous travaillons ensemble depuis longtemps et nous avons confiance l'un dans l'autre", a-t-il ajouté à propos de ses relations avec le président sortant Vladimir Poutine.
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 02.03.08 | 17h17 • Mis à jour le 03.03.08 | 07h45
http://www.lemonde.fr/europe/article/2008/03/02/participation-moderee-en-russie-pour-un-scrutin-presidentiel-sans-grand-suspens_1017934_3214.html?xtor=RSS-3210
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