L’indépendance de la province serbe est au centre d’un bras de fer international entre les États-Unis, la Russie et l’Union européenne.
Huit ans après l’intervention de l’Otan contre les forces serbes au Kosovo, l’ancienne province de Serbie, administrée depuis 1999 par la communauté internationale, s’apprête à déclarer dans les mois qui viennent son indépendance de manière unilatérale. Les ultimes pourparlers serbo-kosovars se sont achevés hier à Baden, en Autriche, sur une impasse totale, ni les autorités de Belgrade, ni les responsables albanophones n’acceptant de faire le moindre geste.
Les États-Unis et la plupart des pays de l’Union européenne (22 sur 27) se sont déjà prononcés pour l’indépendance, mais ils imposeront sans doute au nouveau premier ministre du Kosovo la date à laquelle l’événement devra avoir lieu. «Ici, malheureusement, ce ne sont pas les Albanais qui décident, mais la communauté internationale. Le destin du Kosovo nous échappe», regrette Albin Kurti, jeune contestataire kosovar.
Car l’indépendance, pour laquelle tous les partis politiques kosovars luttent depuis des années, est au cœur d’une bataille politique entre les grandes puissances. États-Unis, Russie et Union européenne règlent leurs différends au Kosovo, objet de marchandages internationaux qui dépassent, et de loin, les problématiques balkaniques.
La Russie de Vladimir Poutine a choisi le Kosovo et la Serbie pour montrer ses nouveaux muscles sur la scène politique internationale. Elle a apporté son plein soutien à Belgrade, qui dit redouter qu’une sécession du Kosovo ne conduise à un «effet domino» dans une région encore fragilisée par les guerres d’indépendance des années 1990. Moscou a menacé d’opposer son veto à une éventuelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’indépendance de la province. Puis elle a poussé les autorités serbes de Belgrade à bloquer leur rapprochement avec l’Otan. Hier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a jugé la situation «très alarmante». «Nous ne pouvons accepter les incantations selon lesquelles il s’agirait d’une situation exceptionnelle et que l’indépendance serait inévitable», a ajouté Lavrov.
L’attitude russe est un peu la réponse du berger à la bergère. «L’utilisation de la Serbie pour tenter de bloquer l’extension de l’Otan à l’est de l’Europe est une réplique directe au projet de bouclier antimissile que les Américains ont l’intention d’installer dans la région, notamment en Pologne», explique Misa Brkic, directeur du magazine Economist à Belgrade.
Les États-Unis ont pour l’instant réagi avec modération. À Pristina, les Kosovars redoutent que le soutien américain à l’indépendance du Kosovo finisse par pâtir, si les choses venaient à traîner, d’éventuelles concessions que Moscou et Washington pourraient s’accorder sur les dossiers internationaux. «Il n’y aura pas de solution au Kosovo tant que les États-Unis et la Russie n’auront pas trouvé une entente et réduit leurs divergences sur les grands problèmes du moment», commente Moma Trajkovic, un leader serbe modéré de la province.
Sphère d’influence de Moscou
Quant à l’Union européenne, elle est bien trop dépendante du gaz russe pour pouvoir ignorer l’opposition moscovite à l’indépendance du Kosovo.
La querelle sur la province balkanique permet aussi à Moscou de préserver ses intérêts dans l’ancien espace soviétique. La Russie a en effet affirmé qu’elle considérerait l’indépendance du Kosovo comme un précédent qu’elle pourrait reproduire dans sa sphère d’influence, notamment en Abkhazie et en Transnistrie, deux républiques indépendantistes très proches de Moscou. «Le Kosovo, redoute l’analyste kosovar Lulzim Peci, risque de devenir le centre d’un nouveau clash des idéologies entre l’Occident et la Russie. Il faut nous préparer à une nouvelle guerre froide.»
Huit ans après l’intervention de l’Otan contre les forces serbes au Kosovo, l’ancienne province de Serbie, administrée depuis 1999 par la communauté internationale, s’apprête à déclarer dans les mois qui viennent son indépendance de manière unilatérale. Les ultimes pourparlers serbo-kosovars se sont achevés hier à Baden, en Autriche, sur une impasse totale, ni les autorités de Belgrade, ni les responsables albanophones n’acceptant de faire le moindre geste.
Les États-Unis et la plupart des pays de l’Union européenne (22 sur 27) se sont déjà prononcés pour l’indépendance, mais ils imposeront sans doute au nouveau premier ministre du Kosovo la date à laquelle l’événement devra avoir lieu. «Ici, malheureusement, ce ne sont pas les Albanais qui décident, mais la communauté internationale. Le destin du Kosovo nous échappe», regrette Albin Kurti, jeune contestataire kosovar.
Car l’indépendance, pour laquelle tous les partis politiques kosovars luttent depuis des années, est au cœur d’une bataille politique entre les grandes puissances. États-Unis, Russie et Union européenne règlent leurs différends au Kosovo, objet de marchandages internationaux qui dépassent, et de loin, les problématiques balkaniques.
La Russie de Vladimir Poutine a choisi le Kosovo et la Serbie pour montrer ses nouveaux muscles sur la scène politique internationale. Elle a apporté son plein soutien à Belgrade, qui dit redouter qu’une sécession du Kosovo ne conduise à un «effet domino» dans une région encore fragilisée par les guerres d’indépendance des années 1990. Moscou a menacé d’opposer son veto à une éventuelle résolution du Conseil de sécurité de l’ONU sur l’indépendance de la province. Puis elle a poussé les autorités serbes de Belgrade à bloquer leur rapprochement avec l’Otan. Hier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a jugé la situation «très alarmante». «Nous ne pouvons accepter les incantations selon lesquelles il s’agirait d’une situation exceptionnelle et que l’indépendance serait inévitable», a ajouté Lavrov.
L’attitude russe est un peu la réponse du berger à la bergère. «L’utilisation de la Serbie pour tenter de bloquer l’extension de l’Otan à l’est de l’Europe est une réplique directe au projet de bouclier antimissile que les Américains ont l’intention d’installer dans la région, notamment en Pologne», explique Misa Brkic, directeur du magazine Economist à Belgrade.
Les États-Unis ont pour l’instant réagi avec modération. À Pristina, les Kosovars redoutent que le soutien américain à l’indépendance du Kosovo finisse par pâtir, si les choses venaient à traîner, d’éventuelles concessions que Moscou et Washington pourraient s’accorder sur les dossiers internationaux. «Il n’y aura pas de solution au Kosovo tant que les États-Unis et la Russie n’auront pas trouvé une entente et réduit leurs divergences sur les grands problèmes du moment», commente Moma Trajkovic, un leader serbe modéré de la province.
Sphère d’influence de Moscou
Quant à l’Union européenne, elle est bien trop dépendante du gaz russe pour pouvoir ignorer l’opposition moscovite à l’indépendance du Kosovo.
La querelle sur la province balkanique permet aussi à Moscou de préserver ses intérêts dans l’ancien espace soviétique. La Russie a en effet affirmé qu’elle considérerait l’indépendance du Kosovo comme un précédent qu’elle pourrait reproduire dans sa sphère d’influence, notamment en Abkhazie et en Transnistrie, deux républiques indépendantistes très proches de Moscou. «Le Kosovo, redoute l’analyste kosovar Lulzim Peci, risque de devenir le centre d’un nouveau clash des idéologies entre l’Occident et la Russie. Il faut nous préparer à une nouvelle guerre froide.»
Isabelle Lasserre
29/11/2007 Mise à jour : 08:13
Le Figaro
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