samedi 9 février 2008

Vladimir Poutine à l'offensive au moment de quitter la présidence

Prenant la parole, vendredi 8 février, dans le cadre solennel du Kremlin devant les plus hauts responsables politiques russes, des ministres aux gouverneurs, Vladimir Poutine a présenté la stratégie de la Russie à l'horizon 2020, en montrant au passage qu'il restait le chef à moins d'un mois de la présidentielle à laquelle il ne peut se présenter.

"La Russie a et aura toujours une réponse aux nouveaux défis", a-t-il lancé dans un discours en forme de programme électoral pour son dauphin Dmitri Medvedev, sagement assis au premier rang au point d'en paraître effacé, et qui a construit toute sa campagne sur l'héritage Poutine."Une nouvelle spirale de la course aux armements est lancée dans le monde (...) La Russie doit développer de nouvelles armes dont les caractéristiques seront les mêmes ou plus sophistiquées que celles dont disposent plusieurs Etats", a-t-il dit.

LA STRATÉGIE AMÉRICAINE CRITIQUÉE

Il a également accusé des pays, sans les citer, de chercher à affaiblir la Russie pour accéder à ses vastes ressources énergétiques et a affirmé qu'une nouvelle course aux armements avait commencé. M. Poutine a insisté sur "l'autorité internationale" retrouvée de la Russie après l'effondrement de l'URSS. Durant son intervention, il a opposé l'expansion militaire de l'OTAN vers la frontière ouest de la Russie à la décision de Moscou de fermer ses bases de l'époque soviétique à Cuba et au Vietnam.''Il n'y a pas eu de réponse constructive à nos préoccupations légitimes'', a-t-il déclaré en référence au projet américain d'installer des éléments d'un bouclier antimissile en Pologne et en République tchèque, et de nouvelles bases militaires en Roumanie et Bulgarie. Washington a réagi en assurant que son projet de bouclier antimissile en Europe était "l'antithèse" de la course aux armements de la Guerre froide.

Sur le front intérieur, M. Poutine s'est félicité d'avoir mis fin au "séparatisme", fait rentrer la Tchétchénie dans le giron de la Russie et mis fin à la toute-puissance des oligarques. "On a rétabli l'Etat de droit dans tout le pays", a-t-il insisté.

CORRUPTION ET FAIBLE PRODUCTIVITÉ POINTÉS DU DOIGT

La Russie a retrouvé le chemin de la croissance – 8 % en 2007-, mis fin à l'évasion de capitaux et même dégagé dans ce domaine un flux positif net record de 82 milliards de dollars l'an dernier, a-t-il énuméré. Pour autant, l'équipe au pouvoir ne doit pas s'endormir sur ses lauriers, a-t-il averti.

Dans un curieux aveu d'impuissance, il a déploré que la corruption continue de gangrener la société, même s'il l'a avant tout liée à la difficulté de créer de petites entreprises."Des mois sont nécessaires pour lancer sa propre affaire. Il faut se rendre partout avec un pot-de-vin : chez les pompiers, les services sanitaires, les gynécologues. C'est l'horreur!", s'est-il exclamé. Il a aussi déploré la faible productivité du travail et mis en garde contre une "inertie" qui laisserait le pays à la traîne de la concurrence mondiale et trop dépendant de ses hydrocarbures.

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