lundi 17 septembre 2007

Vinci et Bouygues vont mettre Tchernobyl sous cloche

Vue générale du sarcophage du réacteur n° 4 de Tchernobyl

Plus de vingt ans après l'explosion du réacteur n° 4 de la centrale nucléaire de Tchernobyl, le 26 avril 1986 en Ukraine, une solution pérenne de confinement de la radioactivité encore présente dans le bâtiment détruit est en vue.
Lundi 17 septembre, le consortium Novarka, conduit par les sociétés françaises Vinci et Bouygues, devait signer avec les autorités ukrainiennes un contrat de 430 millions d'euros, prévoyant la construction d'une arche englobant le réacteur et le sarcophage assemblé en urgence après l'accident.
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Les dimensions de l'ouvrage seront impressionnantes : 260 mètres de large, 150 mètres de long et 105 mètres de haut, 18 000 tonnes de charpente métallique – contre 7 300 tonnes pour la tour Eiffel.
"Cette arche aura deux fonctions, décrit Pierre Berger, président de Vinci Construction Grands Projets. Elle assurera le confinement du réacteur. Et elle soutiendra un pont roulant et des outils robotisés qui permettront aux Ukrainiens de lancer la déconstruction du sarcophage."
Ce dernier avait été édifié en sept mois par des milliers de "liquidateurs", afin de protéger la région déjà contaminée par les 190 tonnes estimées de combustible nucléaire restant dans l'enceinte éventrée.
Il n'est pas étanche aux intempéries et on estime à 100 m2 la surface des interstices ouverts dans sa structure de béton et d'acier. Il a en outre rapidement montré des signes de fragilité, une menace inacceptable compte tenu des quelque quatre tonnes de poussières radioactives susceptibles d'être propulsées dans l'environnement.
RAILS DE BÉTON
Il a déjà fallu consolider la cheminée d'aération commune aux réacteurs 3 et 4, et renforcer les poutres couvrant le toit. Ces opérations, tout comme l'arrêt des autres réacteurs (en 2000), ont mobilisé la communauté internationale.
Celle-ci, à l'instigation de l'Ukraine, du G7 et de l'Union européenne, a adopté, en 1997, un plan plus ambitieux pour la couverture de Tchernobyl. Aujourd'hui doté de quelque 800 millions d'euros, le fonds destiné à le mettre en œuvre est géré par la Banque européenne de reconstruction et de développement.
Mais ces financements ont été longs à assembler et l'instabilité politique en Ukraine n'a pas facilité la conclusion du marché. Novarka l'a emporté face à la firme américaine CH2M Hill.
"Cela va permettre de démontrer le savoir-faire français, se félicite Pierre Berger, dans un secteur – la déconstruction nucléaire – qui offrira d'énormes débouchés au cours des cinquante prochaines années."
Les travaux, qui devraient durer trois ans, ne débuteront pas avant 2009, le temps d'affiner le projet. Pour limiter l'exposition des ouvriers aux rayonnements, l'arche, faite de poutres d'acier boulonnées, sera assemblée à proximité du réacteur, puis glissée au-dessus de celui-ci sur des rails de béton.
Le chantier devrait mobiliser un millier d'ouvriers, essentiellement ukrainiens, et une centaine d'expatriés pour le compte de Novarka.
Si l'arche est censée offrir une protection pour une centaine d'années, elle ne répond que partiellement à la menace posée par le réacteur n° 4. "La récupération du cœur radioactif, sa prise en charge et son conditionnement posent encore des problèmes techniques et de financement", note ainsi Jean-Bernard Chérié, secrétaire général de l'Institut pour la radioprotection et la sûreté nucléaire.

Hervé Morin

LE MONDE 17.09.07 07h56 • Mis à jour le 17.09.07 08h51

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