mercredi 21 novembre 2007

Le culte de Vladimir Poutine atteint son apogée


Des opposants ont manifesté contre le culte de la personnalité de Poutine, samedi à Moscou, appelant à enlever ses portraits des murs. Crédits photo : AFP

À deux semaines des législatives, de grandes manœuvres se profilent pour assurer le maintien du chef de l’État au pouvoir.

Jamais depuis l’époque du soviétisme triomphant, tant d’éloges vibrants et de paroles courtisanes n’avaient été prononcés à la gloire du «tsar». Jamais, ni sous Gorbatchev ni sous Eltsine, les Russes ne s’étaient laissé aller à un tel culte de la personnalité.

Relayant le discours du Kremlin, les médias télévisés russes et les experts en communication du pouvoir présentent les législatives du 2 décembre comme le premier tour d’une vaste consultation populaire destinée à approuver «le plan de Poutine», allusion directe au «plan de Lénine» qui berçait la vie politique sous les communistes. Les sujets électoraux classiques – partis, programmes, candidats – ont été réduits à néant par cette vague pro-Poutine. Jeudi dernier à Tver, à 150 kilomètres de Moscou, 700 délégués étaient réunis pour le congrès fondateur d’un Mouvement pour Poutine. Ils y ont appelé à donner au président un statut de «leader national» au-dessus de la mêlée, qui continuerait de dominer la scène après la fin de son deuxième mandat, au nom de l’amour que lui porte le peuple.

Depuis des semaines, des meetings de soutien au président se sont multipliés. «Nous ne nous réunissons pas pour appeler à un troisième mandat, a déclaré l’avocat Pavel Astakhov, l’un des organisateurs du mouvement, après s’être confondu en louanges pour l’œuvre de Poutine. Nous respectons la parole du président. Comme il ne veut pas changer la Constitution, nous devons trouver une autre configuration du pouvoir.» Selon la Constitution, le président, au pouvoir depuis l’an 2000, n’a pas le droit de briguer un troisième mandat, mais son entourage travaille d’arrache-pied à un scénario qui lui permettrait de rester.

Féroce bataille de clans pour la succession

Le président du Conseil de la fédération (Chambre haute), Sergueï Mironov, a une nouvelle fois appelé hier le président à se représenter. «Je pense que Vladimir Poutine doit rester président de la Russie après mars 2008. Le pays et notre peuple en ont besoin.» Il a laissé entendre que la loi fondamentale n’était pas un document intouchable. «Elle ne nous est pas envoyée par le ciel», a-t-il dit.

De telles déclarations en disent long sur «l’obsession du chef» qui a saisi les cercles du pouvoir à l’approche de la présidentielle de mars. Selon la presse indépendante, ces élites se sont convaincues que seul Poutine était à même d’assurer le rôle d’arbitre entre les clans qui se battent avec férocité pour sa succession. Vendredi, le vice-ministre des finances, Sergueï Stortchak, a été arrêté pour malversation, épisode présenté par la presse comme une attaque en règle du clan des services de sécurité contre ce qui reste de «libéraux» au pouvoir.

Dans une lettre ouverte publiée sur le site du parti présidentiel, Russie unie, que Poutine a accepté de mener aux législatives comme tête de liste, le conseiller politique Abdul Hakim Soultigov évoquait récemment une «assemblée civique» sur le modèle de celle qui avait mis fin au temps des troubles au XVIIe siècle, dont Poutine aurait pu prendre la tête.

Cette idée d’une figure nationale à la Deng Xiaoping ne «correspond pas à la culture politique russe et ne pourrait durer que quelques mois», confiait pourtant hier l’opposant Andreï Sidelnikov. Ce dernier n’ex-clut pas une présidentielle mettant en orbite le premier ministre Viktor Zoubkov, puis son départ anticipé et le retour rapide de Vladimir Poutine sur son cheval blanc. «À la demande du peuple bien sûr.»

Le Figaro

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