MOSCOU, 17 septembre - RIA Novosti. Sensibles aux attributs de grande puissance, les Russes peinent à reconnaître l'Europe comme une grande puissance politique. En revanche, la puissance économique de l'UE, qui ne fait guère de doute, laisse matière à réfléchir.
Si le mythe de la domination économique américaine reste ancré dans tous les esprits, le PIB global des Vingt-Sept a dépassé de 9% celui des Etats-Unis (14.300 milliards de dollars contre 13.100 milliards). L'Europe demeure aussi un puissant cluster industriel: en 2006, les pays membres de l'UE ont produit 213 millions de tonnes d'acier (120% de plus qu'aux Etats-Unis), sorti pour 591 milliards de dollars de produits chimiques (41% de plus) et fabriqué 18,7 millions de voitures (65% de plus). Depuis 1996, la "multinationalité" des firmes européennes, autrement dit la part des ventes à l'étranger et celle du personnel étranger, est plus prononcée que celle des sociétés américaines.
Dans le secteur financier, tout n'est pas aussi simple. En effet, près de 58% des réserves internationales sont stockées jusqu'à présent en dollars. Mais les banques européennes concentrent 41% de tous les dépôts mondiaux, contre seulement 13,5% aux Etats-Unis. L'endettement global des budgets, des sociétés et des ménages européens ne dépasse pas 135% du PIB de l'Europe unie, alors qu'aux Etats-Unis cet indice a atteint presque 320%. En 1997-2006, huit des dix principaux exportateurs nets de capitaux se trouvaient en Europe, tandis que les exportations nettes d'investissements en provenance de France, de Grande-Bretagne et des Pays-Bas se sont élevées à 887 milliards de dollars. Mais cela ne veut pas dire que les capitaux fuient l'Europe. Fin 2006, le volume des investissements étrangers accumulés dans les pays membres de l'UE à quinze se montait à 11.900 dollars par habitant, contre 6.400 dollars aux Etats-Unis, 1.100 dollars en Russie et seulement 580 dollars en Chine.
L'Union européenne d'aujourd'hui est le leader du commerce international. En 2006, les pays européens ont exporté pour 3.200 milliards de dollars de biens et services, dont 1.600 milliards à l'extérieur de l'UE. Au cours de la même période, les exportations américaines se sont élevées à 1.450 milliards de dollars, et celles en provenance de Chine à 994 milliards de dollars. Même le renforcement de l'euro, qui s'est apprécié de 62% par rapport au dollar, n'a pas perturbé les exportations européennes, comme il n'a pas réanimé les exportations américaines.
L'Union européenne est l'agent économique le plus puissant du monde d'aujourd'hui qui se développe de manière intense (la population active n'a progressé que de 8% entre 1973 et 2003 dans l'UE à quinze, contre 69% aux Etats-Unis malgré le taux de croissance économique comparable) et respecte les règles du jeu (les Européens ont gagné trois litiges commerciaux sur quatre face aux Américains dans le cadre de l'OMC). Et si nous traitons l'Europe "économique" avec indulgence, c'est parce qu'on nous a appris ces dernières années à croire aux déclarations au lieu de réagir aux résultats réels. Nous pouvons continuer de nous bercer de l'illusion que Tupolev occupera 10% du marché aéronautique mondial d'ici 2015 et d'évoquer la crise d'Airbus, mais la Russie n'en restera pas moins marginale sur la scène économique internationale, et l'Europe demeurera la principale "force tranquille" (pour reprendre l'expression de François Mitterrand) dans l'économie mondiale.
Si le mythe de la domination économique américaine reste ancré dans tous les esprits, le PIB global des Vingt-Sept a dépassé de 9% celui des Etats-Unis (14.300 milliards de dollars contre 13.100 milliards). L'Europe demeure aussi un puissant cluster industriel: en 2006, les pays membres de l'UE ont produit 213 millions de tonnes d'acier (120% de plus qu'aux Etats-Unis), sorti pour 591 milliards de dollars de produits chimiques (41% de plus) et fabriqué 18,7 millions de voitures (65% de plus). Depuis 1996, la "multinationalité" des firmes européennes, autrement dit la part des ventes à l'étranger et celle du personnel étranger, est plus prononcée que celle des sociétés américaines.
Dans le secteur financier, tout n'est pas aussi simple. En effet, près de 58% des réserves internationales sont stockées jusqu'à présent en dollars. Mais les banques européennes concentrent 41% de tous les dépôts mondiaux, contre seulement 13,5% aux Etats-Unis. L'endettement global des budgets, des sociétés et des ménages européens ne dépasse pas 135% du PIB de l'Europe unie, alors qu'aux Etats-Unis cet indice a atteint presque 320%. En 1997-2006, huit des dix principaux exportateurs nets de capitaux se trouvaient en Europe, tandis que les exportations nettes d'investissements en provenance de France, de Grande-Bretagne et des Pays-Bas se sont élevées à 887 milliards de dollars. Mais cela ne veut pas dire que les capitaux fuient l'Europe. Fin 2006, le volume des investissements étrangers accumulés dans les pays membres de l'UE à quinze se montait à 11.900 dollars par habitant, contre 6.400 dollars aux Etats-Unis, 1.100 dollars en Russie et seulement 580 dollars en Chine.
L'Union européenne d'aujourd'hui est le leader du commerce international. En 2006, les pays européens ont exporté pour 3.200 milliards de dollars de biens et services, dont 1.600 milliards à l'extérieur de l'UE. Au cours de la même période, les exportations américaines se sont élevées à 1.450 milliards de dollars, et celles en provenance de Chine à 994 milliards de dollars. Même le renforcement de l'euro, qui s'est apprécié de 62% par rapport au dollar, n'a pas perturbé les exportations européennes, comme il n'a pas réanimé les exportations américaines.
L'Union européenne est l'agent économique le plus puissant du monde d'aujourd'hui qui se développe de manière intense (la population active n'a progressé que de 8% entre 1973 et 2003 dans l'UE à quinze, contre 69% aux Etats-Unis malgré le taux de croissance économique comparable) et respecte les règles du jeu (les Européens ont gagné trois litiges commerciaux sur quatre face aux Américains dans le cadre de l'OMC). Et si nous traitons l'Europe "économique" avec indulgence, c'est parce qu'on nous a appris ces dernières années à croire aux déclarations au lieu de réagir aux résultats réels. Nous pouvons continuer de nous bercer de l'illusion que Tupolev occupera 10% du marché aéronautique mondial d'ici 2015 et d'évoquer la crise d'Airbus, mais la Russie n'en restera pas moins marginale sur la scène économique internationale, et l'Europe demeurera la principale "force tranquille" (pour reprendre l'expression de François Mitterrand) dans l'économie mondiale.
Auteur: Vladislav Inozemtsev, directeur du Centre d'étude de la société postindustrielle et rédacteur en chef de la revue Svobodnaïa Mysl ("Libre pensée").
Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti ni avec celle du blog IEDG.
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