Analysant les réactions, suscitées par les déclarations du président français Nicolas Sarkozy au sujet du retour éventuel de la France dans les structures militaires de l’OTAN, notre observateur Valentin Dvinine écrit :
L’interview, accordée par le président français au journal « New York Times » à la veille de son voyage aux Etats-Unis, a suscité un vif intérêt des médias internationaux, surtout dans la partie concernant les conditions, auxquelles la France pourrait réintégrer dans l’Alliance Atlantique la place qu’elle abandonnait il y a plus de 4O ans.
Je tiens à vous rappeler, poursuit notre observateur, que Charles de Gaulle, alors président de France, a déclaré en février 1966 que son pays « quitte le commandement intégré du Traité de l’Atlantique Nord » et « donne congé aux troupes étrangères, basées sur son territoire ». Il a argumenté cette démarche par la nécessité de « rétablir une situation normale de souveraineté, pour que la France décide seule l’intervention de son armée et l’usage de sa force de frappe nucléaire ».
En pleine guerre froide, cette déclaration a fait sensation, mais elle a contribué sans aucun doute à la détente internationale, obtenue grâce notamment à Paris et à Moscou.
Des changements radicaux se sont produits dernièrement en Europe et dans le monde. La guerre froide a pris fin. Les membres de l’OTAN et la Russie discutent aujourd’hui des actions conjointes, concernant, par exemple, la lutte contre le terrorisme, et organisent des manœuvres conjointes. Et pourtant, les déclarations faites par le président français dans le « New York Times » ont été perçues comme une sensation. D’aucuns y ont même vu l’abandon par Nicolas Sarkozy de la politique étrangère de son prédécesseur Jacques Chirac, une sorte de manifestation des comportements pro-atlantiques et pro-américains, dirigés contre Moscou.
A mon avis, écrit Valentin Dvinine, ces conclusions sont pour le moins hâtives et témoignent de la connaissance insuffisante de l’historique du problème.
A mesure de l’évolution de la situation internationale et de l’Alliance elle-même, Paris avait déjà fait des démarches pour se rapprocher davantage de l’OTAN. Mais pas dans le sens de son alignement sur Washington. Ainsi, au début de son premier mandat présidentiel, en novembre 1995, Jacques Chirac a parlé « d’ouvrir une réflexion sur sa participation à une Alliance Atlantique rénovée » et au début de l’année suivante il « avait plaidé pour une Alliance rééquilibrée avec un meilleur partage de responsabilités entre les Etats Unis et l’Europe ».
En septembre de la même année, la France a menacé « d’arrêter son rapprochement vers l’OTAN si ses demandes sur l’européanisation du commandement sud de l’Alliance ne sont pas satisfaites ».
Précisons que dans son interview à « New York Times » Nicolas Sarkozy n’a pas mentionné pour la première fois la réintégration de la France dans les structures militaires de l’OTAN. En août dernier, parlant à l’Elysée à la conférence annuelle des ambassadeurs français à l’étranger, il « avait annoncé des initiatives très fortes de la France en faveur de l’Europe de défense, tout en souhaitant qu’elle prenne toute sa place au sein de l’OTAN ».
De ce fait, dans son interview à « New York Times » le président français a révélé le contenu des initiatives déjà déclarées, en invoquant deux préalables fermes pour le retour de son pays dans les structures de commandement de l’Alliance. Premièrement, c’est « une avancée sur l’Europe de la défense » qui permettrait à l’Europe unie d’être indépendante dans l’application de sa défense. Deuxièmement, c’est l’octroi aux représentants de France de postes dans « les instances de direction au plus haut niveau ». « Sans avancées sur ces deux préalables, il n’y aura pas de réintégration », a précisé Nicolas Sarkozy.
Convenez qu’on ne saurait qualifier ces conditions de pro-atlantiques ni de pro-américaines. Il serait sans doute plus juste de les qualifier de pro-européennes et pro-françaises, ce qui témoigne non pas de la rupture avec la politique étrangère de Jacques Chirac, mais plutôt de sa continuation., estime notre observateur.
En I997, la volonté de Jacques Chirac de faire revenir la France dans les structures militaires de l’OTAN, à condition de la rénovation de l’Alliance et d’une répartition plus juste des responsabilités entre les Etats-Unis et l’Europe, s’est heurtée au refus de l’administration de Bill Clinton de céder à Paris le commandement sud de l’Alliance. L’administration actuelle de George Bush, acceptera-t-elle les initiatives du nouveau président français , visant à assurer un équilibre entre la réforme de l’OTAN et la création d’une véritable défense européenne ?
L’examen de ces initiatives est déjà en cours dans l’OTAN. Selon une déclaration faite cette semaine par l’Agence France Presse, citant des sources françaises, proches du dossier, « rien ne serait encore arrêté ». Selon l’AFP, il appartient de mener des discussions sérieuses avec les alliés, surtout avec les Américains et les Britanniques. Les résultats ne seront pas connus avant début mars prochain.
Donc, il serait prématuré de faire des conclusions aujourd’hui.
La Voix de la Russie
27.09.2007
L’interview, accordée par le président français au journal « New York Times » à la veille de son voyage aux Etats-Unis, a suscité un vif intérêt des médias internationaux, surtout dans la partie concernant les conditions, auxquelles la France pourrait réintégrer dans l’Alliance Atlantique la place qu’elle abandonnait il y a plus de 4O ans.
Je tiens à vous rappeler, poursuit notre observateur, que Charles de Gaulle, alors président de France, a déclaré en février 1966 que son pays « quitte le commandement intégré du Traité de l’Atlantique Nord » et « donne congé aux troupes étrangères, basées sur son territoire ». Il a argumenté cette démarche par la nécessité de « rétablir une situation normale de souveraineté, pour que la France décide seule l’intervention de son armée et l’usage de sa force de frappe nucléaire ».
En pleine guerre froide, cette déclaration a fait sensation, mais elle a contribué sans aucun doute à la détente internationale, obtenue grâce notamment à Paris et à Moscou.
Des changements radicaux se sont produits dernièrement en Europe et dans le monde. La guerre froide a pris fin. Les membres de l’OTAN et la Russie discutent aujourd’hui des actions conjointes, concernant, par exemple, la lutte contre le terrorisme, et organisent des manœuvres conjointes. Et pourtant, les déclarations faites par le président français dans le « New York Times » ont été perçues comme une sensation. D’aucuns y ont même vu l’abandon par Nicolas Sarkozy de la politique étrangère de son prédécesseur Jacques Chirac, une sorte de manifestation des comportements pro-atlantiques et pro-américains, dirigés contre Moscou.
A mon avis, écrit Valentin Dvinine, ces conclusions sont pour le moins hâtives et témoignent de la connaissance insuffisante de l’historique du problème.
A mesure de l’évolution de la situation internationale et de l’Alliance elle-même, Paris avait déjà fait des démarches pour se rapprocher davantage de l’OTAN. Mais pas dans le sens de son alignement sur Washington. Ainsi, au début de son premier mandat présidentiel, en novembre 1995, Jacques Chirac a parlé « d’ouvrir une réflexion sur sa participation à une Alliance Atlantique rénovée » et au début de l’année suivante il « avait plaidé pour une Alliance rééquilibrée avec un meilleur partage de responsabilités entre les Etats Unis et l’Europe ».
En septembre de la même année, la France a menacé « d’arrêter son rapprochement vers l’OTAN si ses demandes sur l’européanisation du commandement sud de l’Alliance ne sont pas satisfaites ».
Précisons que dans son interview à « New York Times » Nicolas Sarkozy n’a pas mentionné pour la première fois la réintégration de la France dans les structures militaires de l’OTAN. En août dernier, parlant à l’Elysée à la conférence annuelle des ambassadeurs français à l’étranger, il « avait annoncé des initiatives très fortes de la France en faveur de l’Europe de défense, tout en souhaitant qu’elle prenne toute sa place au sein de l’OTAN ».
De ce fait, dans son interview à « New York Times » le président français a révélé le contenu des initiatives déjà déclarées, en invoquant deux préalables fermes pour le retour de son pays dans les structures de commandement de l’Alliance. Premièrement, c’est « une avancée sur l’Europe de la défense » qui permettrait à l’Europe unie d’être indépendante dans l’application de sa défense. Deuxièmement, c’est l’octroi aux représentants de France de postes dans « les instances de direction au plus haut niveau ». « Sans avancées sur ces deux préalables, il n’y aura pas de réintégration », a précisé Nicolas Sarkozy.
Convenez qu’on ne saurait qualifier ces conditions de pro-atlantiques ni de pro-américaines. Il serait sans doute plus juste de les qualifier de pro-européennes et pro-françaises, ce qui témoigne non pas de la rupture avec la politique étrangère de Jacques Chirac, mais plutôt de sa continuation., estime notre observateur.
En I997, la volonté de Jacques Chirac de faire revenir la France dans les structures militaires de l’OTAN, à condition de la rénovation de l’Alliance et d’une répartition plus juste des responsabilités entre les Etats-Unis et l’Europe, s’est heurtée au refus de l’administration de Bill Clinton de céder à Paris le commandement sud de l’Alliance. L’administration actuelle de George Bush, acceptera-t-elle les initiatives du nouveau président français , visant à assurer un équilibre entre la réforme de l’OTAN et la création d’une véritable défense européenne ?
L’examen de ces initiatives est déjà en cours dans l’OTAN. Selon une déclaration faite cette semaine par l’Agence France Presse, citant des sources françaises, proches du dossier, « rien ne serait encore arrêté ». Selon l’AFP, il appartient de mener des discussions sérieuses avec les alliés, surtout avec les Américains et les Britanniques. Les résultats ne seront pas connus avant début mars prochain.
Donc, il serait prématuré de faire des conclusions aujourd’hui.
La Voix de la Russie
27.09.2007
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire