mercredi 28 novembre 2007

L'Allemagne et la Russie sont au coeur de la nouvelle diplomatie de Varsovie

C'est un premier geste pour tenter de dégeler les relations difficiles entre Varsovie et Moscou : mardi 27 novembre, le nouveau premier ministre polonais, le libéral Donald Tusk, a levé l'opposition polonaise à des négociations d'adhésion de la Russie à l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

"J'ai informé la partie russe de l'abandon par la Pologne de son blocage sur les négociations", a annoncé le premier ministre. M. Tusk a laissé entendre qu'il pourrait se rendre rapidement à Moscou. Son prédécesseur, le conservateur Jaroslaw Kaczynski, avait gelé les relations avec la Russie en raison de l'embargo russe sur la viande polonaise depuis novembre 2005.

Pour l'heure, l'agenda de M. Tusk ne prévoit que trois visites à l'étranger. Après une première visite à Vilnius, la capitale de la Lituanie, le 30 novembre, M. Tusk s'envolera le 4 décembre pour Bruxelles, puis le 7 décembre pour le Vatican, où il sera reçu par le pape Benoît XVI. Trois destinations et une grande absente, Berlin.

Selon certains commentateurs, le nouveau cabinet libéral, bien que favorable à un réchauffement des relations polono-allemandes, avance avec prudence, préférant notamment ne pas s'attirer les foudres du président conservateur Lech Kaczynski et de son frère jumeau, qui pourraient être tentés d'étiqueter Donald Tusk comme "pro-allemand".

En revanche, la nomination, le 21 novembre, de Wladyslaw Bartoszewski au poste de secrétaire d'Etat auprès du premier ministre, chargé des relations germano-polonaises, a été perçue très favorablement en Allemagne. Ancien prisonnier d'Auschwitz et artisan de la réconciliation polono-allemande, l'infatigable M. Bartoszewski, 85 ans, qui parle couramment allemand, est une figure hautement respectée de part et d'autre de l'Oder. Les Allemands se souviennent de son discours prononcé le 28 avril 1995, devant le Bundestag à Bonn pour le 50e anniversaire de la fin de la seconde guerre mondiale. M. Bartoszewski, alors ministre des affaires étrangères polonais, avait regretté les souffrances des Allemands expulsés en 1945.

Le monde anglophone sera le pré carré du ministre des affaires étrangères, l'impétueux Radoslaw Sikorski, 44 ans, marié à la journaliste américaine Anne Applebaum, et titulaire jusqu'au printemps 2006 de la double nationalité britannique et polonaise.

PAS DE SIGNAL CLAIR

Qu'en sera-t-il du monde francophone ? Alors que Nicolas Sarkozy a multiplié les efforts pour s'attirer la confiance des frères Kaczynski, en se rendant notamment le 14 juin à Varsovie, la France n'a pas encore reçu de signal clair que la nouvelle équipe attachera la même attention aux relations franco-polonaises. Le 23 novembre, dans son discours de politique générale, M. Tusk s'est bien engagé à "intensifier" la coopération avec Paris, mais en pratique, le nouveau cabinet n'a toujours pas nommé d'interlocuteur privilégié pour les relations Paris-Varsovie.

Quant au sommet franco-polonais qui s'est tenu pour la première fois en février 2005 à Arras, en présence de Jacques Chirac et de son homologue d'alors, Aleksander Kwasniewski, il ne devrait pas être renouvelé avant 2008.

En juin, M. Sarkozy avait accepté l'invitation lancée par le chef de l'Etat polonais à venir prochainement à Gdansk. Depuis, avec la tenue des élections législatives anticipées et la chute du gouvernement conservateur, le rendez-vous a été repoussé.

Célia Chauffour
LE MONDE | 28.11.07 | 15h04 • Mis à jour le 28.11.07 | 15h04
VARSOVIE CORRESPONDANTE

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