lundi 12 novembre 2007

LA TENSION SOCIALE AUGMENTE EN FRANCE


La France a été épargnée par les intempéries qui se sont abattues ces derniers jours sur l’Europe. Mais les vagues de contestation sociale y déferlent avec une force nouvelle.
On a encore présente à l’esprit la grève massive des cheminots et les travailleurs des transports publics, qui a paralysé le pays le 18 octobre. Des dizaines de milliers de Français ont été fortement éprouvés par l’échec de leurs voyages d’affaires ou de tourisme à la suite de la grève du personnel volant et des stewards et hôtesses de l’air d’Air France, qui a cloué au sol les avions pendant plusieurs jours. En outre, les habitants de plusieurs villes de France continuent à mettre de l’ordre dans les locaux des universités, occupés et bloqués la semaine dernière par les étudiants, protestant contre la réforme de l’enseignement.
Une grève nouvelle des personnels de la SNCF est fixée au 13 novembre. Les travailleurs de Gaz de France et d’Electricité de France se proposent de cesser le travail le 14 novembre et d’organiser des manifestations de protestation. La grogne grandit également parmi les fonctionnaires, qui se proposent de se mettre en grève le 2O novembre…
Les raisons du mécontentement de différentes catégories de travailleurs français ne sont pas les mêmes, écrit notre observateur. Ainsi, les cheminots s’élèvent contre la réforme des retraites, prévue par le nouveau gouvernement français qui, selon les syndicats, détériore les conditions de 5OO mille travailleurs de ce secteur et risque de réduire de moitié le niveau de vie de plus d’un million de retraités. Les personnels d’Air France luttent pour la majoration des salaires et l’amélioration de leurs conditions de travail. Les fonctionnaires souhaitent conserver leurs emplois, le budget de 2OO8 envisageant le licenciement de près de 23 mille personnes. Les étudiants et la grande partie des enseignants , qui les soutiennent, estiment que la réforme des universités risque d’en fermer les portes aux représentants des familles modestes.
Force est de constater, poursuit Valentin Dvinine, que malgré la différences des raisons concrètes, toutes les prises de positions sociales, celles qui ont déjà eu lieu et celles qui sont envisagées, sont dirigées contre la politique sociale du gouvernement, issu des législatives et des présidentielles du printemps dernier. L’ampleur croissante de ces manifestations montre que de nombreux électeurs, ayant voté hier pour la rénovation de la majorité gouvernementale, en sont déjà déçus, tout au moins par les réformes que le nouveau gouvernement français a décidé de faire aboutir dans le secteur social, le plus sensible. Cette déception est très forte. De l’avis unanime des analystes, la grève des cheminots du 18 octobre a même été plus imposante que celle des travailleurs des transports en 1995. Quant à la grève du personnel volant et des stewards et hôtesses de l’air d’Air France, l’AFP l’a qualifiée « d’une des plus importantes de ces IO années ».
Il serait logique de s’interroger dans cet ordre d’idées sur les chances des parties dans ce conflit social. D’après la réaction de l’Elysée et de Matignon, les autorités n’ont pas l’intention d’abandonner la partie.
La logique de cette position est claire. La réforme des retraites ne concerne que les travailleurs du secteur public, alors que la plupart des travailleurs sont occupés dans le secteur privé. De ce fait, la réforme ne provoquera pas de protestation générale. A mon avis, poursuit notre observateur, cette logique est erronée. Ceux qui travaillent dans le secteur privé ont également suffisamment de raisons de mécontentement. Il suffit de se souvenir des récentes manifestations des pêcheurs, provoquées par la flambée des prix des carburants, car la majoration des prix frappe tous les travailleurs, quel que soit leur secteur d’économie.
Il en est de même en ce qui concerne la menace du chômage. Les prochains licenciements dans les compagnies privées « Michelin » et « Alcatel » sont les derniers exemples, mais pas les seuls. Le mécontentement, provoqué par la hausse des prix et la menace de perte d’emplois, englobe des couches et des catégories toujours nouvelles de travailleurs, affaiblissant les positions de la majorité gouvernementale et renforçant les rangs de l’opposition.
Il ne convient pas d’oublier non plus que si le pouvoir central appartient à la majorité du centre droit, la plupart des conseils généraux de France est aux mains de l’opposition de gauche, tout d’abord des socialistes. Or, les facteurs tels que la hausse des prix, l’emploi et les perspectives de l’enseignement joueront un rôle non négligeable aux élections municipales qui approchent.
L’issue de l’opposition dans la sphère sociale reste incertaine. Ce n’est sans doute pas par hasard que le président s’est empressé de rencontrer les pêcheurs, protestant contre la majoration des prix du gazole : il a tenté de les rassurer en promettant de faire baisser les impôts.
Cette démarche, écrit pour conclure Valentin Dvinine, est appelé à démontrer que les autorités se soucient du bien-être des travailleurs, ce qu’on ne pourrait que saluer. Mais serait-ce un bon stimulant pour ceux qui préparent des batailles sociales nouvelles ? Nous le verrons sous peu.

Valentin Dvinine
La Voix de la Russie
12.11.2007

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