lundi 10 décembre 2007

Kosovo : Moscou promet une «réaction en chaîne».

Alors que le Kosovo assure qu’il sera indépendant avant mai 2008, la Russie a prévenu les Européens qu’une reconnaissance ne resterait pas sans «conséquences».

La poudrière des Balkans n’est pas éteinte. Ainsi se résume la crainte majeure des Européens, mais aussi la menace à peine voilée de la Russie quant au statut du Kosovo.

Vendredi, les négociateurs de la troïka Etats-Unis/Russie/UE ont remis un rapport en forme de constat d’échec sur l’avenir de la province séparatiste albanophone de Serbie, après quatre mois de négociations. « La question n’est pas de savoir si mais quand », a résumé de son côté le porte-parole du gouvernement kosovar, promettant une indépendance avant mai 2008.

Que faire face à cette déclaration unilatérale ? Sur les 27 états de l’Union européenne, 26 seraient ainsi parvenus à se mettre d’accord sur un mode de reconnaissance de l’indépendance du Kosovo, sans résolution préalable du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Les détails de cette position commune restent flous. Seule certitude : Chypre fera cavalier seul. L’île craint qu’une telle reconnaissance soit utilisée comme jurisprudence par la République turque de Chypre du Nord (RTCN), reconnue uniquement par Ankara, pour réclamer elle aussi sa reconnaissance.

En première ligne, la Grande-Bretagne, dont le ministre des Affaires étrangères, David Miliband, a ainsi répondu clairement « oui », à la question « seriez-vous prêt à reconnaître un Kosovo indépendant? ».

Mais, Miliband a ajouté qu’il ne s’agit là que de la « réponse courte » à cette question. « Mais, dans les Balkans, il est très important d’éviter les réponses courtes et reconnaître qu’il s’agit d’une situation très compliquée », a-t-il nuancé sur BBC-4.

C’est ce même sentiment que s’efforce de faire jouer la diplomatie russe. Sergueï Lavrov a ainsi mis en garde contre une reconnaissance unilatérale du Kosovo, qui serait « lourde de conséquences ». « Je suis convaincu qu’une réaction en chaîne s’ensuivrait dans les Balkans et d’autres régions du monde », a-t-il ajouté.


L.S.
Le Figaro (avec AFP)
10/12/2007 | Mise à jour : 12:30 |


e Kosovo, qui entend déclarer son indépendance début 2008, presse l'Union européenne et les Etats-Unis de lui donner le feu vert, malgré l'opposition de la Russie. Moscou a mis en garde lundi 10 décembre contre une "réaction en chaîne" dans les Balkans si la province serbe passait outre l'opposition de Belgrade.
"La question n'est pas de savoir si, mais quand" le Kosovo fera sécession, a déclaré lundi à l'agence Associated Press Skender Hyseni, porte-parole du gouvernement albanophone, assurant que la petite province du Sud de la Serbie accéderait à l'indépendance "bien avant le mois de mai".

Election présidentielle serbe le 20 janvier

Des dirigeants kosovars ont déclaré que l'indépendance serait probablement déclarée en janvier ou février, ce qui ouvrirait une période de transition de 120 jours sous supervision internationale pendant laquelle la communauté internationale reconnaîtrait ce nouveau pays et les Nations unies transféreraient l'administration civile de l'ex-province serbe à l'UE.
On ignore si le gouvernement attendra jusqu'à l'élection présidentielle serbe prévue pour le 20 janvier. Interrogé par l'AP, le Premier ministre sortant Agim Ceku, qui cédera bientôt la place à l'ancien chef rebelle Hachim Thaci vainqueur des dernières élections législatives, a en tout cas pressé l'Union européenne lundi de "reconnaître la nécessité d'une conclusion immédiate et définitive de ce processus" de séparation.

"Pas d'échange Kosovo contre Europe"

La Serbie n'échangera pas le Kosovo contre l'adhésion à l'Union européenne (UE), a déclaré de son côté le vice-Premier ministre serbe Bozidar Djelic.
"Il n'y a pas d'échange Kosovo contre Europe", a-t-il déclaré à l'agence Tanjug. "La Serbie ne l'accepterait jamais et personne ne le lui offre", a-t-il souligné.
Un Conseil des ministres de l'UE a lieu à Bruxelles pour définir une position européenne commune sur la question du Kosovo.
Les dirigeants kosovars albanais ont commencé lundi des consultations avec "leurs partenaires internationaux" en vue d'une proclamation d'indépendance.
Une indépendance à laquelle la Serbie est farouchement opposée.

Chypre opposé à l'indépendance

Les ministres des Affaires étrangères des Vingt-Sept étaient réunis pour en discuter à Bruxelles. Le Suédois Carl Bildt a affirmé qu'il y avait une "quasi-unanimité" sur la question, un seul pays s'opposant à l'indépendance du Kosovo. Un porte-parole du gouvernement de Chypre a effectivement déclaré l'opposition de son pays, qui craint que ne soit ouverte la voie à d'autres sécessions, et notamment celle de la partie turque de l'île méditerranéenne.
Le Conseil de sécurité de l'ONU examinera quant à lui le dossier le 19 décembre. Vendredi, les émissaires de la "troïka" composée de l'UE, des Etats-Unis et de la Russie ont déclaré au secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon que les derniers quatre mois de négociations sous leur égide n'avaient pas permis de trouver un accord entre Kosovars et Serbes.
Le Kosovo est placé sous administration civile de l'ONU depuis l'intervention de l'OTAN qui a mis fin à l'offensive serbe contre les séparatistes en 1999. La Serbie propose d'accorder une large autonomie à la province mais refuse de se séparer de cette partie de son territoire qu'elle considère comme son berceau.

Renforcement de la présence de l'OTAN

Le ministre serbe chargé du Kosovo, Slobodan Samardzic, devait d'ailleurs ouvrir une antenne de ses services lundi dans la partie serbe de Kosovska Mitrovica, dans le nord de la ville divisée, qui a souvent été le théâtre de violences entre la majorité albanophone et la minorité serbe du Kosovo.
Selon des médias kosovars, des membres de la Garde du tsar Lazar, un groupe radical serbe interdit, ont distribué lundi dans le Nord à majorité serbe de la province des tracts affirmant qu'ils étaient prêts à prendre les armes si le Kosovo déclarait son indépendance. L'OTAN renforce sa présence dans la zone pour faire face à d'éventuelles violences.
La Russie, qui possède un droit de veto au Conseil de sécurité de l'ONU, a averti lundi qu'elle considérerait une déclaration d'indépendance unilatérale du Kosovo comme une violation du droit international. Une telle initiative, a estimé le chef de la diplomatie Sergueï Lavrov, "déclenchera une réaction en chaîne dans les Balkans et dans d'autres régions du monde".

Le Nouvel Observateur (avec AP)

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