Total a aussitôt fait savoir qu'il n'est pas intéressé par une prise de participation dans le groupe russe. "Je ne suis pas au courant que Gazprom m'ait demandé quelque chose de ce genre", a indiqué, mercredi, son directeur général, Christophe de Margerie. Il estime que "sauf s'il y a une raison un peu spécifique à adosser nos investissements à un accord patrimonial, le rôle de Total n'est pas de prendre des participations minoritaires dans des sociétés pétrolières. Nous voulons être en charge nous-mêmes de nos opérations."
En revanche, Total cherche à "développer des partenariats" en Russie, notamment avec la première compagnie pétrolière russe Rosneft. Il détient déjà 25 % du consortium - dirigé par Gazprom - qui exploitera l'énorme gisement gazier de Chtockman en mer de Barents (Nord). Face à la forte concurrence des majors américaines et norvégiennes, M. Sarkozy avait plaidé avec succès la cause de Total auprès de M. Poutine.
Le chef de l'Etat ne perd jamais une occasion de vanter les groupes énergétiques français comme Areva (nucléaire), EDF et Gaz de France (GDF). Pour renforcer la sécurité d'approvisionnement de la France, il souhaite que des liens capitalistiques se nouent entre les sociétés des pays producteurs et les groupes français. C'est ainsi qu'il a envisagé un accord capitalistique entre GDF et la Sonatrach, vite jugé "économiquement irréalisable et politiquement incorrect" par les dirigeants de la compagnie algérienne d'hydrocarbures.
Comme les autres dirigeants européens, il juge que la superpuissance énergétique russe est une menace. Le "principal risque" ne réside pas dans une rupture d'approvisionnement du gaz de Russie, "mais dans une dégradation progressive des relations économiques si les désaccords et l'incompréhension érodent la confiance mutuelle", prévient le Cambridge Energy Research Associates dans une récente étude sur les relations Europe-Russie.
M. Poutine ne semble pas des mieux disposés à l'égard des sociétés étrangères. Depuis son entrée au Kremlin en 2000, il a repris en main l'essentiel des secteurs de l'énergie et des matières premières aux dépens de grands groupes comme Shell ou BP. La veille de l'intervention de M. Sarkozy, il regrettait, devant le Sénat russe, la présence de cadres dirigeants étrangers à la tête de grands groupes (Rosneft, TNK-BP, Norilsk Nickel...). "Tant que nous ne pourrons pas proposer de solution de remplacement, les importations nous submergeront", avait-il prévenu.
Le Monde
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