samedi 19 avril 2008

Nouvelle passe d'arme diplomatique entre la Géorgie et la Russie

Les tensions diplomatiques entre la Russie et la Géorgie, très vives depuis l'arrestation d'espions russes présumés et la mise en place d'un embargo sur les produits géorgiens par Moscou en 2006, sont à nouveau montées d'un cran, vendredi 18 avril, après que Tbilissi a jugé que les propositions russes en vue d'une normalisation étaient "vides de sens".

Moscou a soufflé le chaud et le froid sur son voisin géorgien ces derniers jours. Il a proposé le rétablissement des liaisons de transport et des relations postales, ainsi que des consultations sur la question de "l'accès des produits géorgiens sur le marché russe", mais a également exprimé sa volonté d'établir des liens juridiques avec l'Abkhazie et l'Ossétie du Sud, deux régions géorgiennes frontalières de la Russie aux velléités indépendantistes.

"LES RUSSES ONT FRANCHI LA LIGNE ROUGE"

Pour les Géorgiens, tout soutien aux régions sécessionnistes rend caduque les tentatives de normalisation. "La Russie essaye d'annexer un tiers du territoire de la Géorgie et propose d'améliorer ses relations avec les deux tiers restants", résume le chef de la diplomatie géorgienne, David Bakradze. Les autorités géorgiennes ont immédiatement fait appel à la communauté internationale, invitant les membres du Conseil des Nations unies à débattre du cas russe, jeudi, avant de participer à des consultations d'urgence avec l'OTAN pour augmenter la pression internationale sur Moscou, vendredi.

"Les Russes ont franchi la ligne rouge et l'Europe ainsi que la communauté euro-atlantique doivent réagir (...) pour prouver qu'elles ont la volonté de protéger les jeunes démocraties", a lancé le ministre à l'intégration européenne, Guéorgui Baramidze. L'OTAN et l'Union européenne ont réagi en demandant à la Russie de revenir sur sa décision.

UNE RÉACTION AUX HÉSITATIONS DE L'OTAN

Ce différend entre les deux pays intervient deux semaines après que l'Alliance atlantique a promis une adhésion à l'ancienne république soviétique sans toutefois proposer de calendrier, une décision vivement décriée par les autorités russes. Au yeux de M. Baramidze, la Russie réagit à l'évidence aux hésitations de l'OTAN. "Tant que la Géorgie n'est pas membre de l'OTAN, ils auront le sentiment d'avoir la possibilité d'empêcher la Géorgie d'adhérer, parce qu'ils savent très bien qu'une fois que la Géorgie fera partie de l'OTAN, ils ne pourront plus exercer ce type de provocation", a-t-il insisté.

A Washington, l'initiative russe a suscité une grande inquiétude. La sécrétaire d'Etat Condoleezza Rice a téléphoné à son homologue russe, Sergueï Lavrov, et au président géorgien, Mikhaïl Saakachvili, pour tenter d'aboutir à un consensus. Le candidat républicain à la présidence, John McCain, s'est également penché sur la situation. "Nous ne devons pas permettre à la Russie de se croire libre de porter atteinte à la souveraineté de la Géorgie", a-t-il notamment déclaré.

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 18.04.08 | 18h43 • Mis à jour le 18.04.08 | 19h14

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2008/04/18/nouvelle-passe-d-arme-diplomatique-entre-la-georgie-et-la-russie_1035873_3222.html?xtor=RSS-3208

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