LE MONDE 15.08.07 15h17 • Mis à jour le 15.08.07 15h18
Le 2 août, le bras articulé d'un bathyscaphe plante un drapeau russe en titane inoxydable au fond de l'océan Arctique, à 4 261 mètres de profondeur, à la verticale du pôle Nord. L'événement s'était prêté à de belles images mais il n'a pas échappé à la polémique.
Alerté par un enfant de 13 ans qui affirmait avoir reconnu des images du film Titanic, de James Cameron, dans le reportage, le quotidien finlandais populaire Ilta-Sanomat a sorti l'"affaire", le 9 août, sans être démenti. Ces images, diffusées à l'étranger par l'agence Reuters, en contrat avec la chaîne, n'avaient toutefois pas suscité de réactions.
Si trois chaînes russes avaient suivi le vaisseau de recherche Akademik-Fedorov jusqu'à son arrivée, seule la deuxième chaîne publique, Rossia, fidèle du Kremlin, avait pu poursuivre l'expédition et montrer les images des deux bathyscaphes descendant dans les profondeurs.
C'est l'un des plans montrant des vues prises sous les mers qui est en cause. En haut à gauche est écrit "océan Arctique du Nord", tandis que défilent les images commentées par le correspondant : "Lorsque le bathyscaphe atteint la profondeur de 300 mètres, le deuxième appareil commence son plongeon, piloté par Evgeni Tcherniaevi." Il n'est pas précisé que les vues ne sont pas celles filmées par la chaîne.
Rossia se défend toutefois de toute manipulation. Ioulia Papilova, attachée de presse de la chaîne, explique que ces images issues du film Titanic "ont été insérées pour raconter la catastrophe de 1912". La chaîne souligne qu'elles avaient été mises à disposition par le fonds océanique russe et avaient déjà été utilisées par James Cameron pour son film. "Nous les avons reprises pour illustrer notre reportage, car les deux bathyscaphes Mir 1 et Mir 2, qui, à l'époque, avaient remonté les images originales du bateau coulé, sont les deux mêmes qui ont été utilisées pour l'expédition du 2 août."
INTÉRÊTS NATIONAUX
Fin juillet, la chaîne avait déjà été épinglée pour avoir illustré par un photomontage un sujet sur Boris Berezovski, l'ancien oligarque russe réfugié à Londres, dont Moscou demande l'extradition. Elle s'était appuyée sur un article du Times montrant Berezovski à la "une" du quotidien. Or, après vérification, cette photo accompagnait un article situé dans les pages intérieures du journal. "C'était une façon comme une autre d'illustrer notre sujet, justifie sans conviction Ioulia Papilova. Il se trouve que c'est un photomontage, mais nous n'avons jamais affirmé qu'il s'agissait de l'original..." Mais la chaîne n'avait pas précisé qu'elle avait recomposé la "une", laissant croire que le sujet, critique à l'égard de Berezovski, reflétait un choix politique du journal.
Rossia n'est pas la seule à servir des intérêts nationaux au détriment de la vérité. Pour encourager les jeunes à entrer dans l'armée, des posters placardés, en juin, dans le métro de Moscou les appelaient à faire leur service parmi les gardes frontières. En fond : une superbe montagne donnant sur un lac. Mais au lieu d'un paysage russe, c'est la montagne Rainier, dans l'Etat de Washington, aux Etats-Unis, qui faisait office de séduisant appel civique.
En février 2006, pour célébrer la fête annuelle de l'armée russe, une autre affiche montrait... le cuirassé américain Missouri. Elle fut retirée rapidement.
Madeleine Vatel
Le 2 août, le bras articulé d'un bathyscaphe plante un drapeau russe en titane inoxydable au fond de l'océan Arctique, à 4 261 mètres de profondeur, à la verticale du pôle Nord. L'événement s'était prêté à de belles images mais il n'a pas échappé à la polémique.
Alerté par un enfant de 13 ans qui affirmait avoir reconnu des images du film Titanic, de James Cameron, dans le reportage, le quotidien finlandais populaire Ilta-Sanomat a sorti l'"affaire", le 9 août, sans être démenti. Ces images, diffusées à l'étranger par l'agence Reuters, en contrat avec la chaîne, n'avaient toutefois pas suscité de réactions.
Si trois chaînes russes avaient suivi le vaisseau de recherche Akademik-Fedorov jusqu'à son arrivée, seule la deuxième chaîne publique, Rossia, fidèle du Kremlin, avait pu poursuivre l'expédition et montrer les images des deux bathyscaphes descendant dans les profondeurs.
C'est l'un des plans montrant des vues prises sous les mers qui est en cause. En haut à gauche est écrit "océan Arctique du Nord", tandis que défilent les images commentées par le correspondant : "Lorsque le bathyscaphe atteint la profondeur de 300 mètres, le deuxième appareil commence son plongeon, piloté par Evgeni Tcherniaevi." Il n'est pas précisé que les vues ne sont pas celles filmées par la chaîne.
Rossia se défend toutefois de toute manipulation. Ioulia Papilova, attachée de presse de la chaîne, explique que ces images issues du film Titanic "ont été insérées pour raconter la catastrophe de 1912". La chaîne souligne qu'elles avaient été mises à disposition par le fonds océanique russe et avaient déjà été utilisées par James Cameron pour son film. "Nous les avons reprises pour illustrer notre reportage, car les deux bathyscaphes Mir 1 et Mir 2, qui, à l'époque, avaient remonté les images originales du bateau coulé, sont les deux mêmes qui ont été utilisées pour l'expédition du 2 août."
INTÉRÊTS NATIONAUX
Fin juillet, la chaîne avait déjà été épinglée pour avoir illustré par un photomontage un sujet sur Boris Berezovski, l'ancien oligarque russe réfugié à Londres, dont Moscou demande l'extradition. Elle s'était appuyée sur un article du Times montrant Berezovski à la "une" du quotidien. Or, après vérification, cette photo accompagnait un article situé dans les pages intérieures du journal. "C'était une façon comme une autre d'illustrer notre sujet, justifie sans conviction Ioulia Papilova. Il se trouve que c'est un photomontage, mais nous n'avons jamais affirmé qu'il s'agissait de l'original..." Mais la chaîne n'avait pas précisé qu'elle avait recomposé la "une", laissant croire que le sujet, critique à l'égard de Berezovski, reflétait un choix politique du journal.
Rossia n'est pas la seule à servir des intérêts nationaux au détriment de la vérité. Pour encourager les jeunes à entrer dans l'armée, des posters placardés, en juin, dans le métro de Moscou les appelaient à faire leur service parmi les gardes frontières. En fond : une superbe montagne donnant sur un lac. Mais au lieu d'un paysage russe, c'est la montagne Rainier, dans l'Etat de Washington, aux Etats-Unis, qui faisait office de séduisant appel civique.
En février 2006, pour célébrer la fête annuelle de l'armée russe, une autre affiche montrait... le cuirassé américain Missouri. Elle fut retirée rapidement.
Madeleine Vatel
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