dimanche 7 octobre 2007

Un an après, le meurtre d'Anna Politovskaïa reste sans coupables

De nombreux hommages vont être rendus en Occident à la journaliste assassinée.

C'ÉTAIT un samedi 7 octobre, il y a tout juste un an. Anna Politkovskaïa revenait du supermarché, à deux pas de la rue Lesnaïa, en plein Moscou, où elle habitait. La journée avait été rude pour cette journaliste vedette de l'hebdomadaire d'opposition Novaïa Gazeta, connue dans le monde entier pour ses reportages sur la Tchétchénie et ses critiques sans fard contre le régime de Vladimir Poutine. Elle avait rendu visite à sa mère malade, puis s'était pressée au chevet de sa fille enceinte qui se sentait mal. Elle devait terminer un article sur l'usage de la torture au pays de Ramzan Kadyrov, nouvel homme fort de la Tchétchénie, qui avait menacé de la faire taire. Eut-elle l'intuition de ce qui l'attendait, elle qui se sentait suivie ?
Anna, qui s'était résignée à vivre avec les menaces de mort, monta à son appartement pour y déposer une partie de ses paquets et redescendit par l'ascenseur pour retourner à sa voiture. Son assassin l'attendait au rez-de-chaussée. Dès l'ouverture de la porte de l'ascenseur, il tira à bout portant sur elle avec un silencieux, avant de laisser tomber son revolver et de s'enfuir avec ses complices chargés de faire le guet. Le corps de la journaliste ne fut retrouvé que quatre heures plus tard par une voisine.
L'initiative de Garry Kasparov
À travers le monde, l'émotion fut grande. Des rassemblements de journalistes et de militants des droits de l'homme se tinrent partout en Europe. Un an plus tard, le souvenir de la journaliste continue de mobiliser en Occident, où manifestations, colloques et livres consacrés à la journaliste seront nombreux au cours des prochaines semaines. En France, la mémoire d'Anna sera honorée par un rassemblement à Beaubourg dimanche à 15 heures. « Une nouvelle marche de ceux qui ne sont pas d'accord », organisée à l'initiative du mouvement Notre Russie de Garry Kasparov, est prévue le même jour à la mémoire d'Anna, pour tenter de percer le mur d'indifférence qui sépare la masse de la population du destin de ses journalistes.
Alors que l'enquête sur la journaliste a connu de grosses déconvenues, ces dernières semaines, malgré le travail « très sérieux et très rapide » mené, selon les collègues d'Anna, par les enquêteurs, son journal Novaya Gazeta, qui a promis de tout faire pour trouver les commanditaires de l'assassinat, et qui suit l'enquête de très près, tente lui aussi de garder intacte la mémoire d'Anna Politkovskaïa. Il a publié le 1er octobre sur son site le numéro de téléphone d'Anna à la rédaction. « De son vivant, écrit le journal, ce téléphone sonnait en permanence », pour donner des centaines d'informations à Anna, la menacer ou chercher de l'aide auprès d'elle contre l'arbitraire militaire, la violence, la corruption. « Appelez, vous qui avez déjà appelé, et vous qui n'avez pas eu le temps de le faire », a invité la rédaction, qui a mobilisé ses journalistes du 1er au 7 pour prendre les appels.


Анин номер — (495) 798-10-34


Этот номер телефона перестал отвечать в 16.01 7 октября 2006 года. Сегодня он снова включен


Этот номер — телефон Анны Политковской.

При жизни нашего убитого обозревателя он не замолкал. Сотни людей делились с ней информацией. По этому телефону ей угрожали. Этот номер для многих был последней инстанцией. У Ани просили помощи жертвы военного произвола, коррупции, насилия. По этому телефону она выслушивала и слова восхищения, и оскорбления… По этому телефону звонили президенты, послы, простые люди. Простым людям времени и внимания уделялось неизмеримо больше.

Мы вновь включили этот телефон.

С сегодняшнего дня и до 7 октября — годовщины Аниной гибели.

Звоните — все, кто звонил. И кто собирался, но не успел. Высказывайтесь: о себе, стране, власти. И, конечно, говорите про Анну.

«Анин номер» — спецвыпуск газеты — планируется на 8 октября.

01.10.2007

http://www.novayagazeta.ru/data/2007/75/00.html


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