Deux dollars : c'est ce qu'il fallait débourser, au début de l'été, sur Allofmp3.com pour s'offrir l'album de Mika, coqueluche estivale de la bande FM. Le single entêtant de Renan Luce, La Lettre, s'achetait lui... 15 cents américains. A deux clics de ce site, basé en Russie, fnacmusic.com et la plupart des plates-formes légales de téléchargement facturent le même album 9,99 euros et 99 centimes d'euro pour une seule chanson.
Le secret de cette grande braderie musicale est simple : "Allofmp3.com vend des centaines de milliers de titres sans rémunérer les artistes ou les ayants droit", dénonce l'IFPI (International Federation of the Phonographic Industry), représentant l'industrie du disque.
Créé en 2000, le site russe vise depuis 2004, un marché qui dépasse largement ses frontières. Il se décline aujourd'hui en français, anglais, allemand et italien. Marginal à sa création, le site commencerait à peser sur le marché naissant de la musique en ligne. Selon un rapport de la société d'étude anglaise XTN, réalisé en 2006, Allofmp3.com serait, en Grande-Bretagne, le principal rival du numéro un mondial de la vente de musique en ligne, iTunes, plate-forme de distribution du géant Apple.
Par ailleurs, les fichiers musicaux vendus par le contrefacteur sont dépourvus de "mesures techniques de protection" (MTP) et peuvent être reproduits à l'infini.
Excédées, les majors Warner, Universal et EMI saisissent la justice russe et accusent Denis Kvassov, ancien dirigeant de la compagnie Media Services, propriétaire du site, de vendre en ligne des oeuvres dont il ne dispose pas des droits. Parallèlement, le département du commerce américain enjoint à Moscou de prendre les mesures nécessaires au respect du droit d'auteur et des brevets industriels, condition sine qua non pour l'intégration de la Russie au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC).
Sous pression, Allofmp3.com cesse ses activités début juillet. Le 24, le procureur russe requiert trois ans de prison à l'encontre de Denis Kvassov. Coup de théâtre mercredi 15 août : le tribunal de Moscou relaxe Denis Kvassov pour défaut de preuves.
Media Services assure reverser une partie de ses revenus aux auteurs via la Russian Multimedia Internet Society (ROMS). "C'est faux, réplique Thierry Desurmont, vice-président du directoire de la Sacem, chargé des affaires juridiques et internationales. La société Media Services exploite notre catalogue sans autorisation de notre part. Par ailleurs, la Russian Authors Society (RAO), équivalent russe de la Société des auteurs, n'est pas autorisée à exploiter notre catalogue hors de Russie. Nous avons porté plainte auprès des autorités françaises et nous espérons obtenir une condamnation, même si il est vrai qu'il sera compliqué de la faire exécuter puisque la société est sur le territoire russe."
Aujourd'hui, la plate-forme de téléchargement reste fermée. La cessation d'activité est toutefois théorique puisqu'un site clone, mp3sparks.com, a pris le relais. Ce dernier demeure accessible aux internautes.
En France, "les utilisateurs de ce site peuvent voir leur responsabilité pénale recherchée pour complicité de contrefaçon et recel, avertit le vice-président de la Sacem. Mais ce n'est pas une voie que nous envisageons."
Eric Nunès - LE MONDE | 25.08.07 | 15h18 • Mis à jour le 25.08.07 | 15h18
dimanche 26 août 2007
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