MOSCOU, 19 septembre - RIA Novosti. Des études menées par des linguistes britanniques indiquent que près de 40% des langues de la planète seraient vouées à disparaître, rapporte le journal The Independent.
Selon les scientifiques, une langue disparaît toutes les deux semaines, ce qui pourrait mener à l'extinction de la moitié des 7.000 langues de la planète d'ici la fin de ce siècle.
"La vitesse de disparition des langues, dont nous sommes aujourd'hui témoins, n'a jamais été aussi rapide dans l'histoire de l'humanité", a expliqué David Harrison, auteur du livre When Languages Die.
Les linguistes démontrent que 80% des peuples de la planète utilisent 80 langues, alors que 3.500 langues sont parlées par 0,2% de la population mondiale. Les scientifiques pointent du doigt la mondialisation et les migrations. Les conditions économiques poussent les gens à quitter leur terre d'origine et à se rendre dans des villes où ils se déshabituent de leur langue maternelle à force d'utiliser des langues partagées par tous au travail.
La responsabilité de cette disparition doit en partie être imputée aux enfants. Par exemple, les enfants qui parlent maya et espagnol, et qui choisissent d'utiliser l'espagnol qu'ils entendent à l'école et à la télévision, aux dépens du maya.
M. Harrison et le directeur de l'Institut des langues vivantes, Greg Anderson, ont défini cinq régions où les langues locales frôlent la disparition. Le nord de l'Australie, le centre de l'Amérique latine, le plateau pacifique nord-ouest entre le Canada et les Etats-Unis (Colombie Britannique, Etat de Washington et Oregon), le centre de la Sibérie, et le nord-est de la Sibérie: les îles Komandorski, les Kouriles et la péninsule du Kamtchatka.
Selon les scientifiques, il est impossible de comprendre la culture d'un peuple sans en connaître la langue. Ainsi, le langage utilisé par 200 habitants de l'île Sulawesi en Indonésie comporte le mot "matuwuhou" avec lequel ils expriment leur étonnement lorsqu'ils découvrent qu'ils sont tombés du lit au milieu de la nuit, ou qu'ils se réveillent le matin et constatent un changement quelconque.
"Nous vivons à l'ère de l'information, où l'information et la connaissance ont une valeur, et nous prenons le risque de rejeter des connaissances millénaires. La majorité de nos savoirs sur les façons d'appréhender le monde contenus dans les langues n'ont pas été écrits. En sauvant les langues, on conserve des points de vue et des écosystèmes", a souligné M. Harrison.
Par exemple en Bolivie, ont argumenté les scientifiques, des guérisseurs ont écrit pendant un demi-millénaire les recettes de milliers de remèdes à base de plantes et se transmettent leurs connaissances de générations en générations.
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