Le Premier ministre russe et ancien Président Vladimir Poutine en est persuadé. L'Iran n'essaie pas d'acquérir l'arme nucléaire et "n'a rien enfreint sur le plan juridique pour l'instant", affirme le toujours homme fort du Kremlin dans un entretien au Monde publié samedi.
"Je ne le crois pas. Rien ne l’indique", répond Poutine à qui l'on a demandé s'il estimait que Téhéran essayait d'acquérir l'arme nucléaire. "Les Iraniens sont un peuple fier. Ils veulent jouir de leur indépendance et utiliser leur droit légitime au nucléaire civil. Je suis formel : sur un plan juridique, l’Iran n’a rien enfreint pour l’instant. Il a même le droit d’enrichir (de l'uranium)."
"On reproche à l’Iran de ne pas avoir montré tous ses programmes à l’AIEA. Ce point reste à régler", a tout de même reconnu Poutine, quelques jours après la diffusion restreinte d'un rapport de l'agence de l'ONU où elle déplore le refus de Téhéran de répondre à ses questions sur un possible volet militaire de son programme nucléaire.
"Quels intérêts cela servirait-il?"
L'Iran est accusé par des pays occidentaux, dont les Etats-Unis et la France, de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert de programme civil, ce que Téhéran dément. Poutine a réaffirmé que son pays était contre l'acquisition de l'arme nucléaire par Téhéran: "C’est notre position de principe. Utiliser l’arme nucléaire dans une région aussi petite que le Proche-Orient serait synonyme de suicide. Quels intérêts cela servirait-il? Ceux de la Palestine ? Alors les Palestiniens cesseront d’exister".
Poutine souligne avoir indiqué aux dirigeants iraniens que leur pays "ne se trouvait pas dans une zone aseptisée mais dans une région explosive". "Nous leur demandons d’en tenir compte, de ne pas irriter leurs voisins ou la communauté internationale, de prouver qu’ils n’ont pas d’arrière-pensées."
L'Otan et ses "nouvelles frontières invisibles"
Téhéran fait déjà l'objet de trois résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU assorties de sanctions, pour le contraindre à suspendre son enrichissement d'uranium et à coopérer pleinement avec l'AIEA.
Moscou a récemment appelé les six grandes puissances impliquées dans les discussions sur le programme nucléaire iranien à donner à l'Iran des "garanties" de sécurité.
Interrogé par ailleurs sur l'élargissement de l'Otan à l'Ukraine et à la Géorgie, Poutine réaffirme son opposition à ce projet arguant que la menace d'une confrontation avec l'Union soviétique "n'existe plus". "Elargir l’Otan, c’est ériger de nouvelles frontières en Europe, de nouveaux murs de Berlin, invisibles cette fois mais pas moins dangereux. La défiance mutuelle s’installe, c’est néfaste. Les blocs militaro-politiques conduisent à une limitation de la souveraineté de tout pays membre en imposant une discipline interne, comme dans une caserne."
afp
LIBERATION.FR : samedi 31 mai 2008
LIBERATION.FR : samedi 31 mai 2008
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