MOSCOU, 21 novembre - RIA Novosti. Le samedi 24 novembre, l'Ukraine commémorera le 75e anniversaire de la grande famine de 1932-1933, baptisée holodomor, rappelle mercredi le quotidien Nezavissimaïa gazeta.
L'envergure des manifestations de deuil programmées n'ont pas seulement touché les Ukrainiens, puisque le monde entier en a été informé. En revanche, on ne sait rien sur le programme des cérémonies commémoratives prévues en Russie, où l'on avait aussi souffert de cette famine. Agences de presse ou sites Internet, personne ne donne aucune information là-dessus.
Ce n'est sans doute pas dans la différence d'ampleur qu'elle avait eue dans les deux pays (entre 3,5 et 4 millions de personnes étaient mortes de faim en Ukraine et des centaines de milliers en Russie) qu'il faut chercher la raison de cette différence d'attitude envers l'anniversaire de la tragédie en Russie et en Ukraine. Kiev estime que du point de vue de son envergure et de ses conséquences pour l'Ukraine, l'holodomor dépasse l'impact de la Seconde Guerre mondiale. Mais même s'il ne s'agit pas de millions de victimes, cela ne signifie pas que la Russie est incapable, sur le plan national, de rendre hommage à la mémoire de centaines de milliers de victimes. Or, tout porte à croire aujourd'hui que Moscou souhaite se départir au maximum de la tragédie de 1932-1933, et ce, pour des raisons purement politiques.
Les autorités russes craignent de perdre la guerre de l'information face à l'Ukraine, qui insiste pour que d'autres pays reconnaissent l'holodomor en tant que génocide du peuple ukrainien. Et en dépit du fait que le régime coupable de ce crime n'existe plus, Moscou redoute, en cas de reconnaissance, d'avoir à assumer une responsabilité morale voire même matérielle pour la mort de millions de personnes il y a 75 ans. C'est pourquoi la Russie déploie un maximum d'efforts afin de saper les plans de Kiev visant à attribuer à l'holodomor, sur le plan international, la même valeur que celle de l'holocauste vécu par les Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Les autorités russes tentent également d'effacer le souvenir de cet événement, politiquement dangereux à l'heure actuelle.
Il n'existe pas de documents démontrant que cette famine artificiellement créée avait un objectif ethnique prémédité. Moscou devait à l'époque rembourser ses dettes liées à des crédits allemands obtenus dans le cadre de l'industrialisation et, par conséquent, le pouvoir réquisitionnait l'ensemble des stocks alimentaires des paysans (dans les régions céréalières). La géographie de l'holodomor montre que celui-ci a frappé essentiellement les périphéries nationales de l'URSS. Outre l'Ukraine, la famine a touché le territoire du Kouban, la région de Stavropol (Sud), le Don et la Volga (toutes ces régions faisant à l'époque partie de la Russie). L'année précédente, elle avait concerné le Kazakhstan, également partie intégrante de la RSFSR (République socialiste fédérative soviétique de Russie) à l'époque, où un habitant sur trois était mort. Dans la région de la Volga, la famine la plus dévastatrice a été enregistrée dans la région autonome allemande, supprimée en 1941.
Cet article est tiré de la presse et n'a rien à voir avec la rédaction de RIA Novosti ni avec celle du blog IEDG.
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