jeudi 22 novembre 2007

Vladimir Poutine rassemble ses admirateurs à Moscou


Une mer de drapeaux, des filles en mini-shorts chantant "j'en veux un comme Poutine", des vedettes du sport et de la télévision et 5 000 militants étaient rassemblés, mercredi 21 novembre, au stade Loujniki de Moscou pour supplier le président russe de continuer à diriger le pays après la fin de son second mandat en 2008.
Le rassemblement avait été convoqué par Russie unie (le parti du pouvoir) et par le mouvement "Za Poutina" (Pour Poutine) qui vient tout juste d'être créé. "Russie ! Russie ! Russie ! Nous croyons en nous-mêmes, nous croyons en la Russie !", scandaient les militants en agitant des drapeaux russes. Vladimir Poutine, empêché par la Constitution de se présenter pour un troisième mandat présidentiel lors de l'élection de mars 2008, dirige la liste du parti Russie unie (dont il n'est pas membre) pour les législatives du 2 décembre.

Le chef de l'Etat russe, costume sombre et col roulé noir, est resté mystérieux sur ses intentions, annonçant "un remaniement complet" après les élections. Qualifiant ses opposants de "chacals", il a agité le spectre de l'ingérence étrangère : "Malheureusement, il y a toujours dans notre pays des personnes qui s'infiltrent par le biais des ambassades étrangères, qui comptent sur le soutien de fonds et de gouvernements étrangers, mais pas sur leurs propres concitoyens." Ces opposants "veulent que la Russie soit faible et impuissante (...) pour pouvoir jouer de mauvais tours dans notre dos".

Avant lui, artistes, sportifs, vedettes du petit écran étaient venus dire leur admiration pour le président. "Tous les succès cinématographiques sont liés à Vladimir Poutine", a assuré le réalisateur Fiodor Bondartchouk, fils d'un cinéaste soviétique connu. "Quand il doit prendre une décision, il ne va pas à Washington, il vient à nous", a renchéri le présentateur de la télévision, Vladimir Soloviov. L'ancienne institutrice du chef de l'Etat, Vera Gourevitch, est intervenue, filmée en vidéo depuis Saint-Pétersbourg : "Avant tout, il est honnête, s'il l'a dit, il ne sera pas président !".

Son intervention a quelque peu désorienté l'assistance galvanisée par l'idée que Vladimir Poutine restera à la tête du pays. Ainsi le mouvement "Za Poutina", sorti du néant il y a une semaine, assure avoir rassemblé 30 millions de signatures pour que M. Poutine reste au pouvoir en tant que "père de la nation". Le projet d'un super-statut pour le président sortant fait son chemin.

Récemment, un des idéologues de Russie unie, Aboul Khalim Soultygov, a proposé la convocation, après les élections, d'une assemblée des représentants de la société civile qui prêteraient serment au nouveau guide, comme leurs ancêtres l'avaient fait en 1613 autour du premier tsar de la dynastie Romanov.

M. Poutine se dit hostile à toute modification de la Constitution mais l'idée que "la Constitution n'est pas un texte sacré", comme l'a affirmé récemment le président du Sénat, Sergueï Mironov, est de plus en plus évoquée. Que va faire le chef de l'Etat ? Va-t-il aller au troisième mandat, se muer en guide suprême ou prendre la tête de Russie unie ? Selon l'opposant Grigori Iavlinski, chef du parti libéral Iabloko, "lui-même ne sait pas encore ce qu'il va faire".

Dans une de ses récentes tournées électorale à Krasnoïarsk (Sibérie), Vladimir Poutine a levé un coin du voile. A un ouvrier du bâtiment qui lui confiait son désarroi de le voir partir, il a laissé entendre qu'il resterait. "Sous quelle forme ? Je ne veux pas répondre directement mais il y a plusieurs possibilités", l'a-t-il rassuré. Si la liste de Russie unie obtient un bon score aux législatives, le président estime qu'il aura "le droit moral" de garder une influence forte sur le pays.

Des voix dissidentes se font entendre. Pour Alexandre Skobov, un historien de Saint-Pétersbourg, la Russie est en train de basculer vers un régime totalitaire : "Le modèle où le président prête serment au peuple est en train d'être écarté. Nous revenons au modèle où c'est le peuple qui prête serment à son dirigeant."

Marie Jégo
Le Monde
Article paru dans l'édition du 23.11.07.


Sondages

Seuls deux partis passeraient la barre des 7 % des voix nécessaires pour entrer à la Douma d'Etat, selon deux sondages du Centre Levada et du Centre d'étude de l'opinion publique.

Russie unie, du président Vladimir Poutine, est créditée de 64 % à 67 % des intentions de vote.

Le Parti communiste, de Guennadi Ziouganov, de 7,3 % à 14 % des voix.

Russie juste, du président du Sénat Sergueï Mironov, et le

LDPR, de Vladimir Jirinovski, n'atteindraient pas 7 %.


Garry Kasparov déçu par l'attitude de Nicolas Sarkozy
Garry Kasparov déçu par l'attitude de Nicolas Sarkozy

L'ancien champion d'échecs Garry Kasparov, devenu l'un des leaders de l'opposition russe, "attendait plus" de Nicolas Sarkozy, "mais en voyant sa rencontre courtoise (en octobre à Moscou) avec le président Poutine, j'ai vu qu'il suivait les pas de Berlusconi, Chirac ou Schröder", a-t-il déclaré, mercredi 21 novembre, à Paris. Il a également appelé les dirigeants occidentaux à "cesser de soutenir" le régime "dictatorial" de Vladimir Poutine, sous peine d'en devenir les complices. "Ce que nous attendons (...), c'est qu'ils critiquent publiquement le régime pour ses violations de la démocratie et des droits de l'homme", a-t-il ajouté.


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