jeudi 6 septembre 2007

L'économie russe face à aux crises financières dans le monde (avis d'experts)

MOSCOU, 5 septembre - RIA Novosti.


L'économie russe se montre résistante face aux crises financières dans le monde, bien que certains risques ne soient pas à exclure à moyen terme, mais la Russie est tout à fait à même d'en venir à bout, ont estimé mercredi lors d'une conférence de presse à RIA Novosti les meilleurs économistes du pays.

Evoquant la situation sur les marchés mondiaux, le directeur exécutif de la société d'investissement CentreInvest Securities, Dan Rapoport, a noté qu'une récession s'annonçait à présent dans l'économie mondiale. "Cette croissance globale que nous avons observée tout au long de ces dernières années doit s'arrêter et s'inverser", estime l'expert.

Le directeur du département des prévisions macroéconomiques du ministère russe du Développement économique et du Commerce, Andreï Klepatch, l'a soutenu, en affirmant: "Je pense également que l'économie est cyclique". "Le système russe des finances a manifesté sa grande résistance à ce qui se produit à présent dans l'économie mondiale", a-t-il ajouté.

"Somme toute, je peux constater qu'à l'étape actuelle nous sommes en train de traverser une période de chance", a enchaîné le directeur scientifique du Haut collège d'économie, Evgueni Iassine. Une très intense activité dans le domaine des affaires est aujourd'hui caractéristique de la Russie, a-t-il dit. Et d'ajouter: "L'argent spéculatif ("chaud") y afflue, aussi bien que les investissements directs".

"On peut dire évidemment que les compagnies russes ne cessent d'emprunter (des fonds sur des marchés extérieurs), mais il se trouve tout de même des bailleurs de fonds pour leur prêter. Tous désapprouvent la Russie, mais en réalité force est de reconnaître qu'aujourd'hui dans le monde la Russie est à la mode. Et nous avons d'immenses possibilités pour "digérer" l'argent", a fait remarquer l'économiste.

Comme l'a expliqué M. Iassine, grâce à son développement dynamique, la Russie est capable de "digérer" un afflux assez important d'argent et ce, en dépit des craintes exprimées par la Banque centrale de Russie. Qui plus est, l'économie russe a un "coussin de sécurité financier" à travers son solide fonds de stabilisation. Quoi qu'il en soit, on n'aura sans doute pas recours à ce "coussin" dans un proche avenir, a supposé l'expert.

Selon M. Iassine, la Russie reste un pays attrayant pour les investissements, une sorte de "havre de paix". "Quant à moi, je ne serais pas inquiet à la place de nos investisseurs", a déclaré l'économiste, précisant qu'il ne s'attendait pas à d'importants événements négatifs dans le pays.

"De profondes corrections, c'est sans doute le maximum qui nous est réservé", a admis Ovanes Oganissian, analyste à la société Renaissance Capital. Et de préciser que le budget fédéral russe pourrait évidemment connaître certaines difficultés à l'avenir si, par exemple, l'afflux de capitaux dans le pays venait à cesser.

Dans le même temps, a fait remarquer le directeur général de la société de gestion Aton-Management, Mikhaïl Rozine, rien n'indique que le coût des matières premières baissera sous peu, mais on relève, en revanche, leur consommation croissante sur les marchés émergents, notamment la Chine.

Quoi qu'il en soit, les experts reconnaissent que certains risques ne sont pas à exclure pour l'économie russe à moyen terme.

"Si la Russie croit, par exemple, que le dollar va remonter, les emprunteurs russes qui ont contracté une dette de quelque 400 milliards de dollars (volume de l'endettement corporatif extérieur - ndlr.) pourront être confrontés à des problèmes bien déterminés", a souligné l'économiste principal de Troika-Dialogue, Evgueni Gavrilenkov. Or, ce n'est que l'un des risques qui peuvent se manifester en perspective, mais en attendant la situation est suffisamment stable, a-t-il ajouté.

Parlant de l'accessibilité des emprunts pour les compagnies russes sur le marché intérieur (c'est-à-dire de la baisse des taux d'intérêt), M. Gavrilenkov a fait remarquer que dans le contexte d'une inflation à 8-9%, les taux d'intérêt ne pouvaient tout simplement pas être inférieurs. Selon l'économiste, c'est l'augmentation des dépenses budgétaires qui est responsable de la hausse des prix à la consommation. A cette occasion, M. Gavrilenkov a insisté sur la nécessité d'une politique budgétaire plus modérée.

Des difficultés pourraient apparaître à moyen terme, a également reconnu Evgueni Iassine. Et d'expliquer qu'il s'agissait notamment de la nécessité de créer des possibilités financières et autres pour approvisionner en logement de larges couches de la population, y compris les plus démunis. "De très sérieux investissements sont nécessaires à cet égard. A mon avis, ce doivent être des investissements institutionnels", a avancé l'économiste.

Andreï Klepatch a estimé, pour sa part, que dans les deux à trois années à venir, il fallait réaliser de vraies percées en matière de compétitivité de l'économie russe et ce, afin d'éviter d'éventuels cataclysmes en 2010-2011. Ce disant, il a précisé qu'on observait justement en ce moment dans l'économie mondiale des "turbulences" cycliques pouvant, à en juger d'après l'expérience des dernières années, atteindre la Russie dans deux ou trois ans. Aussi doit-on déjà dès à présent se préparer à niveler les conséquences de telles corrections, a averti l'expert.

"La Russie est aujourd'hui l'un des marchés les plus stables", a relevé Mikhaïl Rozine. Il a retenu la bonne dynamique du développement de l'économie nationale, la demande intérieure suffisamment solide et stable qui permettait à la Russie de rester suffisamment indépendante face à la chute de la demande extérieure. Et tout cela sur fond de forte balance des paiements et de faible fardeau de la dette. "Cela permet de faire face aux risques existants", a résumé M. Rozine.

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