mardi 23 octobre 2007

Eléments pour la culture politique russe

Sujet très intéressant ce soir dans l’émission "Ce soir ou jamais" : "Poutine : sauveur ou tyran ?" , avec pour invités et intervenants Rony Brauman (fondateur de Médecins sans Frontières), Dominique Venner (historien), Pierre Lorrain (essayiste), Jacques Sapir (économiste), Galia Ackerman (traductrice d’Anna Politkovskaïa), Georges Nivat (essayiste), Frédéric Beigbeder (auteur) et Marina Vlady (comédienne, ancienne épouse du dissident soviétique Vissotski) ; c’était une occasion unique de faire du live blogging, faudrait-il encore réussir à le faire… Donc voilà finalement un petit résumé de l’émission !

Poutine est un sauveur car :
- il a apporté de la stabilité dans le pays
- il n’a pas modifié la constitution, contrairement à Eltsine en 1993, pour être élu une 3e fois
- des changements économiques positifs se sont produits : le niveau de 1990 a été atteint au printemps 2007
- les problèmes sociaux s’amoindrissent : baisse de la mortalité, hausse de la natalité, les jeunes diplômés souhaitent rester en Russie, s’imaginent un futur, investissent
- Les gens de l’administration commencent à comprendre qui ne sont pas au-dessus des lois, certains colonels et généraux ont été arrêtés suite à des abus de pouvoir.

Poutine est un tyran car :
- les partis d’opposition ne peuvent pas s’exprimer, le système électoral empêche des petits partis de se présenter, la Russie est un pays sans partis, donc sans démocratie
- la censure (et même l’autocensure) est très importante, elle a augmenté parallèlement à la croissance économique
- le bilan des droits de l’homme est négatif : écrasement des libertés (de la presse, de réunion), tragédies liées à l’incompétence et à la brutalité des personnes gouvernantes (Beslan, Nord-Ost), assassinats et passages à tabacs de journalistes (dernier cas, rapporté par Galia Ackerman, contre la journaliste de guerre Natalia Petrova, battue, elle et sa famille, par trois policiers de Kazan)
- la censure dans le domaine artistique est également à noter : refus d’exposer une dizaine d’œuvres lors de l’exposition Sots art à Paris, le clergé orthodoxe a fait interdire une exposition au musée Sakharov intitulé "Attention religion".

La conclusion de l’émission n’est pas tellement positive : Poutine est l’héritier d’une longue histoire d’autocratie, de despotisme, où une seule période de démocratie parlementaire a été mise en place entre 1906 et 1914. La trajectoire démocratique a été difficile à mettre en place, et si beaucoup de choses ne vont pas bien en Russie, ce n’est pas l’unique faute de Poutine. Sous l’ère Eltsine, il y avait aussi des assassinats de journalistes mais aussi de banquiers. La 1e guerre de Tchétchénie a d’ailleurs débuté à cette époque et on ne peut pas imputer à Poutine tous les crimes qui se sont déroulés là-bas.

L’ouvrage d’Orlando Figes La Révolution russe. 1891-1924 : la tragédie d’un peuple montre la montée de la cruauté en Russie. Et cette mémoire est dans les gènes des Russes selon Georges Nivat. Vont-ils aller vers plus de brutalité ? La Russie est donc à un tournant : elle se dirige définitivement soit vers l’autocratie, soit vers la démocratie.

http://www.spoutnitsi.net/

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