dimanche 21 octobre 2007

La coopération énergétique entre la Russie et l'UE


Par Viktor Khristenko, ministre de l'Industrie et de l'Energie de la Fédération de Russie

La Commission européenne a proposé le 19 septembre de durcir les modalités d'acquisition et de possession d'actifs énergétiques dans les Vingt-Sept. Ces nouvelles modalités sont répertoriées dans cinq projets de loi qui, avant leur adoption par la Commission, doivent encore être approuvées par le Parlement européen et signées par les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE.

S'il est encore prématuré d'évoquer la configuration définitive de l'espace énergétique européen sur la base des seules propositions de Bruxelles, les experts sont unanimes à constater que le "rideau énergétique" qui tombe autour de l'Europe est une réponse au projet de loi russe limitant les investissements étrangers.

Cette prise de position n'est pas tout à fait correcte. En fait, il s'agit d'une tendance mondiale. D'une part, les économies nationales deviennent de plus en plus ouvertes, les capitaux voyagent librement d'une région vers une autre, des multinationales règnent dans beaucoup de secteurs, les fusions et les absorptions se multiplient. D'autre part, les notions telles que la "sécurité nationale" et la "capacité défensive" restent d'actualité. La rédaction en Russie du projet de loi sur les investissements étrangers dans les secteurs stratégiques sur le plan de la sécurité nationale nous a permis de constater qu'un équilibre raisonnable est possible entre les considérations sur la sécurité nationale et le maintien d'un climat d'investissement sain et prévisible. Tout écart risque de miner sérieusement nos positions dans le monde. Nous sommes contre les "listes noires", et nous proposons aux investisseurs une procédure compréhensible et claire pour les transactions concernant les actifs "sensibles". J'espère que cette idéologie sera appréciée, y compris par nos partenaires européens.

Aujourd'hui, je ne peux pas formuler avec certitude ce que Bruxelles redoute en limitant les investissements étrangers dans le secteur énergétique européen. Cette question est plutôt à adresser à nos collègues européens. Mais je pense qu'il serait bizarre de craindre les investissements ou de les trier selon la nationalité de l'investisseur. La question du transfert des technologies est plus délicate. Naturellement, les pays intéressés à maintenir leur leadership technologique cherchent à contrôler leurs acquis. Mais nous constatons que de nombreux projets sont de nature supranationale, notamment le projet Chtokman ou la coopération spatiale, où l'on ne peut se passer de la coopération technologique. Là aussi, il faut trouver un équilibre des intérêts raisonnable et mutuellement acceptable.

Les tentatives de Bruxelles de limiter l'afflux d'investissements "indésirables" affecteront-elles le développement de la coopération industrielle et énergétique entre la Russie et l'Union européenne? Il est difficile de pronostiquer la situation avec 100% de certitude. Mais, heureusement, le marché global génère non seulement des risques globaux, mais aussi des possibilités globales. La diversification de la coopération industrielle et énergétique, y compris avec les pays d'Asie-Pacifique, offre l'une de ces possibilités vu l'étendue géographique de la Russie. D'ailleurs, le vecteur oriental représente une importante dimension intérieure: cette coopération doit contribuer au développement de la Sibérie orientale et de l'Extrême-Orient. Mais je suis persuadé que l'UE a été et reste notre partenaire clé.

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