dimanche 26 août 2007

Les relations entre Moscou et Paris, y a-t-il une tendance aux changements ?

Les relations entre Moscou et Paris, y a-t-il une tendance aux changements ? Tel est le sujet d’un commentaire de notre observateur Valentin Dvinine. Il écrit :
Deux mois se sont écoulés après le transfert par Jacques Chirac des prérogatives du chef de l’Etat au nouveau président de France Nicolas Sarkozy. Cela suffit pour apprécier si’il y a eu des changements dans les relations entre la Russie et la France présagés par certains analystes. Ainsi, le directeur de l’Institut des relations internationales et stratégiques Boniface Pascal a déclaré prenant la parole le 21 mai à la conférence consacrée à la politique extérieure française qu’avec l’accession de Nicolas Sarkozy au pouvoir il y aurait un refroidissement entre Paris et Moscou et il y aurait moins de points de coïncidence entre les deux pays.
Nicolas Sarkozy et le président de Russie Vladimir Poutine se sont entretenus le même jour : le 21 mai par téléphone. Selon le porte-parole de l’Elysée David Martinon, Nicolas Sarkozy s’est prononcé pour un dialogue ouvert, fondé sur la confiance et régulier entre les chefs des deux Etats et pour un partenariat privilégié avec la Russie.
D’aucuns diront, peut-être, que c’était le premier entretien des deux présidents après l’accession de Nicolas Sarkozy à la présidence et il était contraint de se montrer poli conformément au protocole en réponse aux félicitations de Vladimir Poutine.
Cependant, les présidents russe et français ont réaffirmé lors d’un entretien personnel le 7 juin au sommet du G8 à Heiligendamm, station balnéaire allemande, leur intention de promouvoir la coopération. Selon les journalistes, Vladimir Poutine a exprimé l’espoir concernant la succession des relations russo-françaises. Nicolas Sarkozy lui a répondu : « Bien sûr, il ne saura pas en être autrement ».
Conformément aux Constitutions de Russie et de France, les présidents déterminent la politique extérieure de nos pays. L’Exécutif applique leurs principes politiques. En plus du nouveau président, l’Assemblée nationale de nouvelle composition et un nouveau gouvernement dirigé par François Fillon ont été formés en France. Le premier ministre a réaffirmé en exposant début juillet son programme aux députés de l’Assemblée nationale l’aspiration de la France à poursuivre un dialogue constructif et fondé sur la confiance avec la Russie. Ceci étant, Fillon a souligné qu’une telle politique n’était guère nuisible pour l’indépendance nationale de la France ni pour son alliance traditionnelle avec les Etats-Unis.
Il convient de noter, poursuit Valentin Dvinine, que l’intention de Nicolas Sarkozy d’améliorer les rapports entre Paris et Washington dont il a fait part pendant sa campagne électorale a été l’un des arguments essentiels invoqués par les analystes ayant présagé dans ce contexte un refroidissement entre Paris et Moscou.
L’aggravation des rapports franco-américains pendant le 2ème mandat présidentiel de Jacques Chirac a été due à l’attitude négative de Paris envers la politique de Washington ayant décidé d’employer la force contre l’Irak. Or, Jacques Chirac n’a pas mis en doute les principes fondamentaux des relations franco-américaines, notamment dans le cadre de l’OTAN. Une question s’impose : pourquoi l’aspiration du nouveau président de France à normaliser les relations franco-américaines doit se répercuter négativement sur les liens entre Paris et Moscou ?
Les relations russo-françaises, écrit notre observateur, sont déterminées par les intérêts bilatéraux réciproques et la responsabilité internationale des grandes puissances plutôt que par les sympathies ou les antipathies de nos pays pour les pays tiers. Poutine et Sarkozy l’ont réaffirmé lors d’un entretien téléphonique qu’ils ont eu le 11 juillet à l’initiative du président français.
Cet entretien, est-il indiqué dans un communiqué officiel, a traduit la continuité du dialogue constructif qui a commencé au sommet du G8. Les leaders des deux pays ont échangé d’opinions sur les questions internationales, notamment sur le règlement au Kosovo et envisagé les perspectives de coopération économique, en particulier dans le secteur énergétique.
Fait révélateur : les grandes compagnies énergétiques : « Gazprom » russe et « Total » française ont signé, peut-être par simple coïncidence, le même jour l’accord sur la prospection conjointe du gisement gigantesque de gaz Shtokman dans la mer de Barents dont les réserves sont évaluées à 3 700 milliards de m3 de gaz. La prospection du gisement permettra de satisfaire pour des années à venir les besoins de la Russie et de la France ainsi que de l’Europe dans son ensemble.
Je voudrais citer pour conclure, écrit Valentin Dvinine, l’ambassadeur de France en Russie M. Stanislas de Laboulaye ayant pris la parole le 14 juillet à Moscou à l’occasion de la Fête nationale française. Il a déclaré ayant signalé le caractère privilégié de la relation qui s’est nouée entre Moscou et Paris par delà le changement de notre équipe dirigeante : « La qualité et la densité des relations entre nos deux pays seront une priorité d’autant plus forte qu’elles s’inscriront dans la perspective de la présidence de l’Union européenne que la France va assumer au deuxième semestre de l’année prochaine. Ce sera pour notre pays une responsabilité lourde. Nous estimons que la relation de la Russie avec l’UE est par nature stratégique et que nous devons renforcer la vocation européenne de la Russie ».
A en juger d’après ces faits et déclarations, les relations entre Moscou et Paris changent en évoluant vers une coopération encore plus étroite et efficace.

Valentin Dvinine - La Voix de la Russie - Голос Росии

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