Les vingt-neuf adeptes menacent de se faire sauter si la police intervient.
De notre correspondant à Moscou
Ils attendent l’Apocalypse. Prévue au mois de mai. Sous de douces collines enneigées, dans la région de Penza, à 500 km au sud-est de Moscou, ils sont vingt-neuf, des femmes en majorité, avec quatre enfants dont un bébé d’un an et demi, à vivre terrés dans un abri creusé par leurs soins. Les membres de cette secte menacent de se faire sauter si la police intervient. «Nous ne savons pas depuis quand ils se trouvent sous terre. Au moins deux semaines», a admis le procureur local, Valentina Voltchkova, aux médias russes arrivés en nombre depuis quelques jours dans le village de Nikolskoyé. L’alerte a été donnée par la fille d’une des «disparues» .
Regroupés dans ce lieu isolé où ils auraient selon le quotidien Izvestia acheté des maisons abandonnées au prix fort, les adeptes ont discrètement rejoint leur abri, de nuit, un par un. Ils auraient creusé jusqu’à quatre kilomètres de galeries, renouant avec une tradition troglodytique locale, et emmagasiné assez de miel et de gaz pour tenir un long siège. Ces «âmes égarées », comme les appelle un porte-parole de l’église orthodoxe, se réclament de la «vraie église orthodoxe» . Ils dénoncent les pratiques diaboliques du patriarcat de Moscou, dévoyé parce qu’il possède un numéro fiscal et se livre à des activités commerciales.
Délire messianique
Le gourou n’avait pas encore rejoint ses adeptes dans l’antre. Il a été appréhendé et subirait des examens psychiatriques. Piotr Kouznetsov, 43 ans, issu d’une famille très pieuse, aurait été pris d’un délire messianique il y a quelques années. Brièvement interné à l’initiative de sa femme, qui l’a quitté depuis (elle aurait peu apprécié que son mari se couche dans un cercueil), il souffrirait de schizophrénie. C’est en Biélorussie que ce «prophète» aurait recruté des adeptes avant de venir l’an dernier à Nikolskoyé. Le parquet communique chaque jour avec les illuminés via les bouches d’aérations pratiquées dans le sol. L’assaut de la caverne n’est pas envisagé.
Des millions de Russes redoutent une autre apocalypse : le départ du président Poutine après les élections de mars. Aussi, ces dernières semaines les pétitions et appels se multiplient, afin que Vladimir Vladimirovitch se présente à un troisième mandat malgré la limite constitutionnelle. Il suffirait d’un petit miracle.
Fabrice Node-Langlois
Le Figaro
16/11/2007 | Mise à jour : 21:07 |
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